Chapitre 15 - Objets non-identifiés

57 10 15
                                    

Les vaisseaux cargos étaient des modules légers destinés à des déplacements courts. L'extérieur de la navette était constitué d'une couche solide de métal gris. L'allure cubique du véhicule spatial dégageait une tranquilité inconfortable. Comme si l'on voyageait dans une boîte scellée. Un cercueil propulsé par un fil de lumière plasmique.

À la proue, une petite excroissance rectangulaire était décorée d'une petite vitre teintée. À droite de la cabine, une longue antenne de plusieurs mètres venait fendre le cosmos. Elle récoltait plusieurs données et les injectait dans un tableau de bord intérieur, aussi étroit que le cockpit. Dans l'appareil, il n'y avait que très peu de place pour les occupants.

Seulement une dizaine de mètres séparait l'avant de l'arrière. Deux sièges à l'avant observaient les étoiles tandis que la longueur du véhicule était bordée de deux bancs en matelas renforcés. Le confort était minimal, mais suffisant. Karl et Abelys étaient assis l'un en face de l'autre, attachés par des lanières de sécurité que le scientifique leur avait accroché comme il l'aurait fait pour des enfants.

Marcus, lui, était aux commandes à l'avant. Il tapotait quelques boutons sur son tableau de bord et pliait des manettes au plafond. Dans la cabine, une étrange odeur de coussin aéré titillait les narines d'Abelys. Elle trouva tout cela insipide, triste et morbide. Néanmoins, elle se garda de faire le moindre commentaire sur la décoration. Peut-être les spaciens préféraient la praticité à l'élégance.

Karl, quant à lui, était plongé dans ses pensées, la tête tournée vers l'avant de l'appareil, observant les étoiles. Il n'arrivait toujours pas à s'expliquer toute cette magie. L'espace, les planètes, les transporteurs. Plus il s'avançait dans cet univers, plus il éprouvait une désagréable sensation de malaise vertigineux. Autour de lui, des trappes, des poignées, des panneaux sur lesquels étaient écrits des choses insensées. Il comprenait tout et rien à la fois.

Marcus claqua sa langue, attirant l'attention des deux terriens derrière lui. Il lâcha quelques jurons et déploya un long tube du plafond, au bout duquel pendait deux lunettes qui épousaient la forme d'un front. Il y cala sa tête et poussa un long soupir angoissé.

« Mais qu'est ce que c'est que ça ?

- Quoi donc ? Demanda Abelys, curieuse. »

Elle n'eut pas de réponse, il relâcha ses jumelles qui se rangèrent automatiquement et fit pivoter son fauteuil sur la gauche. De la poussière se dégagea dans l'habitacle. Il souffla sur un cadran et marmonna quelques injures de nouveau. Sur l'appareil, un cercle blanc presque fermé se mit à tournoyer au centre. Marcus resta quelques instants à observer la petite forme tournoyer, concentré sur son affaire. Abelys vint chercher Karl du regard, qui ouvrit grand les yeux en tirant ses lèvres vers le bas, l'air de dire : « Je ne sais pas ».

Tout à coup, un bip se fit entendre. Le visage de Flavius se matérialisa sur l'écran :

« Flavius ! Que se passe-t-il sur la station, nous voyons de drôles de choses depuis l'oculeur.

- Monsieur Physalus, la stati... *krrr* ...taquée par une ruche de noptères, nous sommes confinés dans les quart... *krrr* ...rieurs, les créa... *krrr* ...pargnent aucun citoyen. C'est une vérit... *krrr* ...oucherie !

- Une ruche vous dites ? Comment cela peut-il être possible ? Les ruches sont confinés dans les nasses coloniales depuis des années.

- Je ne saur... *krrr* ...quer, mais un essaim de nop... *krrr* ...rend à la station de Hallbearn. Il faut prév... *krrr* ...torités, c'est un massacre. C'est...

- Qu'y a-t-il Flavius ? »

L'écran était brouillé par des parasites. De la neige venait balayer régulièrement l'image du jeune scientifique en déformant le reflet de son visage. Karl fronça les sourcils. Cela - il pouvait le comprendre - n'annonçait rien de bon. Marcus frappa sur le côté de la tablette pour rétablir le contact, et poursuivit d'une voix paniquée :

Le Dernier EmpireWhere stories live. Discover now