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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
" Ton souffle chaud fait fondre ma peau. Je peux sentir la chair dégouliner sur les os ; vont-ils se dissoudre eux aussi ? Je cherche tes yeux. Je ne veux pas disparaître. Je n'y retrouve pas l'amour, mais ce film translucide comme la chair des méduses. Je veux hurler et l'eau noire remplit mes poumons. Je disparais."
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Namjoon soupire. Première action au réveil. Ses yeux sont gorgés de fatigue, il peut presque sentir le poids de ses cernes tirer ses paupières vers le bas. Ses muscles répondent à peine à l'appel et son ventre se tord de faim.
Il repousse le drap de son corps nu. Les lumières de la ville se sont allumées et éclairent par morceaux la pièce à travers la grande baie vitrée ouverte. Les rideaux de tulle blancs volettent avec paresse. Il est tard, bien trop tard. Namjoon se souvient que Jimin avait éteint son téléphone. C'est la première fois qu'il oublie de se rendre à l'Eden. Un poids supplémentaire lui tombe sur les épaules, si lourd, qu'il courbe l'échine.
La chambre autour de lui est dans un désordre innommable. Les dossiers renversés sur le sol, la chaise par terre, les vêtements, la bouteille de champagne vide – la seconde de la soirée- et le cendrier qui dégueule. Seul Jimin est allongé, un genou plié, couvert d'un léger drap blanc qui laisse à l'imagination le dessin de son corps nu. Il a l'air serein. Le bazar ambiant n'a pas de prise sur ses rêves. Ses lèvres entrouvertes et meurtries laissent passer un souffle léger. Sa peau si bien entretenue au quotidien est couverte de griffures et morsures superficielles. La lumière jaune des éclairages publics ajoute une certaine grâce et se pose avec parcimonie sur son visage.
Namjoon se redresse avec précaution et glisse sa carcasse jusqu'au salon dans l'espoir de se servir un verre d'eau glacé. Le reste de l'appartement n'a pas été épargné par leur furie. Vêtements et assiettes vides s'entassent et se mêlent entre le sofa, la table et le sol. Il doit en enjamber la majorité pour accéder à la cuisine. Son sac est dans l'entrée, mais impossible de remettre la main sur son téléphone. Jimin l'a balancé et sans doute cassé, il ne sait où entre le canapé et la table basse. Il cherchera après. De toute façon, tout est fini. Il est en retard. Il n'y aura plus personne pour le tirer de ce mauvais pas. Il va devoir faire les choses seul.
L'eau bouillante le fait grincer des dents. Dans le reflet de la glace, à travers la vitre embuée, il constate les nombreux suçons qui descendent du creux de son oreille à ses hanches. Impossible de les louper. Tout son corps est meurtri. Il ne pourrait jamais tout cacher. Mine de rien, depuis la veille, après ces longues journées à accompagner la mort et madame Kang, Namjoon se doutait qu'il ne pourrait pas revenir à l'Eden.
