Fille de la Lune

Tome 2. Chapitre 27

Rappel:

Il se tourna vers la cuisinière :

- Merci de l'avoir surveillé durant ces derniers jours. J'espère que vous n'aurez pas d'ennui.

La vieille dame hocha la tête, Calixte m'attrapa le bras et nous fit courir.

Comment ça « ces derniers jours » ? Depuis combien de temps étais-je dans cet état ? Combien de temps étais-je restée dans le monde des morts ?

Chapitre 27:

Notre fuite nous conduisit hors du palais, peut-être même hors des terres des Obscurs, dans une auberge aux allures moyenâgeuses où seuls trois hommes, quasiment ivres-morts, riaient grassement à une des tables du fond. Notre arrivée les fit taire quelques secondes mais ils ne tardèrent pas à reprendre leur conversation. Derrière une vieille porte en bois grinçante apparut une matrone. Sa forte corpulence et son regard peu aimable devait empêcher quiconque de venir lui créer des problèmes.

- Mon prince c'est un honneur de vous accueillir vous et votre fiancée dans mon humble auberge, dit-elle sans émotion aucune

- Bien le bonsoir tenancière. Te resterais-t-il deux chambres pour passer la nuit ? Nous sommes fatigués d'avoir trop voyagé.

Un de ses sourcils se souleva.

- Deux chambres, mon seigneur ?

- La bienséance veut que deux jeunes gens ne partagent pas la même couche tant qu'ils ne sont pas mariés. Alors rombière, quel est ton prix ?

- Pour 20 pièces d'or vous aurez deux chambres pour la nuit et mon silence.

Calixte hocha la tête et lui lança une petite bourse en cuir qu'elle récupéra en vol avant de nous conduire à l'étage. Elle nous laissa devant deux veilles portes en bois mais avant de s'éclipser elle dit :

- Vous savez, le prince du royaume qui fuit avec sa fiancée, ça ne passe pas inaperçu. Même en supposant que le plus idiot ne vous reconnaisse pas vous, mon prince, il reconnaitra forcement votre fiancée. C'est pas tous les jours qu'on voit une demoiselle avec deux boules colorées qui vole au-dessus de sa tête comme des mouches.

- Nous allons nous marier ! m'exclamais-je d'un ton enjoué.

Il y eu un silence. La matrone me regardait avec des yeux ronds.

- Et idiote par-dessus le marché ! marmonna-t-elle.

La porte à côté de la mienne s'ouvrit sur une femme d'apparence plutôt jeune, en chemise de nuit, un collier magnifique autour du coup et les cheveux en bataille.

- Ça vous ennuierait de faire moins de bruit ? Je ne sais pas si vous avez vu l'heure mais il y en a qui essaye de dormir !

Sans un mot, la tenancière tourna les talons et partie. Je vis Calixte faire tous les efforts du monde pour ne pas envoyer bouler ma voisine et s'excuser. Cette dernière hocha la tête et fit mine de rentrer dans sa chambre, mais au moment où ses yeux croisèrent les miens elle s'arrêta.

- Par tout le divin, qu'est-ce que c'est que ça ?

Elle pencha la tête sur le côté, plissa les yeux, fit bouger sa main dans sa direction. Calixte était tendu, prêt à bondir pour l'empêcher de me toucher.

- C'est vous qui lui avez fait ça ?

- Qui ai fait quoi ? demanda-t-il sur la défensive.

Elle fit un pas dans ma direction, Calixte fit de même et grogna.