Chapitre Trente Cinq - À Votre Service

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Léane s'assit sur un banc à l'extérieur, exténuée d'avoir autant cherché. Il était trois heures du matin. Aali avait fini par rester devant la porte pour la prévenir de nouveaux arrivants. Iris et Narcée n'avaient été d'aucune utilité, finalement, mais Léane se sentait mieux avec eux qu'avec le fils de Morphée. Finalement, ils avaient décidé de sortir et d'attendre que les gens sortent de la villa.

La jeune fille avait mal à la tête, mais ce n'était pas à cause du Phœnix : elle était simplement fatiguée d'avoir scruté autant de visages sans avoir eu la vision. Assis sur ce banc, les trois étudiants — qui devaient s'être faits renvoyer de leur lycée, à cause de leur absence. Ils s'estimaient heureux de ne pas encore avoir eu leurs parents sur le dos, car ils n'avaient pas d'excuse « normale » à leur donner. Iris se sentait mal d'abandonner ses études, mais elle ne pouvait pas s'éloigner de Léane, et ils ne pouvaient pas reporter la quête à plus tard. Selon Morphée, si la Chercheuse avait été révélée à ce moment, c'était pour trouver les réincarnations des dieux le plus vite possible... et personne n'avait osé à son encontre, surtout qu'il l'avait dit avec ses yeux divins, ceux dépourvus de prunelles.

— J'en peux plus... gémit Léane en baissant la tête. Pourquoi est-ce qu'il n'y a personne...

— Hé, t'inquiète. On les trouvera en temps et en heure.

Iris essayait de réconforter sa colocataire du mieux qu'elle pouvait, mais elle la comprenait très bien. Elle avait été embarquée dans cette histoire sans son avis, et ce serait probablement le cas des dix autres personnes à trouver.

Aali s'approcha, l'air impertinent, comme d'habitude. Narcée lui lança un regard noir. Léane n'avait pas besoin qu'on la rabaisse. Le jeune homme l'ignora et se planta devant lui.

— Gamine, dit-il, ce n'est pas comme ça que tu réussiras à les trouver. Les dieux ont choisi le pire moment pour se transformer, parce que la population des terriens est en croissance continue, mais ce n'est pas en te lamentant que tu les attireras. Tu as le comportement d'une fillette qui fait une crise de colère alors qu'elle n'a même pas demandé ce qu'elle voulait.

— Va t-en, lui ordonna Léane, je ne veux pas t'écouter. Depuis le début, tu fais rien d'autre que me rabaisser.

Aali s'accroupit et, éloignant Narcée et Iris d'un geste furieux, releva la tête de la jeune fille. Il la força à le regarder dans les yeux.

— Tu as raison. Je me plais à penser que tu n'es pas la bonne personne. Le Phœnix s'est sûrement trompé.

— Mais, dégage ! s'écria Léane. J'ai pas besoin de ton opinion sur moi !

La blonde voulut se dégager d'un coup sec, mais Aali tint bon. Il posa une main ferme sur sa cuisse. Elle détourna le regard, ne voulant pas affronter celui du fils de Morphée.

— Mais on ne peut pas faire autrement, repris Aali. Tu as été choisie. Tu n'as pas la stature d'une déesse, tu es immature, trop jeune, tu n'écoutes pas ce que les autres ont à dire tant qu'ils ne te convainquent pas.

— La ferme !

— Mais tu es la Chercheuse.

Léane lui jeta un bref coup d'œil. Il paraissait sincère. Elle déglutit.

Il avait raison.

Cela lui faisait mal de l'admettre, mais ce qu'il avait dit était juste. Elle n'était qu'une simple étudiante, et elle dépendait de sa mère pour tout ce qui se rapportait aux activités sociales. Et en ce moment même, elle ne voulait pas entendre ce qu'il avait à lui dire.

Enfin, en même temps, il faisait tout pour se faire détester.

Mais il avait raison... elle avait été choisie. Et pas par n'importe qui : par l'entité la plus puissante du monde, voire de l'univers. Peut-être était-ce justement cela qui lui faisait peur et l'empêchait d'avancer, après tout. Elle, une jeune fille de dix-sept ans, devait trouver des dieux perdus aux quatre coins du monde, et se battre contre la déesse de la Terre.

Ce n'était pas rien.

— C'est vrai... souffla t-elle.

Aali acquiesça.

— Je ne t'apprécie pas beaucoup, Léane, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider à retrouver ceux qui sauveront l'Olympe et les Hommes.

Il marqua une pause, et la jeune fille confronta son regard à nouveau.

— Je l'ai déjà dit quand on s'est rencontrés : je suis à votre service. Demandez-moi ce dont vous avez besoin, et je ferais ce que je pourrais pour vous satisfaire.

Aali regarda Iris et Narcée, qui l'avaient aussi écouté silencieusement.

— Même si ça me tue de le dire !

LE PHŒNIXWhere stories live. Discover now