Chapitre Sept - Confusion

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Léane entendit quelqu'un toquer à sa porte. Elle se leva et alla ouvrir, et contrairement à ce qu'elle pensait, ce n'était pas Iris mais Narcée qui se tenait là ! Enfin, en même temps, Iris n'aurait pas toqué, elle serait entrée directement.

— Mais... qu'est ce que tu fais là ? C'est le dortoir des filles et accessoirement ma chambre. Je ne vois pas pourquoi tu te trouves ici ! lui dit Léane, en regardant discrètement les yeux du Phœnix de la chevalière.

— Je voulais savoir comment tu allais. Je te rappelle que t'étais pas bien ce matin. Je suis entré avec la permission d'Iris. Euh... je peux savoir pourquoi tu fais cette tête ?

Léane venait d'avoir la vision. Cette fois-ci, c'était différent. Le cercle des douze avait tourné de plus en plus vite jusqu'à ce qu'un homme se détache d'eux et s'éclaircisse un instant dans la tête de Léane. Des lettres de feu apparurent au dessous de ses pieds. C'étaient des lettres de grecs anciens, ce qui confirma à Léane ce qu'elle pensait. Grâce à son nouveau pouvoir, elle put voir ce que ces lettres voulaient dire.

« Hadès ». Narcée serait... Hadès ? Le roi des enfers dans la mythologie grecque ? Ou peut-être n'était-ce pas un mythe... le dieu se serait donc réincarné dans l'adolescent que Narcée était ? Ce ne pouvait être possible. Non... sa théorie se révélait-elle être juste ? Que de questions... que de « magie ».

— Léane ! s'écria Narcée, qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?

— Je... répondit-elle, je dois te dire quelque chose d'important. Mais pas maintenant. Plus tard.

Perplexe, le jeune homme se laissa entraîner en dehors du dortoir. Il n'avait pas lieu d'être parmi les filles, aussi Léane le poussa t-elle en dehors du couloir et retourna en courant presque vers sa chambre. Dès qu'elle se retrouva dans celle-ci, et ferma précipitamment la porte. Son cœur battait à toute allure. Se pouvait-il que cette folie soit réelle ? La réincarnation des dieux du Panthéon dans des corps mortels ?

La jeune fille secoua la tête. Non, bien sûr que non. Tout cela n'était que pure fantaisie. Elle écrivait certes des poésies et deux ou trois nouvelles merveilleuses, mais la magie, c'était comme la petite souris : au début, on essaie de la chercher, on croit dur comme fer qu'elle existe, mais à la fin le mythe est cassé quand on voit que rien n'est plus vrai que la technologie, les mathématiques et les sciences.

Ou peut-être était-elle trop terre-à-terre ?

Non.

La magie n'existait pas, et encore moins des dieux ou une espèce de vue prodigieuse.

Quoique...

Léane effleura du regard la bague argentée. Elle était toujours colorée, puisqu'elle n'avait pas désactivé son don. La jeune fille regarda le mur. Elle y vit un arbre à travers. Elle tourna un peu la tête à droite, vers sa tête de lit. Dehors, il y avait une plante grimpante — un lierre. Elle les connaissait bien, parce que sa mère jurait souvent sur la présence indomptable et trop spontanée de cet envahisseur.

La jeune fille voyait tellement bien la plante à travers le mur et son lit qu'elle en eut le souffle coupé. Quelle précision ! Sa vue fonctionnait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Elle enleva ses lunettes. Elle voyait parfaitement bien. Léane désactiva son pouvoir, et, curieusement, elle voyait toujours aussi bien. Même si elle ne pouvait plus percevoir l'arbre qu'à travers le mur et que le lierre était invisible à ses yeux à présent, sa myopie semblait avoir considérablement diminué...

Non, elle avait disparu. Totalement. Léane constata qu'elle pouvait voir la poussière à la lumière du soleil, comme lorsqu'elle était petite.

— C'est impossible... murmura t-elle.

Encore une fois, un mal de crâne la prit d'un coup. Prise d'un nouveau réflexe, elle baissa les yeux sur le phœnix de la chevalière. Aussitôt, le pouvoir s'introduisit en elle. Ses yeux purent à nouveau voir à travers les objets. Léane ralluma son ordinateur, alterna entre activer et désactiver son don pour constater la présence de l'article qu'elle avait lu plus tôt. Celui qui prétendait qu'elle devait partir à la recherche des douze Immortels.

La Chercheuse... était-ce vraiment réel ?

Il n'y avait qu'une façon de le savoir. Elle ressortit de sa chambre.

— Narcée !

LE PHŒNIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant