Cette Fille ne sourit plus

Un passé éparpillé en tout lieu

Je suis rentrée chez moi en maudissant Julie d'avoir manigancé tout ça. Je connaissais Julie depuis toujours et si elle agissait ainsi, c'était pour avoir une chose, ou plutôt quelqu'un: Jason. Et pourquoi je lui avais dit de venir me retrouver à la ruine sérieux ? C'était mon coin secret, là où j'allais pour réfléchir et m'évader à la fois. Qu'est ce que la ruine ? C'est une vieille tour, qui s'élève pres d'une clairière, qui devait dater du Moyen Age environ. Je l'avais trouvé lorsque j'avais neuf ans, quand je fuyais la maison et que je ne voulais pas déranger les grands-parents de Jason. Qu'est ce que j'allais lui dire ? Toute la vérité ? Mais il se pouvait qu'il me trouve encore plus bizarre, qu'il ne veuille plus traîner avec moi à cause de mon passé... C'est un passé assez lourd, qui m'a valu le surnom de la "fille maudite".

C'est en réfléchissant comme ça que la nuit s'est déroulée, alors que je roulai dans tous les sens, dans mon lit. Entre Julien qui a failli parler de mes relations et de ma "moi" d'avant et Julie qui allait dévoiler les pires côtés, j'étais perdue. En même temps, je savais que ce moment viendrait, alors pourquoi je le crainiais autant ? Tout simplement parce que j'avais peur de perdre Jason. C'était stupide hein ? Mais pour moi, ça ne l'étais pas. Il a toujours été gentil avec moi, pendant des mois, depuis son arrivée même.

Quand l'horloge indiqua 7h30, je fini de me préparer, et je sorti de chez moi, sans oublié de laisser une gamelle avec des reste pour le chien qui traînait dans la forêt. J'avais pour objectif de le dresser, alors je le nourrissais.

A huit heures, j'étais assise sur la plate forme la plus haute de la tour, les pieds pendant dans le vide. Être là me permettait de voir au dessus des arbres, presque. J'inspirai profondément en regardant le soleil qui se levai doucement. Par où devais - je commencer ?

_ Léonie ?

Je me retournai rapidement. Il se tenait debout derrière moi, et je ne pouvais m'empêcher de le trouver mignon, avec la lumière du soleil sur lui, et son visage qui paraissait encore endormi, ce qui m'arracha un sourire.

_ Bonjour l'ami, lançais-je.

_ Je ne suis pas en retard j'espère ?

_Non non, pas du tout. Je... dois te dire... Quelque chose... Ou plutôt plusieurs choses mais... Je ne sais pas par où...

Je finis par me taire et baisser la tête. Immédiatement, les menaces de Julie me revinrent: "si tu ne lui dis pas, je lui dirai. Je suis sûre qu'après ça, ton joli minois ne sera plus assez fort pour qu'il reste vers toi, et je pourrai lui en récupérer. Mais un mot sur notre échange et je te jure que d'ici lui eau fin des vacances, tu n'aura plus de toit sous lequel t'abriter. C'est compris la maudite ?"

Soudain, une main posée sur mon épaule me sorti de ma rêverie cauchemardesque, et je sursautai. Jason était assis à côté de moi, et semblait soucieux.

_ Relève la tête Léonie, s'il te plaît.

Avec difficulté, j'obtempérai, les larmes aux yeux. Il entreprit d'enlever ma capuche que j'avais mis sur ma tête plus tôt, par réflexe. Sa main resta suspendue.

_ Je peux ? Demanda t-il.

Je hochai de la tête. C'était la première fois depuis des années que j'étais comme ça avec un garçon, aussi... timide on va dire. Il retira avec douceur ma capuche, pas comme cet abruti de Julien.

_ Alors... qu'est ce que tu dois me raconter Léonie ?

J'avalais difficilement ma salive. "Tu peux le faire ma vieille".

_ Je dois commencer par où ? Lui demandais-je avec un peu de panique.

_ Il t'es arrivé tant de choses ? Bien, commence par la première chose que tu ais vécu de difficile dans ta vie.

_Très bien... Alors...

Je respirai un grand coup, et fixai le lac à l'horizon. Puis, je compris comment faire pour raconter les choses plus facilement.

_ Viens avec moi Jason. Je vais te montrer.

Sans hésitation, il me suivi, ce qui me rassurait puisque ça voulait dire qu'il me faisait confiance.

Une fois devant le lac, j'étais figée, pétrifiée.

_ Ici, c'est le début de l'explication du surnom "la fille maudite", ou comme disent les plis âgés du village, "la fille qui ne sourit plus".

Je tremblais. Pas de froid, mais de peur. J'allais dévoiler à voix haute une histoire que peu de gens ont entendu de ma propre bouche. Je tournai le dos à Jason et fixait l'eau.

_ J'avais un petit frère. Il avait deux ans de moins que nous. On venait souvent ici. J'avais sept ans et lui cinq. Nous ne venions jamais avec nos parents, ils considéraient que nous étions assez grands pour nous surveiller tous seuls.

Je reniflai de tristesse et d'amertume. Jason, lui, ne dit rien, ne bougeait pas d'un pouce. Il écoutait attentivement.

_ Un jour, en plein été, nous pataugions, il avait ses brassards, et moi je savais déjà nager. Comme une idiote, je lui ai dit que nous devions nager plus loin. C'est ce qu'on a fait mais... Mais... Ses brassards se sont débouchés ou crevés et... Et...

Je n'arrivai pas à poursuivre. Je me sentais coupable depuis des années.

Sans que je ne l'entende, il se rapprocha de moi et me prit dans ses bras.

_ Calme toi, ça va aller. Je suis là et promis, je ne te laisserai pas seule. Et ce n'est sûrement pas de ta faute.

Il continua de prononcer des paroles rassurante mais je finis pas secouer la tête.

_ Tu ne peux pas promettre ça tout de suite.

_ Pourquoi ?

_ Parce que je n'ai pas fini... Il y a encore pas mal de choses que je dois te raconter.

_ Dans ce cas, je t'écoute.

Sans un mot de plus, je me dirigeai vers les grottes, qui se trouvaient à quelques minutes à pieds du lac. Jason suivait de près, sans poser de questions, comme un peu plus tôt. Une fois arrivés devant la première entrée du labyrinthe naturel, je me retournai vers lui.

_ Ici, une autre partie de mon passé s'est déroulé, et ça concerne mes parents.

Je le regardai droit dans les yeux et commença le récit.

_ Comme tu te doutes, mes parents étaient très peu présents pour s'occuper de moi et de mon frère. Mais quand celui-ci est décédé, ils ont totalement changé d'habitude, ils étaient présents, mais... C'était... Trop. C'est à cause d'eux si je venais souvent chez tes grands-parents, pour me réfugier chez eux, qui étaient si gentils avec moi. Ma mère... n'arrêtais pas de dire que c'était de ma faute, elle le disait à tout le monde dans le voisinage. Quant à mon père... Et bien... Il a exprimé sa présence avec des gestes, et des paroles douloureux. Mais avant même que je naisse, ils étaient très amoureux, c'est même ici qu'ils se sont rencontrés, et qu'ils m'ont conçu... Et c'est ici, après une fausse couche quelques mois après la mort de mon frère qu'ils ont décidé d'en finir définitivement... Depuis, je n'ai plus jamais voulu entrer dans ces grottes, parce que... C'est moi qui les ais trouvé... j'avais fugué pour la énième fois pendant la nuit et au petit matin, je suis passé là...

Je décidai de m'interrompre, pour le laisser digérer ce nouvel élément. Je le voyais qui avait les yeux écarquillés, et pour la première fois depuis le début de la matinée, il me posa une question:

_ En quoi ça fait de toi une fille maudite ? Ce n'est pas de ta faute si ils ont décidé de...

_ Figure toi que si. Parce qu'ils avaient une lettre à côté d'eux, expliquant que me voir était devenu si insoutenable qu'ils préféraient en finir plutôt que de me supporter. C'est réellement depuis ce jour que je suis la fille qui ne sourit plus, et je croyais que j'allais être la fille qui ne sourirai plus jamais. Mais voilà: un garçon qui sortait du lot est arrivé, il ne connaissait rien ni personne et il a tout de suite voulu sympathiser avec moi. Enfin, il me reste une dernière chose à te raconter, et pour ça, il faut que l'on retourne à la ruine.