⚜️54. Derrière la fenêtre⚜️

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Bogdan les avait conduit à l'auberge Aux Cochons Qui Grognent, un très bon établissement d'après lui, mais qui était surtout sous la protection des Ombres Incarnates.

Aux Cochons Qui Grognent, c'est ici et vous n'allez pas être déçus, avait-il dit avant de déguerpir, un sourire malicieux aux lèvres. On se revoit demain matin.

L'intérieur était déjà plus spacieux et plus accueillant que l'auberge précédente. La salle du rez-de-chaussée pouvait contenir un peu plus d'une trentaine de personnes et Nira remarqua la cuisine sur le côté d'où une bonne odeur lui parvenait aux narines, titillant ses sens et lui rappelant qu'elle était affamée. On leur proposa de choisir entre le premier étage, où il y avait des chambres individuelles et le deuxième, où il y avait des chambres spacieuses pour les couples. A cette évocation, Nira ne sut si elle avait rougi de gêne ou de colère.

Probablement les deux à la fois...

– La chambre individuelle se compose d'un lit et d'une armoire, leur expliqua le propriétaire. Mais elle est très exiguë. Nous avons les chambres du deuxième qui sont spacieuses, où il y a un lit pour deux personnes,
de quoi se laver, des vêtements de rechange...

– Individuelle, intervint Nira, refusant catégoriquement de fermer l'œil dans la même chambre que la vipère albinos qui l'accompagnait.

Elle était habituée à peu de confort. Une chambre exiguë ne la dérangeait pas du tout. Vergaï lui lança un regard indéchiffrable et tapota sur le comptoir avec ses doigts :

– Le deuxième étage.

– Vous m'écoutez ou pas ? s'agaça Nira. Je vous ai dit qu'il était hors de question de...

– Nous prendrons deux chambres au deuxième, précisa le roi en sortant une bourse qu'il jeta à l'homme.

– Deux...chambres...oh...

Il lui lança un regard amusé.

– Je tiens au confort tout de même, ma chère. Mais rassurez-vous, il est hors de question pour moi de supporter vos ronflements.

– Je...je ne ronfle pas ! s'écria-t-elle. Espèce de menteur ! Je suis sûre que c'est vous qui ronflez comme un cochon !

– Allons, je suis une vipère albinos. Depuis quand suis-je devenu un cochon ?

– Vous êtes un cochon-vipère. Une terrible créature...

En cet instant, Nira se demanda si la faim ne la rendait pas folle. Ou Vergaï.

Ou les deux.

***

Sa chambre était juste à côté de celle de Vergaï et elle était spacieuse, comme promis. Nira put se détendre, se décrasser de sa journée à traîner dans les bas-fonds et se changer. Elle donna ses habits à une femme qui alla les laver, mit un pantalon et une tunique ample. La nuit tombait et la jeune femme fut rassurée de s'être débarrassée du problème Klazi.

Je n'aurai pas à épouser ce poulet brun...déjà une bonne chose de faite !

Elle se posa près de la fenêtre et regarda Lenterov. Néanmoins, elle n'eut pas le temps d'avoir des réflexions profondes et philosophiques car une personne frappa à la porte. Elle soupira et lâcha le paysage nocturne de la ville du regard pour ouvrir.

La porte laissa place à un Vergaï méconnaissable. En effet, Nira nota qu'il s'était débarrassé de ses habits royaux et revêtait une tunique dont il avait retroussé les manches, dévoilant ses avant-bras sur lesquels courraient quelques cicatrices. Ses cheveux étaient encore mouillés et retombaient sur son visage qui affichait un léger sourire.

The Frozen Throne : le royaume des démons blancsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant