14. rooftop.

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— Ouah, c’est vraiment incroyable, Annekee souffle, impressionnée.

Ses yeux bleus sont rivés sur la vue imprenable d’Amsterdam qui se profile devant elle. Au loin, elle peut clairement distinguer le port qui s’étend d’est en ouest jusqu’à la mer du nord et qui comporte certains des bâtiments les plus audacieux de la ville. Matthijs la contemple avec un sourire avant de lui tendre un thermos de thé chaud et un plaid moelleux. Il commence à faire frais sur le toit du gratte-ciel où ils se sont installés, il ne veut pas risquer que Annekee tombe malade.

— Mes parents ont emménagé ici uniquement pour la vue après qu’on soit arrivés à Amsterdam, Matthis explique. Ma mère est tombée sous le charme du paysage, et depuis, elle n’a pas voulu quitter cet appartement.

Annekee se fige complètement. Après son service au restaurant, elle est montée à l’étage pour prendre une douche et a emprunté une jupe et un col roulé dans le tiroir de Magda. Elle n’a pas attendu Matthijs très longtemps, et ils se sont mis à rouler en direction d’un endroit surprise. Ils ont écouté de la musique en riant dans la voiture. Annekee ne se serait jamais doutée une seule seconde que le footballeur l’emmenait chez sa famille. Elle a un soudain coup de pression. 

— Tes parents sont ici ?

— Non, Matthijs rit en secouant la tête, amusé par son effroi. C’est un peu tôt pour que tu les rencontres, tu ne crois pas ? 

Annekee finit par se détendre à sa plaisanterie et esquisse de nouveau un sourire. Elle s’enfonce dans son pouf géant, portant ensuite son verre de thé fumant à ses lèvres. Matthijs ne se rend pas compte qu’il la fixe jusqu’à ce qu’elle relève la tête vers lui, surprenant ses regards trop appuyés. Il perd un court instant contenance, puis baisse les yeux sur ses mains jointes. Ce n’est pas de sa faute si elle est si belle.

— En fait, ils sont partis rendre visite à ma tante à Eindhoven avec mon petit frère et ma petite sœur. 

— Oh, tu as des frères et sœurs ? Annekee se redresse, intéressée. 

— Ouais, Matthijs acquiesce avec une certaine fierté dans la voix. Wouter et Fleur, ce sont des jumeaux. Ils ont treize ans, je ferai vraiment absolument tout pour eux. Quand quelqu’un les embête au collège, je veux être le premier à le savoir. 

— C’est adorable, Annekee sourit, attendrie par cette facette qu’elle découvre. Ils ont beaucoup de chance de t’avoir.

— C’est moi qui ai de la chance, tu veux dire ! À chaque fois que j’ai un coup de mou, ils sont là pour me consoler, Matthis fait, et Annekee sent son coeur se ramollir parce qu’elle constate que sa famille est vraiment importante pour lui. Et toi, tu as des frères et sœurs ? 

Annekee se tend légèrement, mais c’est assez pour que le footballeur le remarquer et se pince les lèvres. C’est visiblement un sujet sensible en ce qui la concerne, et il se sent stupide pour l’avoir abordé. Pourtant, Annekee tente de paraître la plus détendue possible tandis qu’elle hausse les épaules, d’un air faussement nonchalant :

— J’ai une grande sœur, Leen, mais on n’est pas très proches. On a été séparées quand on était plus jeunes parce que nos parents ont divorcé, et on n’a pas su conserver le contact. Aujourd’hui, on n’a plus grand chose à se dire toutes les deux.

Matthijs n’a pas l’occasion de rétorquer quoi que ce soit, puisque déjà, Annekee essaye de faire basculer la conversation vers un autre sujet. Elle semble assez mal à l’aise parce qu’elle s’est dévoilée face à ce qui reste pour elle un total inconnu—très célèbre, certes. Elle aimerait sans doute avoir la même relation avec Leen que Matthijs entretient avec ses benjamins. 

— Alors comme ça, tu n’es pas originaire d’Amsterdam ?

— Non, mes parents ont emménagé ici quand j’avais dix ans, Matthis répond, se prêtant au jeu. On vivait à Leiderdorp avant que j’intègre le centre de formation de l’Ajax. Ce déménagement constituait aussi une bonne opportunité professionnelle pour eux, alors ils n’ont pas été trop tristes de tout quitter. On s’est tous adaptés très vite.

— J’espère en faire autant, Annekee soupire, et devant son expression interrogatrice, elle ajoute, nostalgique. Utrecht me manque. 

Matthijs fait rapidement le rapprochement. 

— Ah, d’où la veste que tu portais cette après-midi. 

— C’est mon père qui me l’a achetée. Il était un grand fan de foot. Il connaissait les noms de tous les joueurs de chaque club d’Eredivisie sur le bout des doigts. Je ne me suis jamais vraiment intéressée à sa passion, même si ça me rendait heureuse de le voir hurler de joie à chaque fois devant les matchs de son équipe favorite. 

Annekee parle de lui au passé, avec une tristesse teintée de mélancolie. Matthis comprend aussitôt que Gustaaf n’est plus de ce monde, alors il tend ses doigts pour saisir les siens. Il la trouve courageuse, mais il ne peut pas s’empêcher de serrer sa main dans la sienne, comme pour lui témoigner son soutien. Matthijs ne s’imagine pas un instant vivre sans un de ses deux parents. Ce doit être une souffrance indescriptible. 

— Il doit aussi beaucoup te manquer, Matthis suggère, compatissant. 

— Tous les jours, à chaque seconde qui passe. 

Sa voix tremble, et elle se détourne pour ne pas fondre en larmes devant lui. Matthijs presse ses doigts encore plus fort dans les siens. Annekee s’excuse en séchant ses pommettes, mais elle n’a vraiment pas de quoi. Matthis continue de tenir sa paume froide entre la sienne alors qu’elle touche sa croix dans un geste réconfortant. Ses lèvres finissent par s’étirer dans un sourire plein de vague à l’âme. 

— Je nous revois à Budapest, à manger des langos et à nous balader dans les rues avant son départ pour Lyon. C’est douloureux, mais j’essaye de me dire qu’il est mieux là où il se trouve maintenant, Annekee murmure, et Matthijs lève ses doigts pour caresser sa joue. 

— Et je suis certain qu’il veille sur toi.

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désolée pour la longue attente, je me dépêche de vous fournir la suite rapidement les amis hehe, j’espère que vous aimez toujours!

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