Chapitre 11 - Une nuit dans le ciel

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On mena les deux terriens dans un centre pharmaceutique. Après leur avoir demandé d'enlever leurs lourdes tenues recouvertes de sable fin, on examina leurs corps. Pouls, tension artérielle, respiration, tous leurs états de santé étaient passés au peigne fin. Abelys ne cessait de poser des question aux médecins sur les appareils qu'ils utilisaient, Karl écoutait avec fascination, cherchant à comprendre le fonctionnement de tout cela.

Pour cet objet qui déployait des traits lumineux sur l'abdomen, il s'agissait d'une sonde par pulsion laser venue des industries Parell. Pour ce boîtier à roulette, la technologie était si compliquée que les médecins eux même ne pouvaient en expliquer le fonctionnement. On leur parlait alors des prouesses de la médecine, de la possibilité de soigner approximativement toutes les maladies de l'espèce humaine.

On leur parla également de la planète Mars, d'où venait l'équipe de médecin en charge de la mission d'ensemencement des gènes résistants dans la population de Hallbearn. Bientôt vint le moment de leur montrer des images d'immenses citadelles jalonnées de tourelles et autres édifices aussi hauts que mille tourelles. Puis l'on préleva leur salive tout en expliquant qu'ils étaient les invités les plus courtois rencontrés jusque là.

Il faut dire que les méthodes étaient assez... impromptues. Emmener quelqu'un dans l'espace, sans qu'il ne s'y attende avait quelque chose de violent. Marcus leur raconta que certains de ses collègues n'hésitaient pas à provoquer des enlèvements ça et là, outrepassant les procédures de sécurité et les lois interplanétaires de protection des populations non spaciennes. Il se voulait rassurant. Il ne l'était pas du tout.

Puis, vint le moment où on laissa les deux terriens seuls, assis tous deux sur des sièges confortables sur lesquels on leur avait prodigué tous les soins possibles. Abelys observait les environs. Tout était lisse, plat et sans âme. La chambre aseptisée ne laissait rien dépasser si ce n'est quelques appareils reliés entre eux par des tuyaux noirs. Profitant d'être seuls, elle lança à son partenaire, assis non loin d'elle :

« Je n'aime pas trop leur attitude. Ils sont narquois et pédants.

- Je suis d'accord, répondit-Karl, mais ils sont fascinants.

- Karl, on doit rentrer, il faut prévenir le village. J'ai parlé à l'un des médecins tout à l'heure, ils savent guérir des maladies, soignent les cancers et prolongent la vie.

- Je ne sais pas. Tout ce bouleversement, nous l'avons encaissé, mais qui sait comment le prendrait Lewis.

- Allons Karl, c'est ton frère, ce sont nos voisins. Ils ont le droit de savoir.

- Tu as entendu comme moi ce que Marcus nous a dit. Ce monde, là dehors, n'est pas fait pour n'importe qui. Il faut être taillé pour ça.

- Au diable Marcus, je ne l'apprécie pas. Derrière sa politesse, il nous dénigre.

- Si nous révélons tout cela au village, cela pourrait diviser les quartiers. Certains voudraient partir, d'autres voudraient rester. Lewis aura un lourd choix à prendre. Je ne le connais que trop bien, il choisira de rester. Il choisira de fuir la vérité.

- Nous pourrons le convaincre, lui dire que c'est pour le bien du village. Pour le bien de tous.

- Non Aby, tu ne comprends pas ! Les familles resteront au village tandis que les plus jeunes, épris d'aventure, quitteront la forteresse pour regagner le Sud et entrer en contact avec les spaciens. N'as-tu donc pas oublié que les premières migrations de squamas vont bientôt commencer ?

- Mais les spaciens pourraient nous aider, justement. Ils doivent avoir des armes, des vivres, des munitions. Ils disent avoir survécu à un raid de squamas, et pourtant ils n'étaient qu'une dizaine. Imagine ce qu'ils pourraient nous apporter.

Le Dernier EmpireWhere stories live. Discover now