LÉO y MAËL

Des cours particuliers.

— Léo, peut s'améliorer. Maël, très bien, très prometteur !

Je retiens un soupir quand le prof me tend ma copie gribouillée de rouge, l'air blasé au visage. Alors je me suis fais chier pour recopier ce con et je me tape un 8/20 ? Maël sourit en pliant sa copie en deux, ayant regardé rapidement son résultat. Il m'énerve à faire ça, il me cache carrément sa note là.

— Quoi ? me lance-t-il en tournant finalement sa tête vers moi, ce sourire moqueur dessiné sur ses lèvres.

Je le regarde rapidement avant de briser le contact visuel, levant les yeux aux ciel et m'accoudant contre la table. Suite à ça, le blond ne peut s'empêcher de piquer ma copie pour y jeter un long regard. Qu'il ne se gêne pas surtout. De toute façon je m'en fou. En faite, non. Je l'avoue, j'suis assez dégoûté qu'il ne me dise pas combien il a eu.

— Bah putain... Pour quelqu'un qui a recopié son voisin...
— Franchement, ta gueule. Juste, ta gueule.
— Mais mec... T'es sérieux pour la trois ? T'as inversé les deux chiffres à la fin..., rigole-t-il en me montrant du doigt l'erreur fatale.

Je me pince les lèvres, prêt à lui foutre une claque mais je me calme. Je regarde vite fait la faute et hausse les épaules. De toute façon c'est bien trop tard. Le prof continue sa distribution, relevant ses fameux commentaires qui parfois, en brisent plus qu'un.

— Angélique, magnifique travail ! Quant à voisin Kévin, je suis assez surpris de votre boulot ! Les efforts sont à poursuivre.

Je jette un regard amusé sur le brun qui sourit, fier de lui. Pff. Idiot. C'est seulement quand il remarque que je le fixe qu'il rigole silencieusement et qu'il retourne son visage vers sa voisine intello, lui faisant une grimace exagérée sans qu'elle ne le voit. Quel con... Je comprends mieux pourquoi il s'est foutu à côté d'elle, ça semblait bizarre comme ça. Une copie qui se repose finalement sur ma table me fait quitter la conversation visuelle avec mon pote.

— Tu sais, j'peux t'aider si t'as des difficultés, me lance Maël qui a posé son menton contre la paume de sa main.

Je me redresse légèrement contre ma chaise, laissant mon dos tomber complètement contre le dossier, mes jambes s'allongeant presque contre le sol. Ça me fait rire, ça.

— Pas besoin d'un prof particulier. Surtout de toi, je lance un regard sur l'enseignant qui tape je ne sais quoi sur le clavier de l'ordinateur.
— Pourquoi ? J'ai quoi moi ?
— J'ai pas envie, je soupire.
— Pourquoi ?

Il me saoule. J'ai que ça à foutre d'apprendre les maths maintenant, si j'ai pas les bases ça sert à rien et c'est la vérité. Trop tard pour rattraper toute cette merde. Le cours commence enfin pour de bon et Maël n'est pas encore décidé à ouvrir sa trousse.

— Comme tu voudras mais s'tu continues, j'vais devoir changer de place.

Un rire veut s'échapper de ma gorge mais ça ne sort pas, je me contente de fixer mon voisin qui se concentre maintenant sur le cours expliqué. Je prends quelques instants à regarder ses faits et gestes. La façon dont ses doigts de pianiste ouvrent sa trousse. La façon dont son crayon à papier se retrouve à rouler sur ses lèvres roses. La façon dont il relève la tête pour regarder les nouvelles formules qui apparaissent chaque seconde au tableau. Ses mèches, aujourd'hui bouclées, retombent sur le devant de ses yeux. Pourquoi il m'énerve ? J'en sais rien. Mais il m'énerve. Terriblement. Il a quelque chose que je n'ai pas et je ne sais toujours pas ce que c'est. Sûrement cette façon de s'en foutre de tout ce qu'il l'entoure.

— Léo ? Je viens de donner des exercices et les réponses ne sont pas écrites sur ton voisin !

Des légers rires de mes camarades me font froncer les sourcils et je sens le regard de Maël se retourner sur moi. Je parie cent balles qu'il sourit comme un idiot, se foutant de ma gueule. J'suis pas gêné mais en même temps un peu, j'envoie un léger sourire aux gens et baisse mes yeux sur ma feuille que je gribouille instantanément. Ils font tous chier et je ne réponds rien au prof qui s'installe à son bureau, ses yeux sévères rivés vers ma table. Le cours passe lentement.