Julie fait encore des siennes

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Pendant le reste de la semaine, je n'arrêtais pas de penser aux cheveux blonds de Léonie, à ses yeux qui étaient entre le vert et le bleu, mais surtout à ses larmes. C'est bête, mais je me sentais en partie responsable. Si j'étais intervenu, Julien l'aurait lâché avant de la mettre à jour comme ça, aussi crûment. Ses yeux avaient eu une lueur de crainte profonde, mais de quoi avait-elle peur ? De se sentir faible ? Du regard des autres ? D'être elle même ? Ou tout simplement avait-elle peur de l'extérieur ? Dans tous les cas, je voulais lui montrer que j'étais là pour elle.

Alors, le vendredi, quand je suis rentré chez mes grands-parents, je leur demandai où est-ce que Léonie vivait. Ils m'expliquèrent quelle route suivre dans les bois et sans plus leur expliquer, je me sauvait pour aller chez elle.

Une fois arrivé, je ne savais pas comment réagir. La maison paressait brinquebalante, la peinture était vieille, les rideaux des fenêtres qui semblaient être autrefois blancs étaient jaunes... Vous voyez l'image, c'était une maison qui ne donnait pas une image sympa comme celle de mes grands-parents, l'atmosphère semblait triste.

_ Qu'est ce que tu fous là ! ?

Je sursautai. C'était Léonie qui venait de me hurler dessus, à travers la vitre de ma portière. Et elle ne portait pas sa capuche. Donc, comme la dernière fois que je l'avais vu, je l'admirai, détaillant son visage. Mais rapidement je le rendis compte que ce n'était pas très poli de fixer les gens comme ça.

_ Je t'ai apporté les cours et les devoirs, lui dis-je en sortant de la voiture.

_ Tu n'avais pas besoin de...

_ Bien sûr que si, et c'est normal d'amener les devoirs quand son amie est absente, la coupais-je.

Elle ouvrit grand la bouche puis la referma. Je venais de dire que nous étions ami. Était ce le cas ?

_ Tu me considère... Comme ton amie ?

_ Évidemment ! Pas toi ?

Elle eut l'air de réfléchir.

_ Si ce n'est pas le cas, je vais me vexer, la prévenais-je.

Un léger sourire apparu alors sur son visage puis elle dit:

_ Bien sûr que tu es... Un ami. Je crois que tu es le premier ami que j'ai depuis... Depuis un long moment.

Nous nous fixâmes en silence après cet aveu. Je ne voulais pas la brusquer mais je me demandai depuis quand elle n'avait plus d'ami, ou plutôt depuis quoi. Elle fini par détourner le regard et me tourna le dos, avançant vers sa maison.

_ Bon, tu comptes rester dans ta voiture ou venir ?

_ Hein ? Quoi ?

_ Pff, tu me fatigue Jason.

Elle s'arrêta devant sa porte, l'ouvrit en grand et me fit signe de la suivre. "Je rêve ou elle vient de m'appeler par mon prénom pour la première fois depuis des semaines ?" Avais-je pensé aussitôt. Alors, avec précipitation, je sorti de la voiture et la rejoignis.

C'est à partir de ce jour que nous avons commencé à faire nos devoirs ensemble, et c'est comme ça aussi que j'ai appris qui elle était réellement. Elle aimait rire, la musique dans tous ses genres, et elle ne mettait sa veste que lorsqu'elle partait de chez elle. Au bout de deux semaines, les vacances arrivèrent enfin, et nous décidâmes de nous retrouver à la sortie. Julien, lui, avait passé tout ce temps à s'excuser, et je crois qu'elle lui a pardonné puisqu'elle le laissai nous suivre partout, sans broncher.

_ Léonie ! L'appelai-je quand je la vis en dehors du bâtiment.

Elle me rejoigna aussitôt, mais quelque chose clochait... Elle... pleurait. Elle avait la tête basse mais ses larmes avaient laissé des traces sur sa veste. Puis, Julie sortie à son tour et regarda dans notre direction, un sourire mauvais sur le visage, et en se dirigeant vers nous. Instinctivement, je me dressai devant Léonie.

_ Qu'est ce que tu veux Julie ?

Léonie derrière moi inspira d'un coup de l'air, comme si elle avait sursauté. Donc, c'était à cause de Julie si elle était dans cet état.

_ Moi ? Rien du tout ! Je voulais juste savoir si elle t'avait raconté... Son passé ?

_ En quoi ça te concerne ?

_ Oh pardon mais tu saura mon beau Jason que, ici, tout concerne tout le monde. Pas vrai Léo' ?

_ Ne... Ne m'appelle pas comme ça.

_ Bah quoi ? Je ne suis plus ta meilleure amie ?

_ Après ce que tu as fait ? Jamais ! Jason, je t'en prie, on peut partir ? Elle me donne la nausée.

Julie eut tout à coup l'air furieuse et voulu se jeter sur Léonie. Heureusement que j'étais devant cette dernière et que j'ai pu attraper Julie dans la volée. Celle-ci me regarda avec surprise. Moi, je faisais en sorte d'avoir l'air menaçant.

_ Dégage Julie...

_ Mais...

_ Je t'ai dit de dégagée, c'est clair ? Tu me fatigue avec tes idioties.

Elle s'éloigna de nous doucement.

_ Tu sais quoi ? Si elle ne te dit pas la vérité sur elle, alors, je le ferai. Je sais où habite tes grands-parents, et je me ferai y ne joie de leur rendre une visite dans... disons... Une semaine ? J'espère que tu seras là, parce que je viendrai spécialement pour toi.

Et sur ces paroles, elle s'en alla, nous laissant seuls. Je voulu demander à Léonie de quoi voulait parler Julie mais elle me coupa:

_ Rendez-vous demain matin, huit heures, à la ruine. Si tu ne sais pas où c'est, demande à ta mère ou à tes grands-parents. Je rentre seule ce soir.

Et elle aussi, s'en alla, et cette fois, j'étais tout seul sur le parking. Ce début de vacances promettait d'être joyeux.

Cette Fille ne sourit plusWhere stories live. Discover now