Une nouvelle passion

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Un matin, Odd descendit au petit salon pour voir ce que ses sœurs faisaient. L'adolescent était très fatigué et dormait habituellement jusque tard dans la matinée. Il n'était que 9h ce jour-là, il était réveillé tôt, pour une fois. Sans doute à cause de la chaleur étouffante du mois d'août qui venait de débuter.

Il n'y trouva que Pauline et Louise, qui l'informèrent que les autres étaient déjà parties à la plage. Odd remarqua une importante quantité de pots de peinture sur la table basse. Ses deux sœurs portaient toutes les deux des tabliers sur lesquels on pouvait dénombrer de nombreuses tâches de peinture, elles les avaient visiblement beaucoup portés. Odd était intrigué.

« Tu veux te joindre à nous ? »

Pauline lui avait posé la question en souriant, mais il remarqua que Louise semblait mal à l'aise.

« Je ne savais pas que vous faisiez de la peinture, les intellos. C'est pas vraiment votre style. »

Odd se demandait ce qu'il avait pu rater d'autre à cause de ses grasses matinées. D'abord les médicaments de Louise et maintenant de la peinture. Ses sœurs étaient vraiment pleines de surprises.

« Ce n'est pas parce que je travaille dans le marketing et que Louise veut être ingénieure qu'on ne peut pas se divertir dans d'autres domaines, Odd. »

Le jeune blond s'approcha de la table basse autour de laquelle ses sœurs étaient assises. Il voulu regarder la feuille de Louise, mais celle-ci la dissimula contre sa poitrine, ce qu'Odd ne comprit pas. Il se pensait plus proche d'elle que ça, malgré leur récent éloignement. Elle ne lui faisait visiblement plus confiance.

L'ainée prit délicatement le poignet de sa sœur afin de lui faire reposer le dessin, avant de se tourner à nouveau vers Odd, l'air grave.

« Odd, tu te souviens de ce qui s'était passé au collège pour Louise ? »

Le jeune homme acquiesça. Évidemment qu'il s'en souvenait, c'était à cause de ça qu'il avait été envoyé à Kadic, à l'autre bout du pays.

« Le harcèlement n'est pas sans conséquences, tu sais. Et Louise en subit encore les séquelles aujourd'hui. »

Ça, Odd ne s'y attendait pas. Il pensait que tout cela était dans le passé, puisque Louise était désormais au lycée. Il avait remarqué que Louise n'était plus aussi bavarde qu'avant depuis son retour, mais il ne pensait pas que c'était lié.

« J'en ai discuté avec une amie de la fac qui a vécu la même chose. Elle m'a dit que ce qui l'avait vraiment aidée était d'aller voir un spécialiste, un psychologue. Ou plutôt une psychologue dans notre cas. Cela fait plusieurs mois que Louise y va toutes les semaines et la docteure Bujart lui a, entre autres, conseillé la peinture afin d'extérioriser son stress. Et ça marche plutôt bien. Pas vrai, Louise ? »

Sa sœur ne répondit pas. Elle n'osait pas regarder Odd, ce qui peina son frère. Ne sachant quoi dire, il se contenta de prendre une feuille et de s'installer avec ses deux sœurs.

Odd ne vit pas passer le reste des vacances. Il passait son temps avec Louise à peindre. Celle-ci avait recommencé à s'ouvrir à lui. Odd avait pris le relais de Pauline qui n'avait pas autant de vacances qu'eux, étant désormais entrée dans la vie active. Il se sentait coupable. Les deux plus jeunes de la fratrie sortaient parfois à la plage avec leurs autres sœurs, à différentes heures de la journée, pour peindre les différents paysages aux alentours de chez eux.

Louise allait un peu mieux, elle parlait et souriait plus. Il ne faut pas se voiler la face, la peinture n'est pas une solution miracle. En réalité, ce n'était pas tellement le fait de peindre qui avait un effet positif sur elle, mais plutôt le fait de passer du temps avec son petit frère. Les deux adolescents étaient à nouveau proches comme ils l'étaient quelques années auparavant. Odd aimait d'ailleurs plus peindre que sa sœur, pour qui c'était simplement une façon de décompresser. Comme c'était les vacances d'été, elle n'avait pas autant de raisons de stresser qu'en période scolaire, même si elle appréhendait l'approche de la rentrée.

Marguerite et Robert rentrèrent dans la deuxième moitié du mois d'août, à quelques jours d'intervalles. Ils n'avaient pas vu leurs enfants de l'été, ce qui ne semblait pas tellement les préoccuper. Ils ne firent aucune remarque lorsqu'ils trouvèrent, un matin, peu après leur retour, leurs deux plus jeunes enfants en train de peindre. Ils devaient simplement voir cela comme une énième preuve que l'art faisait partie de l'ADN des Della Robbia. Ils les complimentèrent, évidemment, c'était tout ce qu'ils savaient faire. Ils n'étaient même pas au courant des problèmes de santé mentale de Louise, c'était Pauline qui payait pour toutes les séances de sa petite sœur. C'était elle qui avait pratiquement toujours tout payé, après tout.

Odd comprit que donner la vie ne suffisait pas à être parent, et que, parfois, ce n'était même pas une condition nécessaire.

Après Lyoko [Code Lyoko]Where stories live. Discover now