Après Lyoko [Code Lyoko]

Fils unique

Cela faisait déjà deux bonnes semaines qu'Ulrich était rentré au manoir et il évitait son père comme la peste. Il ne pouvait pas lui faire face. Il lui en voulait trop.

Il repensa aux reproches que ses amis lui faisaient à cause de sa jalousie parfois excessive, notamment envers William, quand celui-ci était trop avenant avec Yumi. Ulrich savait bien qu'il n'était pas normal d'être jaloux à ce point, mais comment pouvait-il en être autrement quand il savait que son père avait déjà trompé sa mère à plusieurs reprises, alors qu'ils étaient ensemble depuis la fin de leurs années lycée ? En effet, ce n'était pas la première fois qu'il voyait une femme sortir ainsi du bureau de son père.

Le jeune homme ne savait pas comment se comporter avec sa mère. Était-elle au courant ? Faisait-elle la même chose de son côté ? Il n'était pas sûr de vouloir le découvrir, alors il l'évitait elle aussi.

Un matin, un mois après son retour, en descendant prendre son petit-déjeuner, l'adolescent entendit des rires en provenance de la cuisine. Les rires d'une femme. Son père l'avait donc fait, il avait laissé une femme qui n'était pas sa mère passer la nuit chez eux.

Décidé à confronter son père et à lui montrer tout le dégoût qu'il éprouvait à son égard, Ulrich ouvrit brusquement la porte de la cuisine. Ce qu'il vit le surprit. Le rire féminin était celui.. de sa mère ? Il n'avait pas entendu sa mère rire depuis bien longtemps.

« Ulrich, tu es déjà réveillé ? Tu devrais dormir plus, tu es en grandes vacances après tout ! »

« Ta mère a raison, mon grand. Tu as bien travaillé cette année, tu mérites bien de te reposer ! »

L'intéressé était bouche-bée devant la scène qui se présentait à lui : ses parents, le sourire aux lèvres, qui lui conseillaient de se reposer en le félicitant de ses résultats scolaires.

« Ulrich ? Qu'est ce qu- »

Le jeune homme sentit que des larmes commençaient à couler le long de ses joues. Il ne pouvait supporter que ses parents jouent au couple parfait après la scène à laquelle il avait assisté le jour de son retour. Il tourna les talons et parti se réfugier en courant dans sa chambre.

Il pleura pendant de longues minutes, n'arrivant pas à comprendre ce qu'il venait de voir. Il n'avait pas vu une telle scène depuis de nombreuses années, pas depuis le jour de l'accident. Il ne voulait pas se rappeler de cette journée, il savait que c'était à partir de là que tout s'était détérioré et que sa famille s'était disloquée.

Ulrich avait récemment fini son année de CM1 lorsque l'accident se produisit. Sa mère était enceinte d'un peu plus de cinq mois et son père était au petit soin avec elle. Ulrich aussi était aux petits soins, il était pressé d'accueillir sa petite sœur et de devenir le meilleur grand frère de la planète. Il s'était déjà promis de la protéger coûte que coûte et de faire d'elle une vraie guerrière, comme lui. Avec son père, ils préparaient sa future chambre en la peignant de toutes les couleurs. C'était les grandes vacances et ils pouvaient s'y consacrer pleinement. La mère d'Ulrich était dans la chambre parentale, en train de se reposer. Le manoir était bien vivant à l'époque. Les Stern avaient même un jeune chiot nommé Caramel qui gambadait frénétiquement aux quatre coins du manoir.

Ulrich enfonça sa tête dans son oreiller, il ne voulait pas s'en rappeler davantage. C'était trop dur. Il pensa brièvement à Kiwi, le chien de Odd. Ce sac à puces lui manquait presque. Fatigué des larmes qu'il avait versé, l'adolescent se rendormit.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit que son réveil affichait midi passé. Il se remémora les événements de la matinée et les souvenirs que cela avait évoqué mais il ne s'y attarda pas davantage, il n'aimait pas pleurer. Cela faisait des années qu'il n'avait pas versé autant de larmes et il ne voulait pas reprendre ses vieilles habitudes.

Il fut tenté de rester au lit tout la journée mais les bruits que faisaient son estomac l'en dissuadèrent. Il fallait qu'il se mette quelque chose sous la dent, même s'il avait peur de recroiser ses parents en s'aventurant dans la cuisine.

Prenant son courage à deux mains, les gargouillements de son ventre se faisant de plus en plus bruyants, il descendit discrètement en direction de la cuisine. Le rire de sa mère ne résonnait plus dans le manoir, ce qui le rassura et l'attrista en même temps. Peut-être que les événements de la matinée n'avaient été qu'un rêve. Oui, cela lui paraissait beaucoup plus crédible.

En ouvrant délicatement la porte de la cuisine, il comprit vite qu'il avait été trop optimiste. Il n'avait pas rêvé.

Ses parents étaient toujours là, mais sa mère ne riait plus. Ulrich comprit qu'ils l'attendaient.