Sortilège 6

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Sortilège 6.

Harry ne se fit pas prier et gravit l'escalier de bois, un peu nerveux à l'idée de découvrir le manoir Snape plus en détails. De l'extérieur, c'était une bâtisse impressionnante. De l'intérieur, ce l'était tout autant. La décoration lui rappelait celle du manoir Malfoy, mais en un peu plus sombre et moins clinquant.

Severus bouillonnait.

— Potter, je vous ai dit de ne pas approcher !

Harry regarda autour de lui avec l'impression d'être en terres étrangères et interdites.

— Je ne pensais pas que le veritaserum avait des effets aussi longs, expliqua-t-il, je voulais simplement vous donnez une petite leçon, professeur.

L'intéressé le fusilla du regard.

— Une « leçon » ? releva-t-il sèchement.

— Pour votre caractère hautain et désagréable, reprit le Survivant. Je pensais que la guerre aurait pu vous changer, mais ça n'y a rien fait.

Severus grimaça, comme s'il venait de dire la chose la plus idiote qui soit.

— Il ne vous vient pas à l'esprit, Potter, que cette guerre ait pu contribuer à ce que je suis devenu ? On ne reste pas aussi longtemps dans les rangs du Seigneur des Ténèbres sans en être affecté à jamais.

Il n'avait pas été laissé indemne par toutes ses années à s'enfoncer de plus en plus profond dans le mal.

— Est-ce que ce fut aussi terrible que je peux l'imaginer ?

Pire, répondit le professeur, une expression sombre sur le visage, vous n'avez pas idée de ce que j'ai pu voir et endurer. J'ai dû me couper de toute humanité ou je n'aurais pas survécu aussi longtemps.

Harry baissa les yeux.

— La potion que vous avez faite pour moi, la potion pour un sommeil sans rêve, précisa-t-il, vous en consommez aussi, n'est-ce pas ? C'est pour cette raison que vous connaissez la recette par-cœur.

— Sans cette potion, je deviendrais fou, admit-il contre son gré.

Le jeune sorcier en vint à penser que les rêves de Severus devaient être pires que les siens.

— Pouvez-vous prendre la potion pour un sommeil sans rêve tout en ayant ingérer du veritaserum ?

— Je ne rêve plus, Potter, j'ai pris de cette potion tellement souvent qu'elle a annihilé ma faculté à rêver.

Harry eut une expression horrifiée.

— Est-ce que c'est réversible ?

— Je ne crois pas, mais je me porte mieux ainsi. Croyez-moi, si vous aviez fait les cauchemars que j'ai faits et qui ont hanté mes nuits, vous auriez fait la même chose.

L'interpellé secoua la tête.

— Non... je ne crois pas. Je fais aussi des rêves horribles, vous savez, mais parfois... il y a des rêves bien et je ne voudrais pas perdre ça.

Ces rêves qui vous donnaient l'impression de voler, par exemple, ou pour les plus coquins, ces rêves érotiques qui vous réveillaient avec une érection dans le pyjama au matin. Non, Harry n'aurait pas fait une croix là-dessus.

— Je peux vous assurez qu'il ne restait plus beaucoup de place pour les rêves heureux, dit Snape avec un rictus amer.

— Avez-vous une chambre d'ami ?

— Le manoir compte plus de pièces que je ne pourrais les compter, alors oui, répondit Severus en se maudissant d'avoir donner cette réponse. Pourquoi ? Je vous assure, Potter, que vous ne passez pas la nuit ici !

— Je vous ai dit que je restais jusqu'à la fin des effets du veritaserum : ils ne seront pas disparus avant demain matin.

Severus le jaugea du regard. Harry pouvait voir que le professeur bouillonnait de colère.

— Vous n'allez vraiment pas partir, hein ?

L'intéressé secoua la tête.

— Je reste. Je vous ficherai la paix demain matin.

L'homme n'était pas ravi.

— Vous pouvez me montrer la chambre d'ami ? rajouta Harry.

— Oui, je peux.

Lui aussi pouvait jouer sur les mots, malgré le veritaserum.

— Allez-vous le faire ? Si vous ne le faites pas, je vous suivrai jusqu'à votre chambre et je piquerai votre lit.

Potter avait mentionné la dernière phrase dans le but de détendre l'atmosphère, mais son interlocuteur demeura crispé et frigide. Ça ne le faisait pas rire. À vrai dire, le sorcier se demandant si quoique ce soit parvenait à faire s'esclaffer le grand Severus Snape... À part peut-être retirer des points à Gryffondor.

— Il me semble que je sois dans l'obligation de le faire, dans ce cas, non ? répondit Severus avec un rictus froid. Suivez-moi.

La boule au ventre, Harry suivit son professeur particulier dans les longs couloirs du manoir jusqu'à ce que Snape s'arrête devant une porte qu'il ouvrit prestement.

— Là, indiqua-t-il, et restez-y.

Le cadet pénétra la pièce et il entendit la porte claquer derrière lui. Il s'avança dans la chambre, admirant la splendeur et la richesse de la décoration fortunée. La famille Snape avait vraiment eu beaucoup d'argent, songea-t-il. Il se laissa tomber sur le grand lit, observant le plafond, immobile. Il avait pour plans de laisser son hôte tranquille durant la soirée, mais il se rendit compte, un peu plus tard, que Severus ne lui avait, en fin de compte, jamais donné sa potion pour un sommeil sans rêve. Sans elle, il ne pourrait pas dormir.

À pas de loup, il se faufila donc à l'extérieur de la chambre et chercha où pouvait bien se tapir l'homme plus âgé dans ce si grand manoir aux allures de château. Au détour d'un couloir, il entendit des sortes de grognements étouffés. Il haussa un sourcil et suivit le bruit qui le mena à une large porte. Il mit une main sur la poignée. Ce n'était pas barrée. Il poussa ladite porte.

— Professeur ?

C'était visiblement la suite princière de Severus. La chambre était peinte en teintes de vert et les meubles étaient élégants. Il scruta toute la pièce des yeux jusqu'à tomber sur la vision de son hôte, par terre, crispé de douleur et se tenant l'avant-bras.

Occlumancie et Legilimancie [Snarry]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang