- posez mon bébé, immédiatement! Articula t elle.

- Tomine!! cria Leila.

- je vais tirer, continua t elle, pose ma fille Leila, ou je t'explose la cervelle.

- pose la Leila, souffla Manuel, là sur le canapé. Voilà Tomine calme toi.

- je ne me calmerai pas... vous ne me prendrez pas ma fille.

- tu es si faible...

- reculez!!

- OK.

- allez tous les deux là bas, près du menteur que j'ai épousé... vite!

Sans les lâcher du canon de son revolver, elle attrapa son portable avec la grosse antenne.

- Ben? Benjamin, au secours... je ne sais pas où tu es... je t'en prie viens me chercher, supplia t elle sur le répondeur de son grand frère, ils veulent me prendre Anahéra, je... je veux partir... d'ailleurs, je pars...

Elle dut poser le téléphone, car Manuel tentait une approche.

- on ne touche plus à Anahéra, tu as ma parole... sois raisonnable... et toi? Agustin!! parles!!

- elle a raison de partir, moi je la détruis et vous vous avez essayé de prendre la petite, comment veux tu qu'elle reste...

- tu es un salopard de menteur de merde!! hurlait sa femme avec le peu d'air qui lui restait, tu devais nous protéger!!! et tu laisses ton père voler notre bébé!!! salopard de lâche de menteur!!

Agustin se cacha le visage dans les mains, elle avait raison, raison sur toute la ligne...

Le téléphone de Manuel sonna. Jamais, il ne s'était fait agresser verbalement ainsi, menacer de mort même, Benjamin venait d'écouter le message de sa petite sœur et la réponse était claire, si quelqu'un touchait à Anahéra, il le payera de sa vie! Un hélico partait de la base américaine chilienne et serait là dans un gros quart d'heure, avec des hommes armés à son bord prêts à en découdre si quelqu'un s'opposait à l'exfiltration de Tomine et sa fille.

Elle prépara rapidement les affaires de la petite, les bourra dans un grand sac et un bruit de rotor résonna dans le silence pesant du chalet.

- Tomine, tu...

- 'je' rien du tout. Votre bonniche et vous, vous n'aurez plus l'occasion de me faire du mal...

- je n'ai jamais voulu te faire du mal...

- ben voyons, vous volez les enfants pour faire plaisir?

- je tiens à elle, à toi également, je cherchais à vous permettre de... retrouver la paix...

- ne m'approchez pas...

- je ne bouge pas... tu vas beaucoup me manquer...

- j'en doute pas... mais le connard là bas derrière vous en trouvera vite une autre, de pute... moins coincée...

- une pute??

- oui Manuel une pute.

Agustin, toujours à terre, avait réagi comme si elle l'avait giflé.

- nous venons chercher Mme Galiano.

-c'est moi. Mais je vous demande de m'appeler Mlle Malket, s'il vous plaît.

- reçu. Voici notre infirmière. Nous devons emmener votre bébé aussi.

- oui.

- et bien allons y! Mlle Malket, couvrez vous il fait froid.

La dernière vision qu'Agustin eut de sa femme ce fut celle là, un homme armé jusqu'aux dents la plaquait contre lui alors qu'elle serrait dans ses bras leur bébé qui hurlait de peur. L'infirmière resta dans la pièce encadrée par deux autres soldats sur la défensive.

- j'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à Mlle Malket.

Agustin, le regard halluciné et incapable de se relever, décrivit leur dispute, ses symptômes dépressifs depuis des semaines et termina par la description pleine d'horreur de la crise qui l'avait terrassée, puis son réveil et la tentative de son père pour prendre l'enfant. Sa voix se brisa en avouant son impuissance à même juste se lever pour intervenir.

- il est plus que temps que cette jeune femme s'en aille... elle aurait pu mourir vous savez, et vous 'Don je sais pas qui', il y a des lois vous savez, qui interdisent le rapt d'enfant, vous êtes propriétaire d'une grande maison dans la pampa, ça ne fait pas de vous un seigneur au dessus des lois, si Mlle Malket décide de porter plainte, vous aurez affaire à Interpol.

- le lieutenant colonel Malket viendra sans doute régler ça avec vous. Annonça un des soldats en ricanant. Vous ferez sans doute moins le malin que devant une frêle jeune femme.

- je ne suis pas homme à ne pas assumer mes actes, souffla Manuel.

Et le chalet se vida dans un bruit de turbine à fond.

Agustin ne prononça pas une parole, il se leva en chancelant, prit une veste et partit à l'écurie. Regina l'emporta à cru au grand galop dans la nuit, et ce fut la dernière fois que son père le vit.

Benjamin ne mit finalement jamais les pieds à l'estancia.

Le projet d'école démarra le mois suivant sans Tomine. Émilie arriva avec Max et put donner quelques nouvelles. Oui Tomine était en France, elle n'avait pas refait de crises à sa connaissance mais ne voyait plus ses parents qui n'avaient pas compris sa fuite et sa volonté de couper sèchement sa fille de ses racines argentines. Tomine ne voyaient donc plus que ses frères et sœurs mais assez rarement et la petite allait bien selon eux.

Elle demanda des nouvelles d'Agustin, et n'en reçut aucune... personne ne savait s'il était toujours en vie, on avait su qu'il avait vendu sa jument peu après son départ et sa piste s'arrêtait là.

Manuel continuait de faire tourner l'hacienda la mort dans l'âme, ses gauchos le regardaient mal, ils avaient su sa tentative avec Leila d'envoyer Anahéra en nourrice... et trouvaient cet acte odieux...

Leila, elle, ne se remettait pas de cette scène... elle s'entendait chaque nuit dans ses cauchemars mal parler à une Tomine qui suppliait de garder son enfant et ne se le pardonnait pas... si elle avait tendu l'enfant à cette pauvre femme, l'issue aurait pu être différente... Elle avait quitté l'estancia et vivait, à présent, dans un petit appartement à Buenos aires, gagnant sa vie en faisant des ménages.


AGUSTIN... M.A.P.L.V. tome 11حيث تعيش القصص. اكتشف الآن