- Ce n'est pas un building réservé pour les centres d'appels, tu sais. Il y a des bureaux plus haut. Mais il est particulièrement connu grâce à nous, les sauveurs de la nation.

À la fin de sa phrase, il me fit un clin d'œil. Un clin d'œil clairement raté, mais qui me faisait rigoler. Il avait l'air vraiment bon délire, vraiment drôle. Mais aussi malaisant, par moment. Je devais peut-être lui dire. "Au lieu de sourire quand il y a un blanc, pose des questions à l'autre". Non, je ne pouvais pas. Mais pour qui je me prenais, sérieusement ?

- Assis toi, Alex va arriver !

- Merci... Merci beaucoup, John.

- Aucun problème petit.

Il me fit un signe de la main, suivi d'un énième sourire, avant de partir dans une direction inconnue pour poursuivre son travail. Il avait l'air d'un ami sincère, un ami en qui on pouvait avoir confiance. En fait, il ressemblait à Athéna, en masculin. Cette pensée me faisait rire, après tout. Personne ne ressemblait à Athéna. Cette bonne femme était beaucoup trop folle pour avoir un sosie.

- Max ? Vous allez bien ?

Je relevais mon regard, pour tomber nez à nez avec Alex, qui avait un verre d'eau dans la main. Je me levais afin de lui serrer la main. Il était vêtu d'un jean qui moulait parfaitement ses cuisses, ainsi qu'une chemise jugé trop courte à mon égard, qu'il avait rentré dans son pantalon. À vrai dire, tout lui serrait, tout lui semblait trop court. Mais cela moulait parfaitement ses formes, alors ce n'était pas du tout désagréable.

- Bonjour Alex. Ça va très bien et vous.

- Super. Ça te dis dans un premier temps que l'on se tutoie ? Et dans un deuxième temps qu'on aille dehors prendre un café ? J'étouffe ici.

- Euh... Pas de soucis. Et pas de soucis une seconde fois !

Il me sourit, avant de partir vers l'ascenseur une nouvelle fois. Il faisait vraiment chaud dans cet endroit, sûrement à cause de tous les ordinateurs. Je le suivais dans l'ascenseur, et il appuya sur le bouton zéro, tout en buvant une gorgée de son eau.

- Tu ne voulais pas que je vois ta boss ?

- Elle est en réunion pour l'instant, on prend un café et on remonte si ça te va ?

- Pas de soucis, je vous suis !

- Je te suis, bonhomme.

Il me fit un clin d'œil. Il avait en fait les mêmes mimiques que son ami. À part le sourire. Il avait un très beau sourire, mais qui cachait quelque chose derrière tout ça. Le genre de sourire sincère, mais qui cachait un truc derrière. Je n'en faisais pas franchement attention. Après tout, malgré qu'il soit extrêmement beau et que j'adorerais apprendre à le connaître, aujourd'hui serait peut-être la dernière fois que nous allions nous parler face à face. Il venait juste prendre de mes nouvelles, me poser des questions concernant la nuit dernière, et tout cela serait terminé. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, et il passa devant. Il fit un signe bref à sa collègue de l'accueil, avant de pousser les grandes portes en verres qui menaient à l'extérieur.

- Il y a un Starbucks pas loin, ça te tente ?

- Sans problème.

Il se mit en marche, moi à ses côtés. Pendant quelques instants, personne ne parlait. Ce n'était pas si dérangeant, j'en profitais pour regarder Chicago sous un autre œil. Cette après-midi, je n'étais pas un étudiant, mais un adolescent qui profitait de son samedi après-midi.

- C'est la première fois que tu vas à Chicago ?

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu sembles émerveillé à chaque coin de rue.

Il se mit à rire, tout en plongeant son regard dans le mien. Je sentis mes joues devenir rouges. Je profitais de ce moment à ma façon, après tout.

- On y est ! Tu veux quoi ?

- Euh... Un chocolat froid, s'il te plaît.

- Tu n'aimes pas le café ? Tu aurais dû me le dire, je t'aurais emmené quelque part d'autre.

Non, je n'aimais pas le café. Mais je n'avais pas osé le lui dire. D'une part, car je ne connaissais pas d'autre endroit dans Chicago pour prendre une boisson. D'autre part, car il m'avait dit qu'il avait envie d'un café. Je ne voulais pas le contrarier en lui disant que je voulais autre chose que du café... Peut-être que je me prenais trop la tête aussi. C'était sûrement ça.

- Si, j'ai juste envie d'un chocolat.

- Pas de soucis, je reviens vite. Et range cette carte bleue, c'est moi qui régale.

Il me regarda, et son regard se suivit d'un autre clin d'œil, alors qu'il rentra dans la boutique. Qu'est-ce qu'ils avaient avec leurs clins d'œil ? J'étais devenu tout rouge, je pouvais le sentir. J'aurais clairement dû lui dire que je payais pour nous deux, ou pour ma part ! Je ne voulais pas qu'il ne me voit pour quelqu'un qui en profitait pour avoir des chocolats froids ! Putain mais Max, c'était qu'un chocolat froid ! Arrête de casser la tête, et profite du moment ! Je me faisais vraiment trop de soucis pour rien. Je levais les yeux au ciel, comme pour me calmer et pour reprendre mes esprits, quand je sentis la présence d'Alex derrière moi.

- Tu mattes quoi là-haut ?

Je me retournai, pour lui faire face. Il était plus grand que moi, de quelques centimètres. Je devais même lever un peu le menton pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. Il avait dans une main un café, et dans l'autre ma boisson. Il me la tendit, et je l'attrapai d'une main non rassurée.

- Merci beaucoup. Je te revaudrais ça, promis !

- Ce n'est qu'un chocolat, tu sais... Mais bref, dis moi tout. Comment tu vas, depuis l'autre soir ?

Je pris une gorgée de ma boisson pour me rafraîchir avant de continuer. Malgré le mois de septembre, la température avisait presque les trente degrés dehors.

- Ça va. Ce n'est pas la même chose pour mes parents, ils se font beaucoup de soucis pour moi.

- C'est compréhensif, ce sont tes parents après tout. Leur rôle, c'est de s'inquiéter pour toi. C'est vraiment une coïncidence de t'avoir vu hier à la salle.

- Comment tu m'as reconnu, d'ailleurs ? 

- Ta voix, ton prénom. Enfin, surtout ta voix. Tu sais, quand tu as des appels qui te marquent, tu peux te souvenir de la voix de la personne pendant des mois. Puis quand tu as dit ton prénom, j'avais plus aucun doute. Ça m'a fait bizarre de te voir en vrai. Tu es la première personne que j'aide au téléphone que je vois en premier.

Je tournai mon regard vers lui, un peu choqué de ce qu'il venait de dire. Il s'assit sur une des marches de l'escalier qui menait au building, et j'en profitais pour m'asseoir à ses côtés. Dehors, les personnes profitaient du beau temps pour faire du shopping, pour faire leurs emplettes. Ça me faisait du bien d'être là, de prendre l'air, de parler avec quelqu'un que je ne connaissais pas. De parler avec quelqu'un qui m'avait sauvé la vie. Ce qu'il venait de me dire m'intriguais énormément. Je levais un sourcil pour avoir la fin de sa réponse, tout en le regardant, malgré le soleil qui tapait derrière son dos et qui m'obligeait de lever ma main pour éviter de me brûler la rétine.

- Souvent, enfin tout le temps, on ne sait pas ce qui se passe après les appels. Je n'ai jamais eu de nouvelles des personnes que j'ai eues au téléphone, à part dans les cas les plus graves, quand leur nom s'affichait sur la télévision aux informations le soir... C'est pour ça que ça m'a fait un choc de te rencontrer en vrai, et c'est pour ça que j'avais vraiment envie de parler avec toi.

- Ça doit être dur parfois comme métier.

- Il y a des points positifs, et des points négatifs. Mais j'adore ce que je fais, et je ne changerai pour rien au monde. Enfin pour l'instant...

Il but une gorgée de son café, tout en regardant droit devant lui. J'en profitais pour le regarder. Son visage était parfaitement dessiné, tout comme je pouvais imaginer son corps très bien dessiné. Arrête de penser à ça putain ! Il avait une barbe de quelques jours, et je pouvais voir un tatouage légèrement remonter le long de son cou. Il tourna finalement son regard vers moi, et je fis de même, mais de l'autre côté de ce dernier, faisant mine de regarder quelque chose.

- Et... Et comment vous savez qu'il s'agit bien de l'homme qui est rentré chez moi, l'homme qu'ils ont arrêté.

- Et bien, quand ils l'ont arrêté, il traînait dans ton quartier. Les flics l'ont arrêté, et ont retrouvé des affaires à toi dans son sac à dos. Ils ont fait l'analyse des empreintes, et ont montré les affaires à tes parents. Il s'agissait d'une chaîne en or, et d'une montre.

Maintenant que j'y pensais, je n'avais pas porté ma chaîne et ma montre aujourd'hui. Mes parents m'avaient brièvement parlé de cette histoire, mais je les avais vaguement écoutés. J'étais très fatigué ce soir-là à l'hôpital, et j'avais très mal à la tête. Ils avaient dû sûrement me dire beaucoup de choses, notamment à quel point ils m'aimaient, mais je me souvenais que de très peu.

- Pourquoi cette question, Max ?

- C'est juste que... Ce soir-là, il y avait une BMW en dehors de chez moi, et elle n'appartient à aucun de mes voisins. Je croyais qu'elle appartenait à cet homme.

- Sûrement un ami de tes voisins, ou autre. Mais l'homme est sous les barreaux, je te le jure...

Il n'eût le temps de finir sa phrase, que son téléphone retentit dans sa poche. Il le sortit, avant de se lever de la marche où nous étions installés. Il but son café d'une traite, avant de me regarder droit dans les yeux.

- Ma boss voudrait bien te voir, elle a fini sa réunion. Tu me suis ?

Il me sourit, et je lui rendis son sourire pour une fois. Je me levai de ma marche, et le suivais à l'intérieur du grand bâtiment. Cet homme était mystérieux, et très agréable en question de compagnie. Il avait l'air très gentil, et très protecteur... Pour les gens qu'il aimait. Pour les gens qu'il appréciait. Comme toute personne ferait pour protéger quelqu'un qu'il porte dans son cœur. 

911 : Mon ange gardien [BXB].Where stories live. Discover now