Chapitre 35 : Sentiment révélé

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Je me relève de ma chaise, je n'arrive plus à reprendre de l'air, tellement je suis anéantie ! Je me dirigeai vers la sortie, je n'entendais pas les gens autour de moi, me disant de me calmer. Tout ce que j'entendais, c'était les battements de mon cœur affolé. Si Éric ne m'avait pas rattrapée, je me serais écrasée la tête la première sur le sol. Il essayait de me réconforter en mettant une main protectrice dans mon dos, mais rien n'y fait rien. Même pas un geste pourrait faire disparaître cette douleur atroce qui est la mort d'un proche...

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-Toutes nos condoléances, dit la directrice sans même une petite trace de tristesse. 

Je veux partir de cette école pour pouvoir assister aux obsèques de mon père ! Pour finir,  je veux bien même crever ici. Je n'ai plus rien qui me rattache à l'extérieur, qui me donne envie de partir. Je sèche mes larmes et essaie de paraître la plus normal possible, mais c'est impossible. Mes parents sont morts ainsi que ma sœur et mes amis... Comment veux tu te sentir bien après tout ça... 

-Vous êtes dispensée de cours pour aujourd'hui, continue la directrice.

Même si je n'étais pas dispensée, je n'y serai tout de même pas allée. J'ai les yeux dans le vide. Je ne peux pas m'empêcher de me remémorer la dernière fois que j'ai vu mon père, mais c'est encore plus douloureux sachant que c'est ce même jour que j'ai perdu mes amis... Je n'ai même pas pu lui au revoir avant qu'il ne reparte à la maison. D'ailleurs, que va-t-il arriver de notre maison ? Elle ne sera plus habité. Où est-ce que je vais aller quand j'aurais fini mon année ici, enfin, si je la fini. 

-Quand est son enterrement ? Demandais-je, la voix tremblante.

-Dans deux jours, mais vous ne pourrez pas y assister. Vous serez au voyage comme tous les élèves humains de l'école

C'est une blague, j'espère ! Mon père est mort et ils ne veulent même pas que j'aille lui dire au revoir!  Ils préfèrent que je parte en voyage. Peut-être que dans cette école, la mort est un quotidien et que ça n'a aucune valeur, mais pour moi, elle en a énormément. C'est mon père quand même !

-Pourquoi !? C'est mon père ! 

-Le voyage est réservé et je ne vais pas annuler, dit la directrice, froide.

Pas la peine de me parler aussi froidement ! Je viens de perdre mon père, je vous rappelle ! Ne voulant pas plus discuter, je répondis juste un "ok" et sortis du bureau. Éric me regardait du coin de l'œil quand je sortis, il a peur que je fasse une connerie. Je fermai la porte et me remis à pleurer. Il faut que je prenne l'air. J'ai l'impression d'étouffer avec tous ces murs autour de moi.

Je sais que j'avais dit que je ne retournerai jamais dans cette forêt, mais c'est le seul endroit où je suis sûre d'avoir la paix. Je sors dehors et me dirige vers la forêt, il faut absolument que je sois seule ! Quand je me trouve assez loin, je m'assieds à terre et cache ma tête dans mes genoux. Pourquoi ça n'arrive qu'à moi !? Le vent est inhabituellement levé aujourd'hui. Je regrette de ne pas avoir grand-chose pour me couvrir.

J'ai le besoin de crier ma souffrance pour me sentir mieux. Je ferme les yeux et crie avec mes tripes pour évacuer la douleur. Un craquement se fait entendre et quand j'ouvre les yeux, je vois qu'un arbre est tombé à terre. Je mis ma main devant moi au cas ou un deuxième déciderait de tomber de nulle part, je sais c'est stupide, ma main ne retiendrait jamais un arbre. Ma poitrine commença à me brûler, une lumière rouge sortit de...de...moi et l'arbre prit feu. Merde, mais c'est quoi ça ! Je me mis debout, prête à courir, pour ne pas être piégée par la fumée, mais le feu partit comme par magie. C'est très bizarre, ça... 

Je souffle un bon coup, ne voyant plus de danger et je me rassied, mais je surveille toujours l'arbre du coin de l'œil. C'est moi qui ai fait ça ? Non, impossible ! Cet épisode étrange s'effaça rapidement de ma mémoire pour laisser place à mon père. Je ne comprends pas comment il a pu faire un arrêt cardiaque, lui qui était tellement en forme quand je l'ai revu... Je ne réalise pas, ça me paraît incommensurable. Je me remis comme tout à l'heure et pleurai pour évacuer. Je me sens bien ici, dans la forêt, malgré qu'elle me fasse peur par moment. Si je ne savais pas qu'une créature insolite s'y promenait, je n'ai aucun doute que je serai venue plus souvent. 

Mon père a été le meilleur père que j'aurais pu espérer. Je suis fière d'être sa fille. Mais il était trop jeune tout comme maman, Rose, April et Alec... C'est à se demander si je ne suis pas maudite ! Vais-je moi aussi mourir jeune ? C'est une question qu'une fille de mon âge ne devrait pas se poser à mon sens.

-Ruby ? Demande quelqu'un derrière moi.

Je me redresse et essuie vite mes larmes. Je ne veux pas qu'on me voit pleurer. Je ne veux pas attirer l'attention et qu'on me plaigne pour ce que je vis. 

-Oui, répondis-je, d'une voix frêle qui se voulait forte.

Dylan... J'aurais dû m'en douter. Il s'assied à côté de moi. J'essaie de paraître naturelle et qu'il ne se doute de rien, mais c'est peine perdue, mes yeux sont rouges d'avoir pleuré et il sait lire mes émotions avec le lien. 

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Me demande-t-il en passant un bras autour de mes épaules.

Cela ne sert à rien que je lui mente alors autant que je vide mon sac à quelqu'un. 

-Rien ne va ! M'énervais-je presque en le regardant droit dans les yeux. 

Je vis à son visage que ça le touchait de me voir comme ça. Je ne veux pas qu'il se sente mal à cause de moi.

-Dis-moi ce qui ne va pas, me dit-il, d'un ton compatissant.

Au début, je comptais rien lui dire vu la situation dans laquelle nous sommes, mais il faut absolument que ça sorte. Je me connais, je risque de tout garder pour moi et finir par exploser plus tard. Je ne saurais pas lui parler de mon père, mais je peux parler d'autres choses.

-Mon père est mort... Dis-je en détournant les yeux pour fixer l'herbe.

Il prit mon menton et me força à le regarder. 

-Je suis désolé, dit-il sincère. Tu veux qu'on en parle ? 

Je fais un non de la tête. C'est encore trop frais pour en parler dans les détails. Par contre, le reste, je veux bien en parler et je compte en parler. Si je dois me prendre un râteau, autant souffrir un bon coup. 

-J'en peux plus ! Il y a ça qui me tombe dessus, mes amis qui sont à l'infirmerie à cause de Morgana et puis, j'hésitai à continuer ma phrase, il faut que je le fasse, lui dire enfin ce que je ressens, il le faut, il y a toi, toi qui m'ignore depuis quelques jours alors que tout ce que je veux c'est être avec toi, dans tes bras. Je regrette tellement ce que je t'ai dit la dernière fois, c'est la fille qui à peur de se faire rejeter qui a parlé, mais j'en ai marre de me cacher derrière quelqu'un d'autres. La vérité, c'est que je suis amoureuse de toi, Dylan... Je ne me suis jamais sentie aussi importante pour quelqu'un. Ces jours où tu venais me sauver quand j'en avais besoin alors que tu n'en étais pas obligé. Mais bon, tu es aussi à certains moments un vrai abruti comme la fois où...Commençais-je à m'emballer avant qu'il m'arrête.

Il mit un doigt sur ma bouche et me regarda avec un regard séduisant, les yeux plissées dérivant entre ma bouche et mes yeux. 

𝓢𝓽𝓻𝓪𝓷𝓰𝓮 𝓐𝓬𝓪𝓭𝓮𝓶𝔂Where stories live. Discover now