Chapitre 42 - Partez sans moi !

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Avant de quitter la pièce, Freeya s'était précipitée vers un cadran, posé au dessus d'un appareil secondaire. Le boitier qu'elle attrapait était un écran cubique duquel sortait un clavier tactile. Elle avait l'air déterminé, presque sûre d'elle. Alors que tout les autres se précipitaient à l'extérieur, elle entrait des commandes dans un terminal de commande. Dan Lexu, son capitaine, passa une tête bourrue à travers l'embrasure de la porte :

« Freeya, qu'est ce que tu fous ? Les impériaux vont nous escorter dehors, magnes-toi !

— Attendez capitaine, je dois faire une dernière chose.

— Freeya, bon sang !

— Voilà, c'est bon ! »

Ce que Freeya venait de paramétrer dans un tableau de bord n'était autre que la surchauffe des réacteurs à pression. Ces engins avaient été disposés autour du Sanatorium pour alimenter d'impressionnantes plaques sous-terraines capables de défier les puissants geysers de Triton. L'activité de la planète pouvait ainsi poursuivre son cours sans endomager la structure de l'édifice.

En perdant leur source d'énergie, les plaques allaient se comporter non plus comme des catalyseurs de pression mais comme de véritables bombes à retardement. Toute l'énergie habituellement canalysée vers des points de chute se déploierait de manière chaotique sous toute la base architecturale. Cela aurait pour effet de causer la destruction partielle — si ce n'est totale — du Sanatorium.

Un sourire mesquin sur les lèvres, Freeya rejoignit ses compagnons. Après de longues minutes de déambulation dans les couloirs et quelques enjambées maladroites, à risquer de se fouler les chevilles dans une centaine de marche, le groupe parvint à rejoindre la sortie.

Gavarni était agité comme un gardouche — un insecte volant qui avait élu domicile dans les soutes des navires stellaires — et pointait son arme de gauche à droite, de haut en bas ou en diagonale, frénétiquement, le visage secoué d'angoisse. Drake, se sentant responsable, l'interpella aussitôt :

« Gavarni, que se passe-t-il, on n'arrive pas à vous joindre depuis là haut. Et où sont Cortès et le terrien ?

— Euh... Cortès s'est fait emporter par... par une espèce de bête et... le terrien !

— Quoi ? Qu'est ce qu'il y a avec le terrien ?

— Il s'est barré. »

Drake souffla entre ses lèvres pincées. Il fit glisser le bleu de ses iris le long de l'horizon, gardant l'espoir d'apercevoir ses hommes revenir sains et saufs. Derrière sa tenue pimpante d'agent impérial, ses muscles étaient raidis. Ses doigts, recouverts d'une fibre de tissu noir, cramponnaient fermement la garde de son arme. Il la pointait vers le sol, prête à se lever à chaque instant, et observait les alentours. La situation lui avait complètement échappée et cela ne lui plaisait pas.

« Par où a-t-il été emmené ?

— Bah euh...

— Gavarni, où a été emmené Cortès, réponds-moi ! s'impatientait l'impérial.

— Par là, monsieur. répondit-il en pointant une cavité, au loin. »

Drake, imposant son charisme, se tourna vers le groupe de civil qui l'avait suivi. Jade n'était pas loin d'eux et attendait les ordres. Il pointa son index, fusionné à un majeur raidi, en direction de sa camarade, attirant l'attention de tout le monde, puis ordonna :

« Jade, ramène les civils sur l'Ankhatar (pointant en direction du vaisseau). Gavarni, Santia, et Rhodes, vous venez avec moi. »

Deux groupes se créèrent : à la tête du premier, Jade menait la marche. L'équipage se ruait donc vers l'Ankhatar. Sa distance ? Deux longues minutes de marche. Certains, plus lents que d'autres, peinaient à suivre, essouflés. Pour Drake et ses trois marines, ils se déployèrent. Ligne droite. Armes pointés vers les plaines arides de Triton. L'ennemi était là, et il allait encore frapper.

Le Dernier EmpireWhere stories live. Discover now