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« Adieu conscience. Les cachets provoquent de drôles distorsions, où les hommes se dérobent au profit d'ombres sans visage. Et je suis là, le tout petit moi, quelque part dans le fond de cette valse glauque et anonyme. Quelque part dans le fond de mon corps. C'est vaste un corps. »

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Il observe le cachet effervescent disparaître dans l'ambre de l'alcool ; parfum orange avec rhum de piètre qualité. Quelques particules volettent encore. Il les fait disparaître d'un geste de cuillère. Le verre à la propreté douteuse jusqu'à ses lèvres meurtries par les baisers. Il le descend d'une traite et le repose. Bruit mat du verre sur le comptoir. Aussitôt avalé par les sons distordus de la boite. La fête bat son plein, comme tous les soirs.

Une main se pose sur sa hanche. Grande main manucurée, à son annulaire une bague sertie de bleu. Monster la connaît bien cette bague : celle que lui avait offert Jimin. Le souffle de Lapriovra s'écrase dans sa nuque. Il peut sentir le tissu de son pantalon contre ses cuisses, comme une brûlure qui perdure lorsque le mac s'éloigne.

« Danse bien. Je te regarde. »


Il s'adosse au comptoir. Monster aimerait vomir sa beauté. Lapriovra attrape un verre, presque le même que le sien, sans le cachet, sans la qualité médiocre de la boisson. Le monde qui les sépare apparaît dépourvu de limites. Monster a un haut-le-cœur, il le retient de justesse. Le regard de Lapriovra se durcit. Le sourire charmant de sa bouche en chair retombe pour dessiner une ligne sévère. Monster ajuste ses mèches, s'oblige un sourire. Il ne respire que lorsque le masque de Lapiovra a repris ses droits sur son visage de poupée.


Il tend le bras, le rapproche de lui. Son nez frôle sa nuque, il pourrait y déposer un baiser. Ce serait trop, cela fait longtemps que Lapiovra n'a plus ses gestes. Une main continue toutefois d'apprécier la maigreur de son corps malade. Monster la sent griffer sa chair sous le tissu qu'il soulève, ses ongles s'inscrivent entre ses os. C'est Sunwer qui lui tend un plateau et le libère de cette emprise.

« Table 8. »


Les doigts de Lapriovra sont des serres autour de sa taille mince. Sunwer sourit. Monster se retourne une dernière fois, et observe son profil radieux disparaître derrière la foule. La chaleur de l'établissement lui colle à la peau, tout comme les effluves de cigarette. Il distingue à peine les visages derrière la fumée et les néons. Il serre et, à contrecœur, doit retourner au bar. Seul brille le blanc vitreux des yeux, un bijou sur une main qui se voudrait baladeuse, mais n'est que prison sur ses possessions. Lapiovra rayonne.



Il s'empresse de rendre son plateau. Le mac discute avec un homme, Sunwer toujours plaqué contre son torse. Monster s'éloigne, commande un double whisky. Il l'avale d'une traite. Il sent bien qu'il n'est pas dans son rôle, cela fait plusieurs jours que c'est le cas. Il espère seulement que Lapiovra regarde ailleurs. Il n'a pas envie de se cambrer au bar, plus envie de rouler du cul dans son short argenté. La foule l'engloutit et l'entraîne loin du bar et du mac.

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