Devenir parent 3

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Wulong. Le jeune homme se pressa vers la porte et l'ouvrit à la volée. Un couloir pointait à l'extérieur, il ignora la vive lumière et sortit.

Premièrement, il vit Liang jouer avec... Hiwang ? Que faisait-il là ?! Perplexe, il scruta les deux, bouche bée, immobile. Le Seigneur remarqua sa présence et lui sourit grandement, sans cesser de distraire l'enfant, sain et sauf. Comment avait-il atterri à Hù lǐ ?

Soudainement, deux mains l'obligèrent à se laisser choir au sol, sur une terrasse en bois. Un ange lui offrit un sourire éblouissant, bien que teinté d'angoisse. Sa chevelure perle était défaite et glissait sur ses frêles épaules, ses yeux brillaient de soulagement et lui exprimaient toute sa gratitude.

— Tu n'aurais pas dû te lever, réprimanda Wulong. Ta jambe est normalement guérie, mais une douleur te tiraillera les jours à venir. Je ne peux rien y faire, mais...

Yichen l'embrassa. Il ne se retint plus et le saisit par les hanches. Quelque peu étourdi, il bascula l'alchimiste sur le dos et enjamba son bassin, dévorant avec avidité sa bouche. Il ressentit sa joie dans les baisers, ils souriaient sans plus de crainte. Le jeune de Jiǎo huá s'enflammait. En réalité, il ne comprenait rien à la situation, mais il présumait qu'un individu l'avait conduit jusqu'à son homme. Il se fichait bien de savoir qui, tant qu'il l'avait retrouvé et que l'enfant se portait bien. S'il savait que ce garçon l'avait secouru... D'ailleurs, celui-ci se tourna et aperçut son protecteur dans cette posture. Hiwang lui cacha promptement les yeux.

— Eh ! beugla-t-il, outré pour le garçon. Réprimez vos ardeurs ! Par tous les dieux, ces deux-là me découragent !

Se rappelant de Liang, l'alchimiste repoussa son cadet qui roula sur le côté, grognant contre le Seigneur et lui adressant des œillades épouvantablement noires. Wulong entra à l'intérieur, mine de rien, et l'enfant gloussa en tapant dans ses petites mains, content que son protecteur fréquente une personne qu'il appréciait. Il ne savait pas toutes les subtilités de l'amour, mais pouvait assurer que l'aîné aimait le guerrier de Jiǎo huá, sans nul doute. Il se redressa et plongea sur Yichen qui le jaugeait d'un regard sévère.

— Second bàba ! s'exclama-t-il, et il désigna Wulong qui revenait les bras chargés de boisson. Premier bàba !

Les deux oublièrent de respirer, tandis que l'enfant riait de sa trouvaille. L'alchimiste l'éduquait et détenait un instinct maternel hors norme, il serait comme un père et une mère à partir d'aujourd'hui. Puisque le jeune de Jiǎo huá l'avait sauvé et qu'il avait sacrifié une jambe pour le protéger, il serait aussi son papa. Hiwang s'esclaffa, applaudissant le garçon et le félicitant gaiement. Wulong manqua de lâcher son plateau, il le posa vite sur la table de son petit jardin. Le regard de Yichen le perçait à vif. Soudain, le guerrier fit volte-face vers le Seigneur et s'empressa :

— Tu ne verras plus jamais Jolie de toute ta vie, si tu t'occupes du petit ce soir !

— D'accord !

Sans que l'aîné n'ait pu contester ce marché, le Seigneur soulevait déjà Liang qui remuait sa main en direction de l'alchimiste, ravi de partir avec son Hiwang-Shū shu. Yichen désirait passer un temps seul avec son homme. Parce qu'il avait beaucoup dormi et qu'il l'avait parfaitement soigné, une énergie nouvelle affluait dans son être. Il voulait profiter de Wulong, d'une nuit tranquille avec lui.

Ils se prélassèrent au soleil et rentrèrent à la nuit tombée, sans vraiment discuter. Le guerrier apprit ce que Liang avait risqué pour les sortir du danger et il gratifierait sincèrement le courage du garçon, demain. À l'intérieur, ils se regardèrent, un brin penauds, ne sachant quoi faire.

— Est-ce que, s'enquit prudemment l'alchimiste, tu veux rester ici ? Jiǎo huá est assez loin et les malfrats parcourent toutes les routes. Je n'aime pas l'idée que tu chevauches de nuit.

La fosse des LamentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant