⚜️ 2. Cours enfant, petit enfant ⚜️

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Nira avait la respiration hachée, elle tremblait de tout son corps. Le tapis...sur le tapis il y avait le corps de sa tante, sa tête était tournée vers elle, ses yeux vides, le tapis recouvert de sang écarlate.

– Petite, petite, fit une voix monstrueuse qui fit trembler Nira de tout son corps. Viens par ici...

Elle devait fuir, partir loin d'ici, aller chercher son oncle. Ses petites mains toutes secouées de spasmes et ses jambes flageolantes l'empêchèrent de se lever.

– Où es-tu ma petite ? Viens par ici.

Il la cherchait. Le méchant soldat la cherchait. Elle devait fuir à tout prix. Elle connaissait un moyen alors elle devait courir plus vite que le méchant soldat et retrouver son oncle. Lui il savait se battre. Quand elle l'entendit ouvrir la porte de la cuisine qui était de l'autre côté, elle sortit de sous le lit et bondit vers la porte. Quand le soldat se tourna vers elle il était trop tard car elle avait déjà traversé la porte d'entrée.

– Reviens sale petite peste !

Elle déambula dehors. Ses petites jambes foulaient le sol à toute allure. Elle se retourna sur le sentier désert à la recherche de quelqu'un qui pourrait l'aider. Cependant, elle vit que le méchant soldat la poursuivait. Elle accéléra. Son souffle était coupé et elle avait mal à la côte. Jamais elle n'avait couru aussi vite. Elle entendit le bruit de pas du méchant soldat derrière elle et son cœur tambourina. Elle se souvint alors du petit passage entre les deux murs : très étroit mais pour une silhouette aussi frêle que la sienne c'était possible. Elle contourna le grand chêne et courut vers le petit espacement entre les deux murs. Elle s'y engouffra.

– Viens ici petite vermine !

La main du soldat rata l'épaule de Nira de peu. Elle ressorti de l'autre côté. Là, elle tenta de trouver le chemin le plus court vers la forge. Elle s'était retrouvée au milieu du marché. Il y avait des gens, beaucoup, le méchant soldat aura du mal à la retrouver et si jamais il voudrait lui faire mal, les gens l'en empêcheraient. Mais juste par précaution et pour qu'elle se sente en sécurité, elle devait rejoindre son oncle. Elle remonta l'allée, courant plus vite qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant, et arriva devant la forgerie. De la fumée s'échappait du lieu et trois hommes discutaient autour d'une épée. 

– Mon oncle ! cria-t-elle à l'intention de ce dernier qui se trouvait parmi les trois hommes.

Elle trébucha et se trouva les genoux à terre. Son oncle sursauta quand il la remarqua et fut à ses côtés à la redresser en deux enjambées.

– Nira, mais que fais-tu ici ? Que se passe-t-il ? Oh Seigneur, tu as couru jusqu'ici...

– Un méchant...soldat mon Oncle, il a...il...frappé ma tante...il...me suit...il veut m'attraper...

– Du calme ma petite.

Son oncle se tourna vers les deux autres et leur fit un signe. Ils dégainèrent leur épée. Puis il guida Nira par la main en lui disant :

– Écoute-moi bien ma chérie...tu as été très courageuse jusqu'ici, vraiment forte comme ta mère. Mais ces méchantes personnes vont revenir et on ne pourra pas les arrêter.

– J'ai fait quelque chose de mal ?

– Non absolument pas...mais tu vas te cacher derrière et tu vas rester sage, d'accord ?

– Ma tante a dit la même chose mais...

– Tout ira bien cette fois, tu verras.

Il la cacha et se prépara en tirant son épée. Le méchant soldat qui l'avait suivi à la trace ne l'avait pas perdue de vue. Il descendit de son étalon et montra le symbole cousu sur sa tunique.

– Je suis un des chevaliers de sa Majesté le Roi.

– Que voulez-vous ?

– Vous le savez très bien. L'enfant que vous cachez.

– Que lui voulez-vous ? La tuer c'est ça ?

– Ce sont les ordres de sa Majesté la Reine. Cette enfant est une bâtarde qui pourrait réclamer le trône.

– Laissez-la en paix, elle n'a rien à voir avec la politique.

– Le Roi est aux portes de la mort et la Reine vieillit. C'est la nièce du Roi qui va monter sur le trône et elle a l'âge de cette enfant. Cette dernière est la fille directe du Roi. Son existence même représente un danger, alors comprenez en tant que sujet du Roi...

– Hors de question que vous ne touchiez ne serait-ce qu'à un seul cheveu de ma nièce.

– Alors vous choisissez la mort.

– Oui. Mais la vôtre.

Et les épées s'entrechoquèrent en faisant sursauter Nira. Elle gardait ses mains devant sa bouche pour ne pas respirer trop vite. Elle avait peur pour son oncle, peur qu'il ne lui arrive la même chose qu'à sa tante. Elle distingua son oncle plonger sa lame d'un geste rapide dans le côté droit du méchant soldat. Ce dernier s'effondra, une tâche de sang s'étalant sur le sol.

Encore du sang. 

– Mais tu es fou ? s'écria l'un des hommes.

– Vous n'avez rien vu. Faites disparaître le corps. J'emmène la petite Nira avec moi. Elle est en danger.

– Ce n'est qu'une malheureuse enfant, s'inquiéta l'un des hommes. Comment osent-ils réclamer sa mort ?

– Elle pourrait monter sur le trône Jaj, elle pourrait gouverner. Son père est le Roi en personne. Elle menace tout.

– Fuyez vers le sud, proposa un homme. Ils ne vous poseront pas de questions là-bas et les soldats prendront du temps avant de vous retrouver.

– Bonne idée.

Puis ce fut ainsi : une petite fille seule voyageant avec son oncle vers le sud. Arrivés, ils vécurent quelques années où il lui enseigna l'art de se battre et surtout ce qu'elle était : la fille illégitime du roi, une possible reine. Lors de son dix-septième anniversaire, son oncle mourut empoisonné par un assassin qui avait retrouvé leur trace. Elle lui échappa et commença une vie d'escapade et de fuite. Jour après jour elle devait survivre. Elle changeait de village toutes les semaines, ne s'attardait jamais trop. Elle travaillait pour gagner de l'argent : soit en cuisinière, soit en serveuse mais elle tenait le coup. Et après elle partait. Sa vie se résumait à une fuite perpétuelle.

Un jour, elle pénétra dans Lissaz, ville du Royaume de la Terre-mère, blessée par des assassins. Et elle rencontra Faral. Il l'aida et la soigna sans lui demander qui elle était dans sa petite chambre située en haut d'une maison. Il était poète et aimait les histoires. Alors elle lui parla honnêtement, lasse de fuir. Malgré l'or qu'il aurait pu recevoir en échange de la livrer, il continua de la soigner et ils devinrent amis. Jusqu'à ce qu'elle fût de nouveau retrouvée et qu'elle se résolut à quitter à jamais les Royaumes Élémentaires...

Enfin, ce fut ce que Nira raconta...

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Ce chapitre était une sorte de flashback, un retour dans le passé de Nira. Vous aurez compris qu'elle ne dit pas tout. Mais pourquoi ?

Merci à vous qui me lisez, cela fait énormément plaisir de partager avec des lecteurs les histoires que l'on écrit.

Je compte sur vous pour être là ! Les aventures de Nira et Faral ne font que commencer !

A bientôt pour le chapitre suivant : comment va donc se passer leur nuit chez Renarde Rousse ?

Restez connecté les amis !

Merci à vous !

Rêveusement,

EdanaSiligan

The Frozen Throne : le royaume des démons blancsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant