Fille de la Lune

Tome 2. Chapitre 38

Rappel chapitre 37:

La dénommée Pearl posa son verre et son torchon et rejeta ses cheveux en arrières.

- C'est que je fais ici ne te regardes pas, et encore moins celle que tu oses appeler « mère ».

Laurence se pencha par-dessus le bar et attrapa le col du tee-shirt de Pearl.

- Ecoutes moi bien, tu rentres à la maison, à quinze ans on ne travaille pas dans un bar, encore moins dans un foutu bar rouge.

Un jeune homme, pas plus âgé que Pearl, se jeta sur Laurence, la plaquant au sol loin de Pearl.

- Ruben ! C'est ma sœur voyons ! protesta Pearl en sautant par-dessus le bar.

Le jeune homme se releva et s'approcha de Pearl pour l'embrasser à pleine bouche. J'aidais Laurence à se relever.

- Laurence, continua la jeune fille, je ne travaille pas dans ce bar comme tu dis si bien. C'est le mien. Ces gens là-bas sont mes employés. En cuisine se sont mes cuisiniers. Et les gens assis ce sont mes clients. Mon argent. Mon bisness. Mes affaires. Illégales certes, mais je n'ai jamais eu besoin de toi. D'autant que comme tu peux le voir, Ruben veille à ma protection.

Laurence lissa ses vêtements. Et tenta de se calmer mais peines perdues.

- Tu l'as envouté pour qu'il t'aime ? Tu as hanté ses rêves pour qu'il te soit asservi ?

Si je comprenais bien, Pearl était une succube comme Laurence.

La plus petite des deux sœurs sourie mais je lu dans ses yeux qu'elle était déçue que l'autre la pense aussi vil.

- J'ai pile huit chambres pour vous. Je vous en prit faîtes comme chez vous.

Chapitre 38:

Dans ma chambre, sombre, sale et exiguë, il y avait un pendu. Enfin, il y avait un fantôme de pendu qui ne voulait pas descendre du plafond. Et bien évidemment, personne ne voulait échanger avec moi. Louise avait d'ailleurs insistée pour dormir avec Laurence tant elle craignait les spectres. Vick et Tara préféraient passer la nuit ensemble et Rees délaissa sa chambre pour camper devant celle de Sailor.

Au milieu de la nuit, je ne dormais toujours pas. Je me tournais et me retournais dans mon lit, je sentais tout mon corps me tirailler, j'avais tellement faim que même mon pendu me paraissait délicieux. Et l'odeur entêtante du bar en bas m'empêchait de fermer l'œil. Je tentais de me concentrer sur autre chose. J'écoutais le vent dans les arbres, une chouette qui hululait, un crapaud qui sautait dans l'étang, la respiration calme de Sailor dans la chambre d'en face, les doux ronflements de Louise et Laurence, les grattements d'un animal sauvage à ma fenêtre. Je cessais d'énumérer. Ma fenêtre étant à l'étage, personne ne pouvait y gratter. Je tournais doucement la tête et tombais nez à nez avec de grands yeux jaunes. De grands yeux jaunes de loup-garou. Je sursautais dans mon lit.

- Vous pourriez avoir la présence d'esprit de respecter mon silence et de faire moins de bruit, me sermonna le pendu.

Je ne prêtais pas attention et restais figée, le loup-garou m'observait sais rien faire, une griffe sur la vitre, accroupie sur le minuscule rebord de la fenêtre. Peu à peu, il se retransforma et sous mes yeux je découvris Nathan, avec un sourire enjôleur.

- Le démon s'accroche encore mais je ne pouvais plus résister à l'envie de te voir, chuchota-t-il derrière la vitre.

- Tu nous mets tous en danger, répliquais-je froidement. Il est au service de Faya.