- tu viens de ne pas oser me dire que l'heure du bib approchait???

- ne cries pas, s'il te plaît, ne te fâche pas... supplia t elle consciente qu'elle ne pourrait pas supporter deux crises l'une après l'autre.

- OK, je ne crie pas, je ne me fâche pas... toi, tu trembles tu dois être gelée... rentrons...

- d'accord, je vais me passer de l'eau sur le visage, ils ne verront rien, ne t'en fais pas...

Il s'interposa alors qu'elle s'approchait de l'abreuvoir.

- cette eau est gelée...

- pas le choix, sinon tout le monde va voir que j'ai pleuré...

- tu ne veux pas...

- bah oui, ils pensent tous que c'est à cause de toi et parlent mal sur toi, ce n'est pas mon rôle ici, de te faire des problèmes...

- ce n'est pas à cause de moi que tu as pleuré?

Elle resta un moment silencieuse, comment éviter de le vexer une fois de plus?

- non, c'est parce que je suis incapable de te satisfaire...

- oh lala... viens, viens il faut qu'on parle...

Il lui prit la main et la conduisit dans le baraquement des gauchos à l'étage. Il y avait un vieux poêle à bois qu'il alluma avant de se tourner vers sa femme qui n'avait pas bougé la mine inquiète.

- est ce que je peux te prendre dans mes bras... demanda t il la voix cassée d'émotion.

- oui.

Il le fit doucement.

- là, fit elle, il y a deux mois j'aurais eu le feu à la culotte et je me serais frottée contre toi comme une pute... j'ai du mal à me forcer à faire ça... mais ça ne veut pas dire que je n'apprécie pas... j'ai tellement besoin de tes câlins...

- n'utilise pas le mot pute pour parler de toi...je t'en prie...

- d'accord. Pardon.

- et ne fais plus ça...

- ça quoi?

- 'd'accord. Pardon, yeux baissés', ça non plus ce n'est pas toi.

- si je ne fais pas ça, je te contrarie... et on s'engueule... j'ai plus de force pour ça... j'ai besoin de toi... et quand je te casse les pieds, tu t'en vas... et j'ai mal... alors...

- ta mère avait raison, tu avais besoin de câlins et moi je n'étais pas là pour toi, même quand tu as failli te faire violer quand tu t'es fait agressée... et qu'ils ont fait du mal à Anahéra... pardonne moi... tu devais être tellement mal... j'ai été tellement méchant avec toi que tu n'oses même plus me regarder...

Elle leva doucement le visage vers le sien et planta son regard dans le sien.

- j'ai lu ton cahier, répéta t il, j'ai lu ta peine, le mal que je te fais... mais j'ai lu combien tu m'aimes...

- oui, sourit elle tristement, bien sur...

- et j'ai aussi lu que tu as perdu l'amour de ta vie... articula t il.

- ...

- tu te trompes...

Elle répondit rien mais détourna les yeux. Il prit son visage en coupe entre ses mains.

- là, tu te tais pour ne pas me contrarier...

- on devrait rentrer, non?

Il soupira mais ne la lâcha pas.

AGUSTIN... M.A.P.L.V. tome 11Where stories live. Discover now