LE PHŒNIX

Chapitre Dix-Huit - Hein ?

Le lendemain passa trop lentement au goût de Léane, et trop vite aux yeux de Narcée et Iris. Tandis que l'une était impatiente, les deux autres angoissaient. Qu'allait donc faire Léane ? Pourquoi ne leur avait-elle rien dit ? Iris avait essayé de l'interroger, la veille dans leur chambre, mais la jeune fille était restée muette. Elle arborait un sourire satisfait, et elle seule pouvait savoir ce qui se passait. La fin des cours venue, la Chercheuse s'était précipitée hors de l'enceinte du bâtiment pour rejoindre le square.

Elle avait attendu moins de dix minutes pour qu'un des deux jeunes gens arrivent. Ce n'était pas Narcée, comme elle le supposait, qui était arrivé en premier, mais bel et bien Iris. Elles échangèrent deux mots et attendirent le descendant de Hadès. Celui-ci n'arriva qu'un quart d'heure plus tard, il avait dû passer un peu de temps avec ses amis. Derrière lui, comme l'avait espéré Léane, se trouvait l'homme aux cheveux bleus. Et comme elle l'avait prédit, aucun des deux jeunes adultes ne pouvaient le voir.

Léane salua Narcée, et activa son pouvoir. Iris eut une sensation désagréable de mal de tête en même temps qu'elle. L'homme aux cheveux bleus se tourna vers la Chercheuse et fixa sa chevalière.

— Ils doivent l'effleurer pour pouvoir me voir, déclara t-il sans détour.

Léane acquiesça.

— Vous voulez bien toucher ma bague, s'il vous plaît ? leur demanda t-elle en tendant sa main.
— Euh... pourquoi ? répondit Iris, sur le qui-vive.

— Juste, touchez-là. T'inquiète, tu ne risques rien, Iris.

« Enfin... je crois », songea la blonde. Les deux lui serrèrent la main à tour de rôle.

Puis sursautèrent.

Un homme venait d'apparaître devant eux ! Et ce n'était pas un individu comme les autres.  Il avait la trentaine, un visage séduisant, et de longs cheveux bleu nuit. Ses yeux n'étaient pas tout à fait normaux non plus : on pouvait se perdre dedans. Ses pupilles semblaient déborder sur l'iris, se fondant dans un bleu marine uni, et étaient constellées d'étoiles. Il n'arborait pas d'expression particulière, juste un visage banal. Qui était-il ?

— Prenez-moi les mains, dit l'inconnu d'une voix grave.

— Hein ?

Reprenant ses esprits peu à peu, Iris le fixait avec méfiance.

— On ne vous connait pas, vous venez d'apparaître, et vous voulez qu'on vous prenne la main comme des gamins ?

— Prenez-moi les mains, répéta l'homme.

— Faites ce qu'il dit, intervint Léane.

Sidérée, Iris regarda alternativement les deux fous devant elle. Narcée, lui, était complètement perdu. Cependant, ce fut le premier à poser sa main sur le poignet de l'inconnu. Il ne savait pas exactement ce qu'il faisait, mais il voulait faire confiance à Léane. Pourtant, elle n'était pas plus avancée qu'eux.

La Chercheuse prit la main de l'homme. Iris, les yeux écarquillés, fit un pas ferme vers les trois autres, et prit fermement la main que tenait par le poignet Narcée. L'homme aux cheveux bleus sourit, inclina la tête sur le côté, plissa les yeux, et sous ses étranges mimiques, tira brutalement les trois jeunes gens en arrière.

Sous les yeux observateurs des pigeons et aveugles des passants, ils disparurent.