⚜️51. Les confessions de Klazi 2/2⚜️

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Frijia ferma les yeux, le cœur tourmenté. Les souvenirs de cette journée fatale la harcelaient de toute part, lui faisant mal. Elle déglutit et murmura :

–     Tu aurais dû me croire. Me faire confiance.

Klazi esquissa un sourire triste et desserra son emprise sur la jeune femme. Il resta néanmoins face à elle, lui bloquant le passage.

–     Je t'ai vue, couchée dans son lit, les paupières fermées, si profondément endormie que rien ne semblait pouvoir troubler ton paisible sommeil. Mon frère m'a dit que tu t'étais donnée à lui et puis...tu passais quelques journées en sa compagnie. Esperanza me répétait sans cesse que tu te jouais de moi. Qui aurais-tu cru à ma place ?

–     Tu aurais dû m'écouter, répéta la diplomate, les yeux cachés par ses larmes. Avant de me tirer hors de ce lit à mon réveil, le corps seulement recouvert d'une mince couverture, de me faire ainsi marcher dans les couloirs de ton château et de me jeter en pâture à tes soldats. Leur capitaine voulait m'avoir pour lui tout seul et c'est uniquement grâce à cela que j'ai pu éviter une sentence pire que la mort. Je lui ai tranché la gorge, mon corps s'est couvert de son immonde sang...

Elle revit ces images qu'elle avait entassé dans un côté de son esprit pour ne plus avoir à y songer.

Le visage de ce capitaine, ce monstre aux traits humains de la garde royale qui s'apprêtait à lui faire du mal...encore...

Son corps nu dévoilé à ces yeux qu'elle regrettait de ne pas avoir arraché...

Le dégoût qui parcourait tout son corps, la bile qui lui montait à la gorge...

Puis ce couteau, ce miracle.

Il était dans la botte de son ravisseur. Frijia s'était débattue, puis, au moment où tout aurait pu basculer, ses doigts avaient atteint l'arme qu'elle avait tiré pour finalement l'enfoncer violemment dans le ventre du capitaine. Prise d'une rage sans précédent, d'une colère démoniaque, elle avait retiré l'arme pour immobiliser la tête de son adversaire avec un hurlement sauvage, et lui trancher la gorge. La tête s'était détachée, puis était tombée à ses pieds dans une pluie de sang qui avait éclaboussée son corps nu. A ce moment-là, ce n'était pas seulement le capitaine qu'elle voyait sous ses pieds. Elle voyait Klazi ainsi que l'homme qui l'avait déflorée, celui à qui on l'avait donnée. Et elle avait découvert ce monstre en elle, cette bête mortelle et ombrageuse qui lui avait sauvé la vie...

...puis elle avait vomi.

Les larmes de Frijia coulaient abondamment sur son visage, ses yeux s'étaient fixés sur un point invisible, ses souvenirs se rejouant dans son esprit, à la manière d'un spectacle dramatique, terrible, morbide. Quand Klazi parla, ce fut comme un lointain murmure, une voix perdue dans une tempête, une voix indistincte, lointaine...

–     Je ne t'ai pas cru, se désola-t-il. Parce que j'étais trop en colère, trop blessé à ce moment-là. Je m'en veux terriblement...Frijia...

Ses plaies s'étaient rouvertes. Frijia saignait désormais, son cœur douloureux frappant contre sa poitrine, blessé et larmoyant. Elle souffla afin de se calmer, de retrouver la carapace qui la protégeait de son passé et leva un regard dénué d'expression vers son amant d'antan.

–     Tu te penses maître de ton château, mais ton frère et ta sœur se sont joués de toi. Et de moi, par la même occasion. Esperanza avait tout fomenté...elle avait convaincu son petit frère de jouer à ce jeu inhumain. Il est venu me parler maintes fois, m'a confié avoir assez de la vie et qu'il voulait mettre fin à ses souffrances. Il s'est rapproché de moi, utilisant mes faiblesses. Je désirais l'aider. Pour cela, je suis restée auprès de lui afin de lui parler, de le raisonner...

The Frozen Throne : le royaume des démons blancsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant