Chapitre Vingt-Sept - "Vif Argenté"

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Aali ne savait pas pourquoi, mais il détestait le fait que ces Divins soient dans le monde de son père. Dans son monde. Il avait vécu ici avec ses parents et les créations de l'Homme, et cela lui avait toujours convenu, bien qu'il ait constamment cette envie irrépressible d'aller visiter le monde. Il savait que ces gens étaient sa chance de le faire, de s'échapper d'ici, mais il ne voulait pas aller leur demander.

Cette fille blonde, Léna ou quelque chose comme ça, se croyait certainement tout permis maintenant qu'elle avait été choisie par le Phœnix. Et les deux adolescents avec elle ne valaient pas mieux. La réincarnation d'Hadès était prétentieuse, et la fille châtain, celle qui se prenait pour Aquawoman — il avait sondé ses pensées — était trop excentrique. Ce trio n'était pas le meilleur du tout.

Et en plus, cette Lana manquait terriblement de confiance en elle. Si elle croyait pouvoir trouver dix autres personnes qui pouvaient supporter l'esprit des dieux, elle était aveugle. Même avec les inventions des mortels présentes ici, elle n'y arriverait pas. Elle perdrait son peu de courage, abandonnerait, et Gaïa l'emporterait. Le Phœnix était sur le point de mourir. Encore deux ou trois années, et tout ce que les mortels appelaient « mythologie » disparaîtrait. Aali était sûr que son père ne l'avait pas dit au Descendants. Il était beaucoup trop attentionné envers tout le monde, Morphée. Même Schéhérazade pensait cela.

Aali se rappela les étoiles. Il y en avait beaucoup, la nuit précédente, signe que Morphée était de bonne humeur. Plusieurs rêves venaient de se faire transférer chez les Hommes, ce qui était rare. Son père devait vraiment être joyeux. Il soupira et sortit une sorte de vif d'or de sa poche. Il s'agissait d'une petite balle argentée qui lévitait, rêve imaginé quelques années plus tôt, suite aux livres Harry Potter. Aali avait eu la « chance » de lire énormément d'histoires Terriennes grâce aux écrivains avant qu'il ne les écrivent. Il savait ce qui se passait sur Terre uniquement grâce à l'imagination des hommes. Souvent, il lisait des articles du monde la veille de leur sortie.

Il avait appris la majorité des langues terriennes. En même temps, il était né il y a quelques siècles de cela, et avait donc eu le temps de les apprendre. Le suédois, le mandarin, le portugais... rien n'avait de secret pour lui. Il n'avait pas eu le temps de se prouver, mais il sentait que cette capacité lui servirait un jour.

La balle argentée disparut, pour revenir quelques secondes plus tard au même endroit.

Il en était ainsi avec certains rêves : leur créateur réussissait à les faire, puis les cassaient, et ils redevenaient songes. Le créateur du vif d'or argenté était très persévérant : cela faisait plusieurs mois qu'elle disparaissait puis réapparaissait aussitôt après.

Aali lança la balle en l'air, et elle y resta. Envieux, il se demanda si un jour, quelqu'un inventerait des ailes pour les humains. Il avait déjà volé dans des avions, mais c'était il y a plus d'un siècle... et lui voulait de véritables sensations. Dédale et Icare avaient inventé des sortes d'ailes qui leur permettaient de planer, mais Aali était tout petit lorsque ces rêves étaient apparus, et il n'avait donc pas pu les utiliser. Et son père ne pêchait plus les ailes, disant que le pouvoir de voler n'était accorder qu'aux oiseaux et à certains dieux — Iris, Hermès, Éros... sans oublier la première déesse ailée, Niké, et le Tout Puissant Phœnix. Il avait cependant accordé aux mortels les avions, ce qui selon lui faisait office de remplacement. Si les Hommes ne pouvaient pas voler de leurs propres ailes, ils voleraient ensemble.

C'était la principale qualité des mortels : il faisaient toujours tout ensemble. Peu importait le but, tant qu'ils étaient impliqués, ils se soutenaient. Les dieux, eux, avaient plutôt tendance à s'allier lorsque cela les arrangeait. Autrement, ils ne se mêlaient guère des affaires des autres.

Ou alors, ils faisaient la guerre.

Et à cause d'eux, les mortels la faisaient aussi. À chaque fois que deux — ou plus — dieux étaient en désaccord, ils choisissaient deux groupes d'humains et les faisaient s'entretuer. Le dieu qui gagnait était celui qui avait le plus d'humains en vie à la fin ; ou alors, lorsque les autres participants abandonnaient. Malheureusement, même si Gaïa avait fait en sorte que les Hommes ne croient plus en eux, ce genre de bataille pouvait être observé partout dans le monde. Peut-être Morphée voulait-il simplement le protéger des guerres, après tout...

Aali entendit l'herbe sèche craquer derrière lui. Il crut d'abord que c'était un des animaux imaginaires, mais la vérité le déçut.

La blonde.

Mais qu'est-ce qu'elle venait faire ici, celle-là ?

LE PHŒNIXDonde viven las historias. Descúbrelo ahora