Sortilège 18

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Sortilège 18.

Relevant le menton, l'Auror croisa le regard furibond de Snape. Merde, se dit-il, par Merlin !

— Ne faites plus jamais ça ! rajouta le faiseur de potions, bouillonnant de quelque chose qui ressemblait à une très grande colère. Ne me mêlez pas à vos fantasmes tordus !

Severus avait dû avoir une image très nette de ce à quoi Harry avait pensé... Oups !

— Ce partage de pensées est vraiment problématique..., marmonna Harry en se reculant de quelques pas, comme pour éviter le courroux de son ancien professeur.

— Oh, vous croyez ? répliqua Snape avec sarcasme. Combien de fois avez-vous imaginé ce genre de scénario absolument tordu ? Je devrais vous mettre sous veritaserum !

— Je ne suis pas certain que la réponse vous intéresse vraiment...

L'homme était furibond. Harry pouvait presque voir la fumée sortir par ses oreilles !

— Alors, il y a eu plus qu'une fois ?!

Severus en tremblait.

— Calmez-vous, Snape, ça ne sert à rien de paniquer comme ça. Ce n'est pas comme si c'était quelque chose que je racontais à tout le monde.

— À tout le monde ? Vous avez déjà fait part de cette... lubie à quelqu'un d'autre ?

— Seulement à Ron et... peut-être à Neville. C'est normal de penser à ce genre de choses, adolescents, vous ne devriez pas vous tordre un rein avec ça. Ce n'est que pour plaisanter.

À trois heures du matin, dans le dortoir des Gryffondor, il n'était pas rare que les conversations deviennent grivoises. Pour rire, ils avaient quelques fois déjà évoqué plusieurs hypothèses rigolotes concernant ce que pouvait bien cacher Severus sous ces robes. Tantôt, il avait un immense sexe, tantôt un tout petit. C'était juste que le professeur était tellement... habillé et froid qu'il devenait rapidement mystérieux et intriguant que d'imaginer sa vie privée et, surtout, sexuelle.

— C'est de la curiosité mal placée. Vous devriez tourner votre langue sept fois dans votre bouche avant de parler pour déblatérer pareilles idioties !

— Oh, allez ! Je suis sûr que vous commériez sur les élèves aussi, lorsque vous étiez professeur !

Combien de fois avait-il entendu les professeurs murmurer à son sujet ou à propos d'un autre élève quand il s'immisçait dans les corridors du château, tard le soir, muni de sa cape d'invisibilité ? Harry jura que Severus s'apprêtait à le frapper – ce qui aurait sûrement été vain –, mais l'homme n'en fit rien.

— Je n'avais pas de temps à perdre avec ça. Je n'avais pas besoin de « commérer » : je n'ai jamais cherché à cacher que je ne vous aimais pas.

— Vous n'aimiez personne.

— Il n'y a pas besoin « d'aimer » pour enseigner.

— C'est tout de même étonnant, considérant que vous avez passé toutes ces années à tenter de me maintenir en vie.

Severus serra les lèvres.

— Cela aurait été plus facile si vous ne vous mettiez pas constamment en danger.

— Je ne faisais pas exprès, promit-il.

Même Ron s'était demandé à de multiple reprises pour quelle raison leur trio se mettait, à chaque année, les pieds dans les plats et le nez là où il ne fallait pas. C'était plus fort qu'eux.

— Vous attirez les ennuis, Potter.

Comme votre père.

— Vous prétendez que rien ne vous affecte et que rien ni personne ne compte pour vous – c'est ce qui vous a sans doute permis de survivre à Voldemort –, mais vous avez veillé sur moi, pourtant, un peu comme... un ange gardien. C'est ce que j'ai pensé quand j'ai vu votre patronus dans la forêt, le même que ma mère.

Severus se renfrogna. Harry touchait une corde sensible et il n'aimait pas ça.

— Je ne suis « l'ange gardien » de personne ! Je regrette de vous avoir maintenu en vie aussi longtemps !

Non, mais franchement... est-ce qu'il avait l'air d'un ange ? C'était la meilleure de l'année ! Il était sans doute la personne avec l'allure la plus froide et la moins avenant de tout Poudlard ! Et ses capes noires ne faisaient sans doute pas penser aux plumes blanches d'un être céleste ! Pendant six ans, les amis d'Harry l'avait appelé « la chauve-souris graisseuse » : ce ne devait pas être pour rien !

— Moi, je ne regrette pas de vous avoir sauvé, Snape. Vous méritiez de vivre, après tout ce que vous avez fait pour l'Ordre. Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais vous êtes un homme bon.

— Oh, sûrement pas, Potter.

Loin de là. Vous ignorez bien des choses à mon sujet.

— Rien de ce que vous pourriez avoir fait ne me fera changer d'avis. Voldemort vous a contraint à bon nombre de choses, mais vous n'y avez jamais pris plaisir et c'était toujours contre votre volonté.

Severus eut un rictus moqueur.

— Qu'en savez-vous ?

Pour quelle raison cherchait-il à convaincre Harry qu'il était mauvais ? Lui-même l'ignorait... Son opinion de lui-même était sans doute mauvaise, biaisé. Il haïssait tout ce qu'il avait pu faire durant la guerre, alors il n'avait aucune envie d'être perçu comme un héros. Au contraire de Potter, lui semblait-il...

— Je pourrais vous lancer un legilimens, fouiller vos pensées.

— Ne vous avisez surtout pas de faire ça.

Pour garder son calme, il jeta un œil à sa potion qui était désormais de la bonne couleur. C'était prêt. Il allait pouvoir avoir un peu d'avance sur ses commandes : son client allait être content. Il versa le contenu de sa marmite dans une fiole, la secouant une dernière fois pour s'assurer de la qualité.

— Je ne me serais pas lié à vous si je n'avais pas eu confiance.

— Vous avez sûrement fait une erreur, dans ce cas. Ce ne serait pas surprenant au vu de vos capacités limitées...

Piqué au vif, Harry dédaigna sa baguette.

— Je ne suis pas aussi limité que vous semblez le penser.

Il pointa le bout de sa baguette contre la gorge de Severus qui n'esquissa pas un mouvement pour se dégager. L'homme paraissait plutôt... ennuyé, voire amusé. Il déglutit.

— Qu'est-ce que vous croyez faire ?

— Vous prouvez ce que je peux faire. Vous me considérerez comme un égal. J'ai terrassé des dragons, battu Voldemort... que vous faut-il de plus pour me respecter ? Je ne suis pas mon père.

Si vous n'êtes pas comme James, cessez de me menacer.

— Écoutez, Potter, on a déjà usé de nombreux doloris sur moi, alors j'éviterais, à votre place. Laissez votre impulsivité imbécile de côté, pour une fois.

— Je n'utiliserais jamais un tel sort sur vous. J'ai sauvé votre vie comme vous avez sauvé la mienne et je souhaite simplement que nous puissions bien nous entendre.

— Ça n'arrivera pas, alors vous devriez cesser de mettre vos efforts dans cette quête ridicule et impossible.

Énervé, Harry baissa sa baguette en serrant les dents.

— Très bien, je vais vous laisser dans votre solitude. J'ai compris le message. Ne vous attendez pas à me revoir de sitôt.

Severus s'en frotta les mains.

— Très bien ! siffla-t-il.

— Vous ne pourrez rien dire si je m'adonne à des activités sexuelles !

Potter tourna les talons en claquant la porte derrière lui. Il espérait avoir le temps de rejoindre Hermione et Ron, peut-être même les jumeaux s'il avait de la chance.


Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Where stories live. Discover now