M A E L

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— T'es vraiment beau Maël, aujourd'hui ! Enfin, c'est pas que tu ne l'es pas d'habitude mais...
— Ah ben, merci hein... 
— Euh, ouais... T'as p't'être pas des choses à faire toi au pire ou...?

Voici quelques minutes que notre invité se trouve assit sur une des chaises de la table à manger. Ma sœur, Gabriella, n'a pas hésité une seule seconde pour lui servir un verre de soda sous mon regard un peu blasé. Non mais. On dirait qu'elle est plus contente que moi que Maël se trouve à la maison alors que, pas du tout. À vrai dire, je pensais qu'elle allait nous laisser tranquille mais qu'est ce que j'espérais, elle est obligée de faire son intéressante maintenant. Comme d'habitude, de toute façon.

— Ouais, si... lâche-t-elle finalement après avoir bu une gorgée de Coca. Ça va, j'ai capté. Enfin bon, je vais vous laisser du coup...
— Hmm, bah c'est bien... je réponds en lui faisant un signe de tête style dégage s'il te plaît.
— Roh...! Oui ! J'ai compris, arrête ! Bon... J'y vais, j'y vais ! Et ah, tu diras à mama que j'dors chez Marie ce soir, tu peux ?
— Eum... Ouais, ouais. Si j'oublie pas.

Gabriella me lance un léger sourire avant de se retourner vers Maël qui nous regarde depuis tout à l'heure, les coudes posés sur la table. Ma petite-sœur ne peut s'empêcher de lui faire un smile de l'enfer, enfin, elle lui montre toutes ses dents avec en prime, ses rails de train. J'dirais pas que c'est une des meilleures vues à voir mais bon, faut bien dire la vérité et ce qu'il en est : c'est sacrément moche.

— Bon du coup, hein... J'espère qu'on se revoit bientôt, Maël. J'suis trop contente que tu sois passé, en tout cas ! rajoute-t-elle avant de s'approcher de lui pour faire la bise et, enfin, monter dans sa chambre pour se préparer.

C'est ça, ciao. Sérieusement... Je ferme les yeux avant de lâcher un long soupir, un peu dépassé par tout ça. C'est horrible comment je me sens quand ma sœur traîne dans les parages quand il y a Maël. Je sais pas mais j'me sens grave chelou. En fait, depuis qu'elle sait ce qu'il se passe quelque entre nous deux — après avoir bien forcé la chose t'sais, vraiment une sale garce cette nana — et ben, ça me tend qu'elle tourne autour de lui. Le garçon, lui, ça ne semble pas vraiment le déranger. Il n'arrête pas de dire qu'il trouve ma sœur « amusante » non mais franchement, faut qu'il revoit la définition sur son Larousse parce qu'elle est loin, très loin d'être ainsi.

On continue de se fixer quelques instants avant qu'il se lève pour s'approcher subitement de moi. Tranquille, oui. Il sent le parfum et un peu la clope aussi, j'sens bien qu'il a fumé avant de venir. Je louche sur sa bouche qui me tente d'ici, de toute façon il fait pareil avec moi. Il attend la mort pour le faire. Le dos accoudé contre les rebords du plan de travail de la cuisine, je ne change pas pour autant ma position et vient même me serrer un peu plus. Son corps se rapproche comme dangereusement du mien et j'ai l'impression qu'il veut qu'on fasse ce que je pense mais au final, pas du tout. Vraiment. D'une main volatile, il vient chopper un fruit posé dans un panier en corde tout juste derrière moi. Le châtain se recule après avoir attrapé cette foutue pomme et s'éloigne de moi tout en venant croquer dedans, comme si de rien n'était. Je le déteste, c'est un fait.

— Enfoiré va, je souffle.
— Euh... lâche-t-il après avoir mâché. Surveille ton langage, j'suis pas ton pote moi. 

Je retiens un autre soupir avant de me frotter énergiquement le front. Des bruits se font entendre à l'étage, je me demande ce que ma sœur fabrique putain. On dirait qu'elle vient de casser un truc ou qu'elle est tombée comme une grosse merde. Tellement qu'elle est idiote, ça ne m'étonne pas que ça se soit ça en fait.

— Ouais. Mais en vrai vas-y, tu veux pas qu'on bouge plutôt ? Genre j'sais pas, je propose en le regardant manger.

Le garçon fait mine de réfléchir avant de hocher de la tête dans les secondes qui suit ma question.

LÉO y MAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant