12. restaurant.

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Matthijs se précipite vers la sortie de la boîte de nuit, à la recherche d’une jeune femme avec une veste rouge, bleue et blanche. Il sait exactement à quoi le visage Annekee ressemble ; le bout de son nez se relève un peu, ses lèvres sont joliment ourlées, et juste autour de sa lèvre, elle a une petite cicatrice en forme ovale. C’est presque effrayant qu’il parvienne à se souvenir de tant de petites choses. Il n’arrive pas à sortir ses yeux azurs de son esprit. Il se rappelle même de son parfum—une délicieuse senteur de hespéridé et de musc.

Matthijs cligne des yeux et laisse ses yeux s’adapter à la lumière aveuglante du soleil. Elle n’a pas pu aller très loin, n’est-ce pas ?

Gauche ou droite ? Matthijs connaît parfaitement Amsterdam, mais ça ne l’aiderait que s’il sait où elle est allée. Soudain, il se sent de nouveau en colère contre Nicolaes pour avoir jeté son numéro à la poubelle. Puis, il se sent stupide pour l’avoir laissée partir sans obtenir ses coordonnées l’avant-veille. Pourquoi était-elle si pressée de s’en aller ? Il a plus de questions qu’il ne détient de réponses à présent, et la distance entre eux ne fait que s’agrandir.

Matthijs tourne finalement à droite et commence à courir vers le coin d’une rue. Et si Annekee était plutôt partie vers la gauche ? En attendant que le feu du passage pour piétons change, il se retourne, comme si elle risquait de se tenir juste à côté de lui. Mais, bien sûr, ce n’est pas le cas. Le feu devient vert et Matthijs traverse la rue. Il n’y a pas grand chose de ce côté de la ville, mais il conserve sa direction en essayant d’ignorer du mieux possible les regards insistants des passants et les flashs des appareils photos.

Matthijs marche encore un bon kilomètre, avant de commencer à ressentir une drôle de sensation. Annekee est belle et bien partie. Il ralentit en réalisant que c’est une entreprise insensée que de la chercher, ne sentant plus le besoin de se promener dans les rues bondées d’Amsterdam. Sa main se glisse dans la poche de sa veste, vérifiant que le collier de la jeune femme est toujours présent. De son autre main, il se frotte les yeux, soudain épuisé. Son téléphone se met tout un coup à sonner et sans regarder, il sait déjà de qui il s’agit.

— Quoi, Donny ? Matthijs grogne, exaspéré.

— T’as trouvé ton Annekee imaginaire ? Donny le taquine, et les doigts de Matthijs se contractent autour du pendentif. Bon, je vais prendre ton silence pour un non.

Matthijs peut entendre le sourire sur le visage de son coéquipier. Son sang commence à bouillir de colère, pas seulement à cause des mots de Donny, mais parce que l’univers tout entier semble s’être ligué contre lui.

— Non, je l’ai pas trouvée, Matthijs admet, les dents serrées.

— Capi, à quoi est-ce que tu t’attendais ? Donny rit, et il sonne plus sympathique. Qu’elle tomberait sur tes genoux, folle amoureuse de toi, et que vous vivriez heureux jusqu’à la fin des temps tous les deux ?

Matthijs sent ses joues brûler sous le coup de l’embarras. En réalité, il pensait que ce serait aussi facile que Donny vient de le décrire. Il aurait croisé Annekee dans les rues, et ils vivraient ce moment où le temps semble s’arrêter, puis elle aurait souri et tout aurait été comme dans un film. Malheureusement, la vie n’est pas aussi idyllique que les pensées de Matthijs. Même s’il sait qu’elle a ressenti cette sorte de connexion entre eux elle aussi lorsqu’ils ont dansé ensemble, il est bien conscient qu’elle pourrait ne pas accepter de le revoir ensuite.

Pour commencer, Matthijs doit déjà la retrouver.

— Te sens pas mal, t’es jeune et stupide, Donny plaisante.

Lassé, Matthijs cesse de marcher et pénètre dans un petit restaurant familial. C’est sans doute une mauvaise idée au vue de sa notoriété—surtout qu’il ne veut pas prendre des photos et discuter avec des gens adorables, recevoir tout leur amour et leur soutien pour le moment. Mais il a vraiment besoin de s’hydrater, alors peu importe. Lorsqu’il s’assoit à une table, il passe une main dans ses cheveux et souffle.

— Je me sens stupide, Don.

— T’es stupide, Matt, Donny réplique, mais les taquineries sont à présent terminées. Ecoute, on a tous eu ‘cette fille’. Hakim, Frenkie, Dušan—bon, lui, il s’est marié avec la sienne. Moi aussi, je l’ai eu. On a tous notre Annekee.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Cette fille, tu sais rien à propos d’elle, mais t’es incapable de te la sortir de la tête, j’ai tort ? Donny fait une courte pause. T’as pas à avoir honte, t’es encore jeune—

— Don, calme-toi, t’as juste trois ans de plus que moi, Matthijs le coupe, agacé, tandis qu’un serveur lui apporte un verre d’eau. Merci.

— Pour quoi ?

— Pas toi ! Matthijs soupire, avalant quelques gorgées avant de reprendre. J’ai juste… Je sais pas quoi faire maintenant. Je peux pas jeter ce collier, je me sentirai horrible.

Il repense à Nicolaes qui a jeté le numéro de téléphone d’Annekee quelques minutes seulement avant son arrivée à l’Escape. Si le barman avait attendu juste cinq minutes de plus, Matthijs aurait pu contacter la jeune femme. La vie est si mal faite.

— Alors le jette pas, Donny réplique, et Matthijs se met à rire.

Pendant toute la mâtinée au centre d’entraînement, son ami lui a conseillé de s’en débarrasser au plus vite en le foutant dans une poubelle ou en le balançant sur un trottoir. Visiblement, il semble avoir changé d’avis.

— Ecoute, garde-le. Mets le quelque part dans ta maison, je sais pas. S’il est si important pour toi, garde-le.

Matthijs acquiesce, même si Donny ne peut pas le voir, puis avale la deuxième moitié de son verre d’eau. Ils discutent encore quelques minutes, avant que son ami lui dise qu’il doit accompagner son petit neveu à un rendez-vous médical. Il pilone encore les émotions de Matthijs, lui conseille de ne plus penser à Annekee, et raccroche rapidement avant qu’il ne puisse répliquer quelque chose en retour. Au même moment, le serveur revient et Matthijs prend enfin le temps de lire son nom sur son badge.

Johannes.

KETTING┃m.de ligt (✓)Where stories live. Discover now