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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
« Mon monde : ce tout petit appartement encombré. La pauvreté réduit tout à une peau de chagrin, le confort et les perspectives. Le soleil et la pluie, le sommeil et l'éveil ; l'hiver est éternel, ne reste que la poussière. De tout petits débris des choses, de nous, du monde : un autre, vaste, libre. »
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Yoongi roule son joint de beuh près de la fenêtre. Ses jambes pâlottes surgissent de son short de sport trop large. A ses pieds, la tête sur ses genoux, Hoseok observe la fumée diffuse des cigarettes consumées dans un bol de porcelaine de Chine. Il n'a rien dit de sa mission future, la nouvelle. Il a un poinçon de cigarette sur le haut de sa pommette. D'un regard en biais, les bras ballants du corps, il a tout raconté. Les pièces secrètes, la fureur de Lapiovra, sa tentative de séduction. Ne restait que l'attente, allait-on le demander comme indiquait le plan ? Namjoon est dans la salle de bain, porte ouverte, concentré à appliquer un fard à paupière pailleté ; il ne veut pas écouter les affaires d'Hoseok. Elles le concernent mais il les ignore. Depuis de longues minutes il applique fond de teint, crèmes et parfums. On croirait à un embaumement. Yoongi aurait bien fait la vanne mais son corps bleuté et couvert de bandelette est mal placé pour quelque raillerie.
C'est clopinant que le garçon blessé avait déjà fait des siennes. D'un geste du pied il avait renversé et éparpillé tous les vêtements qu'Hoseok et Namjoon avaient pris soin de réunir et plier. Les cardigans beiges et pantalons larges n'étaient pas à son goût. Ils n'étaient pas au goût du métier. Si Namjoon passait du temps loin de l'Eden, il n'était pas pour autant un étudiant en vacances. Il travaillait. Pas de short a tendance string, de talons de dix centimètres et de t-shirt transparent mais un peu d'élégance, de suggestion. Yoongi avait recomposé la valise et, assis au fond du canapé miteux de l'appartement, Namjoon et Hoseok l'avaient observé, sans rien dire. Une valise que l'on vide, que l'on remplit, qu'on videra et remplira. Le bruit de la rue les berçait, l'odeur du café, la musique tout bas depuis une enceinte cachée entre les draps. C'était calme, d'une torpeur tendre et lancinante. D'une douleur qu'on finit par apprécier.
Il était quatre heures mais huit ou treize n'auraient fait aucune différence. Seule la poussière délicatement entassée sur les objets lointains témoignait du temps qui passe.
Quelques heures plus tard Hoseok est de nouveau réveillé. Il n'a presque pas dormi. Il faut dire qu'après deux cafés à l'aube, il n'a pas l'habitude d'émerger avant la fin d'après-midi et le début de leur service. Son visage doré a perdu de sa splendeur et ses yeux sont encore dilués de sommeil. Il s'enfile deux clopes, deux autres cafés et manque de gerber sur la chemise blanche que lui a prêté Namjoon.
