Elle est blonde et de mauvais poils

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Les jours passèrent et Léonie resta silencieuse et loin de moi. C'était limite si elle ne m'évitait pas ! J'avais beau lui proposer de la prendre en voiture, mais depuis la dernière fois, le temps était devenu plus clément et elle refusait avec autant que ferveur que la première fois. Malgré tout, je continuai de lui proposer, car j'avais envie d'en savoir un peu plus sur elle. Les autres avec qui j'avais prit l'habitude de traîner ont été facile à connaître, ce qu'ils dégageaient chacun était leur personnalité, donc j'avais rapidement compris comment ils étaient, ce qu'ils aimaient... Alors que Léonie se cachait en permanence derrière sa large veste et sous sa capuche, n'exprimant jamais d'émotions, que ce soit la joie, la tristesse, ou la colère... C'était perturbant pour moi qui souhaitais devenir psychologue.

Ensuite les semaines passèrent, et le froid commença à laisser place à des températures plus douces. Alors pour aller en cours, je commençai à partir à pieds. En passant dans les bois, je vis Léonie plus loin devant moi.

_ Hey, Léonie !

Elle s'arrêta, sans se retourner. Puis, je me rendis compte d'une chose: pour la première fois, elle n'avait pas sa capuche. Je m'arrêtai à quelques pas d'elle, alors qu'elle remettait son couvre chef rapidement. Ses cheveux étaient blonds et longs...

_ Pourquoi tu as remis ta capuche ?

_ Parce que.

J'attendais qu'elle continue mais elle n'en fit rien.

_ Parce que ?

_ Je n'aime pas.

_ Tu n'aime pas quoi ?

_ Être sans capuche.

_ Alors pourquoi, avant que je n'arrive, tu ne l'avais pas ?

_ Parce que, le nouveau, je n'aime pas qu'on me regarde. Avec ma veste et ma capuche, on ne me regarde pas, je passe inaperçue et ça me va très bien.

_ Alors je vais t'apprendre un truc Léonie: tu es loin du compte. Les autres te regardent parce que, justement, ils savent que c'est toi et puisqu'ils ont peur, ils te dévisagent. Moi je pense que si tu mets une capuche, c'est pour ne pas regarder les autres, pas l'inverse.

_ Ah ouais ? Pour toi je suis une froussarde ? Une faible qui n'ose pas regarder les autres ?

_ Non non, ce n'est pas ce que...

_ Laisse tomber le nouveau.

Et elle bifurqua dans la forêt en courant.

_ Léonie, attends !

_ Va te faire mettre le nouveau !

Et derrière un arbre, elle disparue.

_ Jason, tu es un sombre abruti, je me disais à moi même en continuant de suivre la route.

Pourquoi j'avais tant de mal à me faire comprendre ? Je ne voulais pas la vexer ou l'insulter, je voulais... qu'elle arrête de se cacher comme si elle était en danger en faisant face aux autres, qu'elle leur montre qui elle était, ainsi qu'à moi parce que je voulais la connaître autrement que par les rumeurs, et savoir à quoi ressemblait son visage.

Finalement, au bout de plusieurs minutes de marche, je la vis plus loin sur le bord de la route, en train de courir. Pourquoi semblait-elle fuir quelque chose ?

_ La prochaine fois jeune fille, tu ne viendras pas t'aventurer dans les bois lors des périodes de chasse !

Un homme tenant un fusil pointé dans sa direction sorti des bois. Léonie leva son majeur pour lui répondre.

_ Nom de Zeus, viens par ici que je t'apprenne les bonnes manières !

_ Pas le temps vieux grincheux, je vais être en retard !

Elle continua de courir et à un tournant, elle disparue dans la petite ville. Je regardai alors l'heure. Elle a eut raison, nous étions en retard de trois minutes. Alors je décidai d'accélérer le pas et ce fut avec dix minutes de retard que j'entrai en cours.

Lorsque je m'assis, Léonie ne réagi pas, ses écouteurs déjà fixés à ses oreilles. Voyant qu'elle ne voulait pas discuter, je décidai de faire quelque chose digne des enfants d'école primaire: je lui écris un message. Ou plutôt, un mot.

"Pardon".

Je le glissai dans sa trousse. Elle eut un léger mouvement de tête. Elle saisit le petit bout de papier. Elle se mit à écrire dessus. Quand elle eut fini, elle me le tendit. Une écriture en italique et élégante était posée sur le papier.

"Pourquoi tu t'excuse le nouveau ? Pour avoir enfin dit ce que tu pensais de moi ?"

Je m'empressai de lui répondre, en prenant un autre bout de papier.

"Pas du tout. Je me suis mal exprimé. C'est pour ça que je m'excuse. Tu n'es pas une froussarde, loin de là. Seulement, tu utilises ta capuche comme une carapace, faisant que personne ne peut t'approcher et apprendre à te connaitre."

Lorsqu'elle lu ma réponse, elle ne reprit pas son stylo pour me répondre, comme si elle réfléchissait. Sa réponse fini par tomber.

"C'est le but le nouveau. Avant ma capuche, c'était... difficile pour moi, j'étais sans armure. Là, j'ai un minimum de protection et mes écouteurs sont un plus, me permettant d'échapper à toute cette merde dans ce patelin".

"Arrête de m'appeler le nouveau, je suis Jason. Ça fait presque 3 mois que je suis là, tu radotes. Et pour ce qui est de ton armure, tu n'en as plus vraiment l'utilité. C'est bientôt fini les cours, l'année prochaine c'est l'université, les gens ne te connaîtront pas, tu seras une fille parmis tant d'autres. Tu pourras enfin être toi - même. Et tu le peux déjà aujourd'hui pour montrer à tous, même moi, que personne ne peut plus t'atteindre."

Elle lu le mot et cette fois, au moment où elle commençait à écrire:

_ Vous deux au fond, qu'est ce que vous faites ? Des déclaration d'amour par petits papiers ? Demanda le prof.

Immédiatement, Mathéo se retourna vers moi, les sourcils froncés. Je haussai les épaules, en signe d'incompréhension. Le professeur s'approcha de nous et au moment où il allait voir les bouts de papiers, Léonie fit une chose impensable: elle les mit dans sa bouche et commença à mâcher. Les camarades autour de nous firent des bruits de dégoût. En voyant leur tête, surtout celle du professeur, je me retins de rire parce que contrairement aux autres, je trouvai qu'il fallait un certain cran pour faire ça.

_ Allez immédiatement crachez ça à la poubelle jeune fille !

Elle se leva en haussant des épaules, obéi, et se rassise.

_ Quant à vous jeune homme, je vous ais à l'œil.

Il reprit son cours comme si de rien était. Je me tournais vers ma camarade une fois les autres à nouveau concentrés sur le cours, et sur la table j'écris:

"Bien joué".

"Merci" fut sa seule réponse et comme à chaque fois qu'elle me remerciait, je me sentais heureux.

Cette Fille ne sourit plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant