23. bus.

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Matthijs baille pour la énième fois de la journée en montant dans le bus officiel de l’Ajax Amsterdam. Il ne sait même pas comment il parvient à tenir encore debout après la nuit presque blanche qu’il a passé. Ses coéquipiers rient et parlent de sujets et d’autres, alors qu’il s’assoit à sa place habituelle—au milieu du car, contre la fenêtre. Il clôt ensuite ses paupières avant de soupirer. 

Matthijs ne s’inquiète pas spécialement pour le match contre Feyenoord. Même si tout va très vite dans le football, le jeune capitaine sait très bien qu’une fois qu’il sera sur le terrain, il sentira l’adrénaline se propager dans ses veines. Sa volonté de défendre les couleurs de son club le poussera d’autant plus à mener ses coéquipiers vers la victoire, et à remplir les supporters ajacides de fierté. Matthijs est certain qu’une fois qu’il foulera la pelouse, entendra les hurlements provenant des gradins, sa fatigue disparaîtra. Mais son esprit, en revanche, ne parviendra sans doute pas à oublier les yeux azurs d’Annekee.

Quelques heures auparavant, ils étaient tous les deux sur un bâteau-mouche en train d’effectuer le tour de la vieille ville d’Amsterdam sur les canaux.  Ils se sont ensuite baladés dans les rues les plus fréquentées de la cité néerlandaise, puis ils se sont rendus dans une brasserie pour manger quelque chose de chaud. C’était très agréable, et même si Annekee était extrêmement triste, Matthijs peut assurer qu’elle s’est sentie beaucoup mieux au cours de leur virée. Le footballeur l’a ensuite ramené chez sa mère sur les coups de huit heures. La jeune femme devait se changer pour assister à des cours à l’université, tandis qu’il fallait qu’il se rendre au centre d’entraînement pour préparer le match de cette après-midi.

— Hé, Matt, Frenkie le salut avant de s’installer à côté de lui dans le bus. Ca va, mec ? T’as l’air complètement ravagé.

Matthijs hoche la tête. Son meilleur ami, le nez retroussé, entoure sa nuque de ses mains et lui accorde un regard appuyé. Il ne fait nulle doute qu’il s’inquiète pour la santé de son capitaine, ce qu’il ne manque pas de lui faire savoir sur le ton de la plaisanterie : 

— Il faut dormir la nuit, tu le sais, ça ?

Matthijs retient à peine un autre bâillement. 

— Oui, je le sais. 

— T’étais stressé ? Frenkie allègue, tout en sachant pertinemment que ce n’est pas la raison des cernes sous ses yeux et de son teint pâlichon. Par rapport au match.

Son silence le font rouler des yeux et soupirer. Frenkie doit toujours pousser un peu Matthijs pour qu’il lui avoue des choses gênantes, malgré le fait qu’ils se connaissent depuis longtemps et qu’ils ont une confiance aveugle l’un envers l’autre. Le milieu de terrain néerlandais décide alors de le taquiner un peu. 

— D’accord, meilleur ami. 

Matthijs bougonne, le maudissant. Au bout de quelques secondes, il finit par lâcher une bombe sur le ton de la confidence. 

— OK, j’étais avec Annekee. 

Frenkie lâche un sifflement ahuri à cette révélation, attirant ainsi l’attention de leurs autres coéquipiers. Matthijs rougit légèrement, puis il enfouit son visage dans ses mains en lui demandant d’être plus discret. Il ne veut pas que tous ses amis et ses collègues se mettent à le chambrer parce que Frenkie n’a pas assez fait attention à ses paroles. Les entraînements deviendraient un enfer, sinon. 

— Alors, elle et toi, vous... ? Enfin, tu vois de quoi je parle. Vous êtes officiellement ensemble ?

— Non, Matthijs secoue la tête, avant de se mordre l’intérieur des joues. Pas encore.

Confus, Frenkie fronce les sourcils. 

— Qu’est-ce qui vous en empêche ? Elle ne partage pas tes sentiments ?

— Je sais pas, Matthijs hausse les épaules. Je pense qu’elle m’aime bien, mais c’est pas le bon moment pour l’instant. Les choses sont compliquées, je préfère attendre que la situation se stabilise et que tout aille pour le mieux pour lui faire comprendre que je veux quelque chose de sérieux avec elle. Enfin, de toute façon, je crois qu’elle l’a déjà compris. Sauf j’ai pas envie de lui mettre la pression en insistant, tu vois ?

— Ouais, je vois, Frenkie approuve d’un sourire taquin—ce qui rend Matthijs perplexe. 

— Pourquoi est-ce que tu souris ?

— Parce que t’es trop mignon, Frenkie rétorque, pinçant sa joue droite, et le capitaine de l’Ajax ricane avant de se débattre pour se soustraire à son emprise. 

Ils se chamaillent un moment, avant que Dusan ne tape sur leur siège pour leur intimer d’arrêter de gigoter. 

— Essaye de te reposer maintenant, Frenkie déclare. Si le coach te voit avec ces valises sous tes yeux, je te garantie qu’il ne sera pas content.

Matthijs grimace car son meilleur ami a raison. Il s’apprête alors à laisser glisser sa tête contre la fenêtre, puis à fermer les yeux, lorsque tout d’un coup, il reçoit une notification. C’est un message de Annekee, qui s’excuse et lui souhaite bon courage pour le match que l’Ajax se prépare à disputer. Son coeur rate un battement tandis qu’il se sent sourire bêtement. Elle ajoute qu’elle va suivre la rencontre avec beaucoup attention. Matthijs se sent si heureux à ce moment précis, et si en colère contre lui-même aussi. Il doit agir rapidement.  

Au cours de ces heures passées avec lui, Annekee lui a beaucoup parlé de son père, de sa meilleure amie qui lui manque terriblement, et de ses nouveaux rapports avec sa grande soeur. Finalement, elle a accepté de lui raconter la nature des relations ignobles qu’elle entretenait avec sa mère. Matthijs a rapidement assemblé les pièces du puzzle qui lui manquaient. Lorsqu’il a ensuite dû la raccompagner, le jeune défenseur avait la boule au ventre. Il ne voulait pas déposer Annekee chez cette femme qu’il soupçonne dotée des pires vices, mais ça aurait été bizarre, voire complètement déplacé, de lui proposer de s’installer chez lui. 

Cependant, une chose est sûre : il ne la laissera pas dans cette maison une semaine de plus. 

KETTING┃m.de ligt (✓)Where stories live. Discover now