Numéro inconnu.

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Fin des cours. À la sortie du parking. J'entreprends de dépasser une vieille avant de freiner brusquement devant un piéton de merde qui traverse sans regarder. Putain. Je les déteste tous.

Journée de merde.

Un juron sort de ma bouche, les cendres de ma cigarette tombant presque sur mon jogging. Faudrait acheter des yeux à tous ces connards. En plus, ce soir j'suis assez énervé. Clarisse m'a cassé les couilles parce que je voulais pas traîner avec elle après les cours. Franchement... J'arrive de moins en moins la supporter. Je pensais c'était une fille posée mais en fait, c'est qu'une grosse gamine. Je crois j'vais la larguer ce soir par message ou un truc du genre. Ça craint ? Très certainement. Mais d'un côté, j'en ai rien à foutre.

J'ai plus rien à perdre avec cette meuf. Elle en a trop fait, et je suis gavé de devoir supporter ces manies.

Je me gare aux places réservées devant chez nous et éteint l'Audi. Je fais tourner les clés autour de mon index puis passe le portail de chez moi. La soirée se déroule tranquillement. De toute façon, il y a jamais rien de ouf qui se passe. J'ai mangé des pâtes bolognaises réchauffées au micro-onde avec ma sœur. Cette dernière, Gabriella, ne pouvait s'empêcher de me raconter sa journée au collège. Honnêtement, j'en ai rien à cirer.

Le lendemain, les cours passent longuement. J'en ai marre, cette routine me saoule déjà. Les premiers contrôles arrivent. Bref, comment dire que c'est une catastrophe. Même pas deux semaines qu'on est ici et on se tape déjà des examens. Les profs de nos jours sont vraiment des enfoirés.

Je fume tranquillement une clope avec Romain et Kevin à la pause midi. Je suis bien posé contre le muret, le soleil tapant légèrement sur nos visages. Aujourd'hui, je ne porte pas de casquette dévoilant ainsi ma coupe militaire.

— Hé... Léo...!

Une voix assez forte me fait relever la tête sur le gars qui m'interpelle. Bordel... Je reconnais tout de suite le frère de Clarisse, Samuel. S-u-p-e-r. Il peut pas voir ailleurs si j'y suis ? Je soupire brusquement mais je lui fait quand même un signe de tête pour qu'il parle. Qu'il parle ou qu'il se taise. Il est essoufflé et ses cheveux sont mal coiffés. Wesh, il s'est tapé un marathon pour me voir ou quoi ?

P'tain, il va me foutre la honte ce gros guez.

— Je.. Je...., tente-t-il. Je suis désolé. J't'ai... J't'ai cherché partout. Pour parler.

Ouais, d'accord. Quelque chose me dit que ce n'est pas par rapport à sa sœur. Qui d'ailleurs, je n'ai pas croisé depuis hier. Tant mieux à vrai dire si elle comprend toute seule, ça m'évitera de dépenser de l'énergie inutilement.

— Qu'est ce que tu veux ? je rétorque, plissant les yeux à cause du soleil brûlant derrière lui.

Samuel est gêné et je le remarque de suite. Parle ou merde ! Il rougit légèrement comme s'il avait vu son idole ou un truc du genre. Chelou ce gars. Je lui fait peut-être cet effet... Non, ta gueule Léo. Ça me prend les tripes quand j'y pense. Je sens le regard de Romain à mes côtés et je l'imagine bien surprit, lui aussi.

Samuel, un grand timide. Si on veut.

— Ce soir, après les cours... Je... J'ai ton numéro. Je t'enverrai un message.

Il me jette ça au visage avant de s'enfuir. Je pouffe légèrement de rire tandis que Kévin me presse l'épaule.

— Il t'a donné rendez-vous le pédé ou je rêve là ? Genre... Devant mes yeux, comme ça ?
— ... Faut croire. J'te rassure, ça me fait pas plus plaisir que toi.

Quelle scène bizarre.

J'amène ma clope au bec tout en le regardant s'éloigner. C'est un beau type qui pourrait plaire à beaucoup de filles, c'est dommage. Enfin, après tout je m'en fou. Il fait ce qu'il veut de son cul même si je dois avouer que les gays me dégoûtent un peu. Je comprends pas comment on peut-être comme ça. Enfin... J'sais pas. J'pense à Maël. Son père, sa mère, n'a pas honte de lui ? Sa famille ? J'ai de la chance, quand même. J'aime que les seins et ce qu'il y a entre les jambes d'une nana...

Les cours de l'après-midi sont encore plus chiants que ceux du matin. Putain dans les séries, tu as tous les ados qui ont vie de fou sauf que ce n'est pas ça la réalité. Hé non, mais qu'est ce que j'aimerai sortir de cette routine. Qu'il se passe quelque chose dans ma vie. Qui chamboule mon quotidien, quoi, un peu d'action.

Ça rend fou. Et ça fait con de dire ça ainsi.

Mon regard se perd dans le vide un instant et j'observe les gens qui déambulent dans le couloir. Tous des moutons. Je suis Clarisse des yeux un moment. Cette dernière ne me regarde pas et trace rapidement avec ses potes qui me tuent du regard comme si j'ai butté quelqu'un. Bah, c'est pas ma faute si votre maitresse se vexe pour rien. Quelle bande de connasse. Allez voir ailleurs si j'y suis même.

Mon regard se perd à nouveau et tombe sur Maël qui se tient contre un mur, son mec appuyé contre lui. Son mec, enfin... J'crois. Je les croise souvent ces temps-ci, comme si c'était calculé.

Et ça me donne des nausées.

J'arrive à voir son visage car il me fixe. Encore. Hé mais il me gonfle. Je sens mon cœur se tordre quand je le vois, son regard est si vif, c'est perturbant, on dirait qu'il veut lire en moi ou mes pensées. Je déglutis légèrement et regarde mes potes à côté.

Bref...

Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer mais ce petit jeu de regard commence à me taper sur les nerfs. Il me mate trop souvent. Il me veut ou quoi ? Faut que je fasse gaffe à moi et à ne plus me mettre à le fixer comme ça, sans raison. J'ai pas envie qu'il croit quelque chose. Surtout que moi, j'suis pas gay. Faut pas qu'il se fasse des illusions.

— Mec, vous vous êtes disputés avec Clarisse ?

Kévin me fait revenir sur Terre et je mets du temps à répondre. Sa question de merde me saoule un peu.

— Non mais elle s'est vexée telle une gamine car j'voulais pas sortir avec elle, hier soir. J'étais crevé, je mens.
— Merde... Parce que là elle est en train de te bouffer des yeux mais tu l'vois pas. Genre, elle attend plus que toi frère. Faudrait t'ailles la voir.

Ouais bah... J'm'en fou.

Je ne prends même pas le temps de me retourner alors que Kévin me fait les gros yeux pour que je le fasse. Mais j'ai pas envie. J'en ai marre d'elle. Clarisse la parfaite blonde au corps sulfureux ne m'intéresse plus. Il me faut quelqu'un d'autre.

Il est 17:28 quand mon téléphone vibre dans ma main.

De Numéro inconnu : C'est Samuel. Toilettes.

Putain. Manquait plus que ça, maintenant.

LÉO y MAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant