Le retour d'une pouf

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  J'avais les mains moites. Elle me tenait le bras et me suivait, sans poser de questions sur la destination, et moi, je stressais, par peur que ça ne lui plaise pas. Je la guidais dans la forêt jusqu'à la ruine, là où j'avais prévu la surprise, et là où nous nous sommes retrouvés pour qu'elle me raconte tout, au début des vacances. Lorsqu'on atteigna la tour, je vis de la lumière provenant du toit, et me rendis compte que le soleil commençait déjà à se coucher.

  _ Qu'est ce qu'il y a là-haut ? Me questionna-t-elle.

  _ J'avais dit pas de question, lui rappelais-je en riant. Si tu m'en pose, je ne suis pas sûr d'être capable de me retenir de tout te raconter, et ça serait moins sympa.

  Elle me souria, avec un air attendri. Je la regardai avec un sourire aussi, persuadé que j'avais la plus belle personne à mes côtés. Mon but ? Lui demander de sortir avec moi. Je voulais qu'en rentrant chez moi, le soir même, ne plus être célibataire, et avoir conquis le coeur de la seule fille que je trouvais belle, audacieuse, forte, mature... Une véritable déesse sans grand défaut au niveau de la personnalité, et que cette beauté d'âme se retrouvait dans son corps.

  _ On est presque arrivé, lui dis-je alors.

  _ Dans ce cas, j'ai hâte d'y être !

  Et je la vis s'éloigner en courant vers la tour, et commencer à monter aux escaliers. Je la suivis, et lorsque j'ateignai les escaliers, elle était en train de redescendre, ce qui nous a fait nous jeter dans les bras l'un de l'autre, ses bras autour de ma taille, mes mains en bas de son dos... Enfin un peu plus bas même. Je les enlevai rapidement et les levai en l'air, pour montrer que ce n'était pas volontaire. Au lieu de me gronder, elle sourit, prit ma main gauche et me guida dans les escaliers.

  _ C'est moi qui fait la surprise, et c'est toi qui m'y emmène, remarquais-je à voix haute.

  _ C'est parce que j'ai hâte de voir ce que tu as fait, répliqua-t-elle.

  Une fois tout en haute, elle se positionna au centre et tourna sur elle même, pour admirer le lieu.

  _ Qu'est ce que tu as fait ? C'est génial et hyper... Non je ne vais rien dire, sinon je vais briser l'image de la fille qui n'est pas atteinte par ce genre de chose.

  J'avais décoré le toit. Voilà ce que j'avais fait. J'avais mit des guirlandes avec une couleur jaune et une luminosité douce, attaché sur les poutres qui demeuraient encore et sur les murs des espèces rideaux blancs... En bref, même si elle ne l'avait pas dit, je savais ce qu'elle allait dire: c'était romantique, et c'était mon but. Alors, je jubilai joyeusement qu'elle ait remarqué cela. Puis, elle me posa une nouvelle question :

  _ Tu as préparé à manger ? Dit-elle en désignant la table qui se trouvait non loin de nous.

  _ Et oui, j'ai prévu un repas. Ça ne sera jamais aussi bon que ce que tu fais, mais j'ai quand même réussi mon plat, et le dessert, ça je l'avoue, c'est ma grand-mère qui a insisté.

  Je vis, dans ses yeux, qu'elle était touchée, et son sourire attendri dévoilait toute la joie qu'elle ressentait. Face à ce spectacle, je ne pouvais qu'admirer cette fille qui ne souriait plus, et qui, devant moi, exposait le plus beau sourire du monde, que je voulais aussi embrasser. Mais je me retins, et la dirigea vers une chaise que je tirai pour qu'elle s'asseoit.

  _ Ce soir, tu ne t'occupe de rien. C'est moi le chef.

  _ N'importe quoi, je peux te donner un coup de main.

  _ Non, non, non ! C'est ton jour, 18 ans, ce n'est pas rien, alors tu ne fais rien, tu te contente de profiter, et de flâner. D'accord ?

  Ses yeux pétillaient encore en me regardant, et elle me dit:

  _ Bof Jason.

  Je lui fis un bisous sur le front et couru chercher ce qu'il y avait dans la voiture. Je n'avais pas fait un repas compliqué, juste des spaghettis à la bolognaise. Ma grand-mère m'avait dit que Léonie lui réclamait toujours ce plat, soit disant parce que la recette était spéciale, quand elle était petite. Moi qui ne connaissais rien à la cuisine, j'ai juste suivi la recette, en m'appliquant.

  Lorsqu'elle les aperçu, elle me demanda comment j'avais fait pour qu'elles soient chaudes. Je lui ai expliqué que je les avais préparé juste avant de venir, et que je les ai maintenu au chaud dans un plat exprès pour. Elle les goûta, et reconnu immédiatement le goût des pâtes de ma grand-mère. Nous avons donc partagé des anecdotes sur cette vieille femme, sur les bons souvenirs de Léonie, sur ce qu'elle voudrait faire plus tard. C'était rare qu'elle parle de son avenir, du moins de ses projets. Le seul qu'elle m'ait exposé, avant ce jour, fut son envie de faire une école de cuisine. Elle m'exposa l'idée de vouloir appeler le chien errant Casper, puisqu'il apparaissait et disparaissait rapidement, l'envie d'aller vivre à Los Angeles ou à Cuba, après être allé en France. Plus elle en parlait, plus j'étais heureux de voir qu'elle commençait à oublier les malheurs de son passé, juste le temps de notre rendez-vous. Et en parlant de son avenir, j'espérais en faire partie. Lorsque j'y pensai, elle me dit:

  _ J'espère que t'es prêt à me suivre le nouveau, parce que je te promet qu'on va pas s'ennuyer.

  _ Arrête de m'appeler le nouveau, je croyais que tu avais décidé de m'appeler Jay'?

  _ J'ai une autre idée en tête, mais je ne sais pas si ça te plairais, lâcha t-elle.

  _ Dis toujours.

  _ Et si... Je te nommais... Mon petit ami ?

  Son cou était devenu cramoisi, et son regard fuyant. J'en lâchai ma fourchette, étonné par son audace. Enfin je savais qu'elle était franche, mais sur ce genre de sujet, c'était rare.

  _ Tu sais quoi Léonie ? J'adore ton idée, même si tu me l'as piqué, lui répondis-je en me levant.

  Je la rejoignai de l'autre côté de la table, et lui saisi le menton. Elle me regarda dans les yeux, l'air surprise. Avant qu'elle n'ouvre la bouche, je scellai ses lèvres aux miennes, en y mettant tous mes sentiments dans ce geste. Elle répondit aussitôt à ce baisers, et sans craindre de se faire interrompre ou épier, nous l'approfondîmes.

  Lorsque nous nous séparâmes, à bout de souffle, je vis dans ses yeux quelque chose qu'elle ne m'a jamais dévoilé: un désirs aidant. Et clairement, j'avais plusieurs idées en tête à ce moment, qui me passaient à l'esprit, et même des images. Mais je les refoulais, préférant y aller doucement, dans cette relation si spéciale, unique.

  _ Tu devrais aller chercher le dessert non ?

  _ Ouais. Ouais je devrai.

  Mais je n'ai pas bougé, pendant ce qui me semblait être plusieurs minutes. Finalement, j'ai couru, pour aller chercher le gâteau, et, en arrivant dans les dernières marches, je commençai à entonner la fameuse chanson d'anniversaire. Elle se moqua de moi, et avant de souffler les bougies, fit un voeu. Je lui demandai ce que c'était, elle refusa de le dévoiler, prétextant que je le verrai sûrement un jour.

  Après avoir savouré le dessert, elle reçu un message de sa cousine, lui disant qu'elle était allé déposé des affaires de nuit chez moi. Elle me questionna, mais je lui dis que je savais rien, et c'était vrai. Apparemment, Valentine a cru que nous allions passer la nuit ensemble. Puis, Julien me téléphona.

  _ Mec, ça craint ! Hurla-t-il. Julie est chez toi, elle fait un scandale à tes grands-parents et ta mère, à propos de toi et de Léonie !

  _ Pardon ?! S'affola Léonie, avant d'avoir l'air de recevoir une illumination. Oh non... Sa menace... Elle avait menacé de venir dire des choses à ta famille... Et elle le fait aujourd'hui...

  Elle semblait terrifiée.

  _ Léonie, tu m'as tout dit, pas vrai ?

  _ Oui, je t'ai tout dit, je ne vois pas ce qu'elle pourrait dire de plus !

  Néanmoins, j'eus un présentiment: celui qui me disait que pour la première fois, elle me mentait. Je l'ignorai, et lui dis:

  _ Dans ce cas, allons accueillir cette pouf comme il se doit.

Cette Fille ne sourit plusWhere stories live. Discover now