On est cramés

48 6 7
                                    

  Ma mère m'a littéralement défoncé. Mon oreille me piquait encore quand nous sommes arrivés chez nous. Mais je ne disais rien, par peur d'aggraver les choses et de ne pas pouvoir aller à la fête de Julien.

  Mes grands-parents me regardaient avec un air désolé, comme s'ils avaient tenté l'impossible: retenir ma mère de faire un scandale. Au moment où j'ai cru que je pouvais m'échapper du regard pesant de ma chère et tendre maman, en me dirigeant vers ma chambre, celle-ci m'annonça:

  _ J'espère que la fête de Julien n'est pas importante pour toi, parce que tu n'iras pas.

  Je me stoppai net, pour bien enregistrer l'information. Finalement je fis demi-tour et la regardai droit dans les yeux.

  _ Maman, je t'aime, tu le sais, et je comprend que tu te sois inquiétée à t'en ronger les freins, surtout en se rappelant la dernière fois que je suis parti sans te prévenir. Mais ce que tu as oublié maman, c'est que maintenant, je suis majeur. Je suis responsable de moi-même. Je t'ai suivit jusqu'ici pour éviter d'aggraver le scandale que tu as fait devant ma copine et mon ami. Mais sâche que j'irai quand même à la fête.

  _ Ah oui ? Tu es peut-être majeur mon fils, mais sâche que tant que tu es sous mon toit, c'est moi qui décide et...

  _ Jen' je t'arrête tout de suite, la coupa mon grand-père. Ce n'est pas ton toit ici, mais celui de ta mère et le mien. Tu n'as pas à le menacer de le mettre à la rue parce qu'il veut profiter de sa jeunesse.

  _ Papa, c'est mon fils, je l'éduque comme...

  _ Ne me coupe pas la parole. On ne parle pas de l'éducation que tu lui prodigue. On parle du fait que tu es injuste. Tu as été exactement comme lui, voire pire que lui. Tu crois qu'on est pas au courant pour ta planque de bouteille dans le plancher et la fois où tu as faillit mettre le feu parce que vous aviez planqué dedans une cigarette mal éteinte ? Pour autant, on ne t'a pas menacé de te mettre à la porte pour toutes les fois où tu as fait de belles conneries ! En tant que maîtres de cette maison, ce sont nous qui vous logeons. Tu le mets dehors, tu vas avec lui. C'est clair Jennifer Lara Françoise ?

  Je n'avais jamais vu mon grand-père aussi agacé et personne n'avait prononcé tous les prénoms de ma mère avec autant d'autorité. Maintenant, je savais de qui elle tenait cette lubie de grandes colères. Ma mère ne répondit rien, et en soufflant comme un enfant capricieux, elle consentie à me laisser faire ce que je souhaitais. Mon grand-père me sourit et me fit un clin d'oeil. Je lui rendis ce geste, en guise de remerciement. Quel homme mon grand-père !

  Lorsque je fus dans ma chambre, j'envoyais un message à Léonie et Julien pour les prévenir que je venais à la soirée, ce qui rassura ma petite-amie. Je savais qu'elle était effrayée à l'idée de se retrouver avec ses détracteurs, c'est pour ça que je tenais à être avec elle.

  Dans la soirée, ma grand-mère est venue m'apporter à manger: de la pizza faite maison.

  _ Tu sais mon petit, ta mère t'aime beaucoup.

  _ Je sais mamie.

  _ Elle est juste... étouffante. Mais si elle est ainsi, c'est parce qu'elle a peur de se retrouver seule.

  _ Je le sais aussi... Mais elle ne va pas pouvoir m'empêcher de vivre éternellement. Pour l'instant je la laisse faire parce que je ne veux pas me battre avec elle, et vu que sa séparation avec mon père est sûrement douloureuse, encore maintenant, je sais qu'il ne faut pas qu'elle se sente totalement abandonnée.

  Mamie me sourit avec gentillesse et m'ébouriffa les cheveux.

  _ Tu es un bon petit. Tâche de toujours être aussi sage et réfléchi.

Cette Fille ne sourit plusWo Geschichten leben. Entdecke jetzt