Fille de la Lune

Tome 2 - Chapitre 22

Rappel:

Chaque soir, le château se remplissait de vampires venus pour s'amuser ou pour servir le roi, et il m'arrivait de faire bonne impression à certains. Je recevais donc beaucoup de fleurs, tellement que Victor I avait dû m'ouvrir une pièce pour que je puisse les stocker.

Après avoir mangé, je me dirigeais vers la bibliothèque avec Ezra sur les talons. J'y entrais alors que lui se postait devant la porte. C'est ici que je passais la plupart de mon temps libre, mais aujourd'hui je n'étais pas là pour ça. Je m'assis en tailleur sur le sol. J'allais encore m'entrainer.

Chapitre 22:

Si j'avais réussi une première fois, j'y arriverais encore. Je fermais les yeux, expirais et attendis le moment où je mon esprit s'élèverai dans les airs, mais ce moment ne vint pas. Je me retrouvais directement devant ce voile bleu ondulant paisiblement. J'aurai aimé explorer les autres portes, mais je me réjouissais de ne pas être coincé dans le Néant encore une fois.

Du bout des doigts je touchais cette rempare entre le monde des morts et moi. C'était vaporeux et quasiment impalpable. J'y passais entièrement mon bras, une jambe, puis mon corps entier suivi. De l'autre côté, il n'y avait rien. C'était comme le Néant, à l'exception d'un petit comptoir avec une femme derrière qui feuilletait des papiers.

- Bonjour ? tentais-je un peu perdue.

Le femme releva la tête et remonta ses lunettes sur son nez. Elle était un peu ridée, brune avec des cheveux courts et des yeux foncés.

- Veuillez me décliner votre identité.

- Ariane, princesse d'Isril.

La femme nota quelque chose sur une feuille puis releva brusquement la tête.

- Mais vous n'êtes pas morte ! protesta-t-elle.

- Non, j'ai le pouvoir de voir les défunts. J'étais en train de m'entraîner, j'ai passé le voile bleu et...

- Vous avez passée la barrière ? répéta-t-elle étonnée.

Elle posa son stylo afin de m'analyser.

- Il n'y a que les morts qui peuvent passer la barrière, déclara-t-elle après un certain temps.

Je commençais à me tortiller. Je n'étais pas morte, si ?

Sur le comptoir, un téléphone apparu, il était en train de sonner. La femme décrocha. J'avais beau me concentrer, je n'entendais pas son interlocuteur.

- J'écoute. Bien. Vous pouvez l'envoyer. Mais madame, nous avons un problème. Si vous voulez bien venir... Oui je sais que vous n'avez pas le temps, mais... elle n'est pas morte. Ariane, la princesse d'Isril.

Elle fit une pause tout en me lançant régulièrement des petits regards, puis reprit :

- Bien madame. Je m'en occupe.

Elle raccrocha et le téléphone disparut. Elle me demanda de venir m'asseoir à côté d'elle, derrière le comptoir. J'obtempérais.

- Je suis Christine, l'assistante personnelle de ta mère la déesse Luna. J'ai beaucoup de travail, mais si tu n'es pas pressée, je peux t'expliquer deux trois trucs. Sinon tu peux revenir plus tard, je ne bouge pas d'ici.

J'hochais la tête tandis qu'un énorme registre apparu sur la table.

- Tu veux bien appuyer sur le petit bouton à côté de toi, s'il te plaît ? Ça va aspirer toutes les âmes perdues dans le Néant et les amener ici.