🌺 2 : Impatience

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— Merde ! s'écria le docteur Diop en balayant d'un furieux geste de la main tous les dossiers qui se trouvaient sur son bureau.

La jeune femme se leva prestement et se mit à faire les cents pas dans toute la pièce. Elle était nerveuse. Beaucoup trop. Les choses n'allaient pas pour s'améliorer, et tout commençait à lui filer entre les doigts.

— Comment vais-je faire ? Comment ?

Treize années passées aux côtés de ces enfants, et voici que l'heure de se séparer d'eux venait à grands pas. Kadija avait donné aux Celluliers tout l'amour qu'une mère pouvait offrir. Elle aimait chacun des petits de l'aile comme s'il s'agissait de ses propres enfants.

La jeune femme était tourmentée par un mal qu'elle n'osait exprimer à voix haute. Mais avant que tout ne s'effondre comme un vulgaire château de cartes, il fallait impérativement qu'elle discutte avec Mar.

B-30. Elle avait une confiance aveugle en ce garçon de bientôt dix-sept ans. Kadija se rappelait encore du jour où il était arrivé, comme si c'était hier. Il lui avait posé de nombreuses questions. Peut-être était-ce parce que son matricule était rouge et tatoué à un endroit différent des autres. Il était assez turbulent et au cours des dernières années, il avait plusieurs fois failli découvrir le secret de la Cellule, et surtout de l'Épreuve.

Les supérieurs de Kadija lui avait ensuite demandé de se montrée particulièrement sévère avec B-30. Et c'était ce qu'elle avait essayé de faire.

Mais du jour au lendemain, Kadija s'était rendue compte qu'elle aimait Mar plus que les autres Celluliers. Elle l'aimait, comme si elle avait souffert lorsque ses entrailles se déchiraient pour le mettre au monde. Elle l'aimait, parce qu'il s'intéressait à sa personne, à ce qu'elle pouvait ressentir entourée de tous ces robots. Et surtout, il lui rappelait son enfant, le bébé qu'elle avait porté dans ses bras cinq minutes, avant de le perdre de vue à tout jamais.

La sénégalaise ressentait ce besoin pressant de parler à Mar, le problème, c'était qu'à cette heure, il se trouvait encore en plein test à la Faculté.

Kadija continua à faire les cents pas dans son bureau, jusqu'à ce que, impatiente, elle appuya sur un bouton ancré dans un mur. L'instant d'après, un léger vrombrissement retentit, puis tout d'un coup, le mur en face d'elle disparut pour laisser place à une vitre transparante qui encadrait un magnifique tableau grandeur nature représentant l'espace.

La galaxie.

Kadija se mit à admirer la beauté de l'univers. Ses yeux s'atterdèrent sur les immenses rochers qui, vue de la Terre, étaient colorées. Les étoiles. Elle pouvait voir le soleil briller de mille feux au loin, admirer les nébuleuses qui dansaient une chorégraphie lente chaque seconde autour d'elle.

La Cellule était en réalité une machine spectaculaire qui flottait dans l'espace. Gigantesque vaisseau de forme cubique, elle gravitait autour de la Terre, tel un satellite.

La jeune femme jeta un regard sur la planète bleue. Elle était là, entièrement ronde, avec ses reliefs et toutes ses caractéristiques. Le docteur ne comprenait pas pourquoi elle avait accepté de passer autant d'années dans un vaisseau spatial alors qu'elle avait auparavant une vraie vie sur Terre, une famille, des amis...

Les enfants avaient grandi dans la Cellule. Ils ignoraient qu'il s'agissait d'une machine. On les avait toujours fait croire qu'ils habitaient dans un camp militaire pour leur sécurité et leur bien-être. Avec les épais murs de métal blanc, il leur était impossible de jeter un coup d'œil à l'extérieur.

GÖRM : La Floraison 🌺Where stories live. Discover now