09. aide.

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— Bordel, où est-il ? Où est-ce que j’ai foutu ce collier, putain ? Annekee hurle à bout de nerfs, fouillant activement sa chambre à la recherche de son pendentif perdu.

Il est si petit qu’il pourrait être n’importe où dans la maison. Elle a arraché ses draps du lit et les a balancés dans le couloir, a vérifié à plusieurs reprises dans son panier à linge pour s’assurer qu’elle ne l’avait pas retiré avant de partir de chez Sigrid deux jours auparavant. Tous ses vêtements sales ainsi que les affaires qui trônent sur son bureau ont été jetés à travers la pièce, jonchant désormais la moquette. Elle a également vérifié à l’intérieur de son sac, en vain.

Annekee a même appelé Johannes pour lui demander de chercher au restaurant et dans l’appartement. Il lui a dit avoir fouillé partout—même Ernestina s’y est mise—mais le collier n’est tout simplement pas là. Et s’il est tombé dans le taxi ? Annekee ne peut pas se rappeler dans quel taxi elle est montée et même si elle s’en souvient, il n’y a aucune chance pour qu’il soit toujours là. Quelqu’un a dû le ramasser et le prendre. Ou peut-être que...

Peut-être que quelqu’un est parti le donner à un videur ou à un barman de l’Escape.

— Oh, de qui est-ce que je me moque ? Annekee secoue la tête, se trouvant stupide.

Désespérée, elle se laisse glisser sur le sol avec un bruit sourd. Sa gorge se resserre et ses yeux brûlent de larmes trop longtemps contenues. Malgré tout ce que sa mère et sa grande sœur lui font subir depuis des semaines, Annekee n’a pas pleuré depuis le jour où elle a enterré son père. Elle refusait de verser des larmes pour des choses inutiles. Sauf que cette fois, ce n’est pas le cas. Sigrid ne l’a pas laissée garder beaucoup d’affaires issues de son ancienne vie à Utrecht, alors ce collier est pratiquement la seule chose qui lui rappelle Gustaaf.

Par habitude, Annekee tend la main pour agripper l’or rassurant de son pendantif, mais ne sent que sa peau froide. Passer ses doigts sur la croix et les mots gravés l’aider à se calmer en cas de besoin, comme maintenant. Elle n’a jamais fait face à des problème sans lui. Comment est-elle supposée vivre si la dernière chose matérielle qu’elle tient de son père n’est plus en sa possession ? Quelques larmes perdues roulent sur ses joues, abreuvent ses lèvres. Elle les sèche avec sa manche et soupire.

Annekee doit se reprendre si elle veut avoir une chance de le retrouver.

— Annekee ? Leen l’appelle en entrant dans la pièce, et ses yeux s’écarquillent en voyant l’état de la chambre de sa petite sœur. À croire qu’un ouragan vient de la traverser. Que s’est-il passé ici, bon sang ? Tu ferais mieux de nettoyer ta chambre en vitesse et de commencer à préparer le repas avant que Maman n’arrive et ne voit tout le bordel que tu as foutu dans ta chambre.

— Dégage, Leen, Annekee tonne depuis la salle de bain. Je suis occupée là.

Peut-être qu’il est tombé dans le siphon quand elle a pris une douche ? Elle cherche frénétiquement son collier depuis près de quarante heures, et elle sent qu’elle commence à devenir folle.

— Tu as perdu quelque chose ? Leen fredonne.

— Ouais, j’ai perdu quelque chose, comme tu peux le constater. Donc s’il te plaît, laisse-moi tranquille pour une fois.

Annekee se redresse ensuite, tire le rideau de douche attenant à sa chambre et décide de fouiller dans la baignoire. Comme s’y attendait, elle ne distingue aucune chaîne en or. C’est débile, elle s’est douchée hier et ce matin, alors elle aurait remarqué son collier s’il avait été là. Ses mains se mettent à trembler d’une façon incontrôlable, sa respiration se bloque et elle panique d’autant plus en comprenant qu’elle est en train de faire une crise de panique.

Au même moment, Leen entre dans la salle de bain.

— Qu’est-ce que c’est ?

Annekee essaye de reprendre son calme, péniblement. Quelques secondes plus tard, elle soupire fort en fermant le rideau. Elle ne sait même pas pourquoi elle s’abaisse à répondre à sa grande soeur. Ce n’est même pas comme si ça l’intéressait. Leen se fiche de sa vie comme de sa première couche culotte.

— Mon collier, la croix.

— Tu veux pas en acheter un autre ? Leen suggère, ce qui la met en colère. Il existe, genre, des centaines de bijouteries à Amsterdam.

— Non, il appartenait à mon père, Annekee claque furieusement, et Leen hoche la tête en comprenant désormais que c’est bien plus qu’un simple bijou qui peut être remplacer. Alors je ne peux pas juste en acheter un autre, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je cherche de partout et que j’ai retourné la maison. Alors oui, je sais que je dois tout nettoyer et commencer à préparer le repas avant que Sigrid ne rentre et pète sa crise quotidienne.

Dans sa rage, Annekee se remet à pleurer. La soirée à l’Escape avec Johannes fut l’unique moment durant lequel elle s’est autorisée à se détendre. Elle a passé du bon temps avec cet inconnu—Matthijs—, a réussi à relâcher momentanément la pression des cours, du boulot et de son environnement familial étouffant. Cependant, ce court instant d’euphorie lui a coûté qui la rattache à son père. Au moins, elle se dit que ça lui servira de leçon. Peut-être bien qu’elle n’a pas le droit d’être heureuse, après tout.

— Putain, Annekee jure en se détournant, presse ses doigts sur ses paupières pour empêcher les larmes de se former au coin de ses yeux.

— Je vais aller faire ton lit, Leen murmure, sans doute prise de pitié.

En temps normal, Annekee l’aurait sûrement envoyée bouler. Mais Leen fait preuve d’une humanité si rare et elle est émotionnellement lessivée, alors elle laisse les commentaires aigries se dissoudre dans sa bouche. A la place, elle se contente seulement d’accepter l’aide de sa grande soeur, et de la remercier une fois qu’elle a quitté la pièce.

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