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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
« Je sens que je me disloque ; je m'étiole dès que je regarde ailleurs. Je n'arrive pas à faire le compte de ce qui me reste, et le processus s'emballe. J'ai peur de me réveiller un matin et de me rendre compte que je suis un corps sans âme. Que j'ai tué de mes mains sales ; que j'ai étouffé l'essence même de mon être. Que je ne suis plus rien, mais que je respire encore. »
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Hoseok tire sur le col de sa chemise. Il fait jour, trop jour. Le soleil qui se reflète sur les surfaces scintillantes des boutiques et sur ses manches immaculées lui irrite les yeux. On le bouscule. Il n'a pas le temps de s'excuser. Son corps avance au ralentit, embourbé. Depuis qu'il habite avec Namjoon, il ne connaît que la nuit. Il a arrêté de voir des filles avant la tombée du jour, de simuler un semblant de vie normale. De boire, de flatter puis de carrément mentir, de les ramener, d'emménager, de penser aux anniversaires et à leur couleur préférée. Il a oublié leurs rires, la douceur de leurs mains. Il ne connaît que les voitures privées au petit jour, et ne ressort des appartements qu'aux premières lueurs de lune.
Il observe un escargot se battre contre le courant de l'eau dans un caniveau, le soleil luire sur sa coquille. Une fille le frôle, odeur florale et froissement d'une jupe très longue. Hoseok adore aussitôt son sourire. Il voudrait n'avoir rien à faire, pour se retourner, lui sourire, espérer une discussion, un numéro. L'hôtel où travaille Namjoon n'est plus loin. Il faut avancer. Il n'a plus ce loisir, de s'arrêter, de se laisser conduire par un sursaut du cœur.
Il réajuste ses manches. Le tapis rouge, le lustre en cristal. Il lui faut inspirer et expirer par trois fois pour trouver le courage d'entrer. Namjoon ne lui a pas expliqué qu'elle porte de service prendre. Il se retrouve au milieu des voyageurs, des hommes d'affaires exténués. Un chassé-croisé d'individus plus tendus les uns que les autres. Il a beau avoir coiffé au mieux ses cheveux, apprêté son visage sans excentricités, Hoseok se sent épié puis piégé.
« Bonjour, je viens remplacer Kim Namjoon. Est-ce que je pourrais parler au responsable ? »
La jeune réceptionniste croise les doigts. Elle doit être nerveuse. Une nouvelle ? Les crayons sont rangés par taille et couleur sous le comptoir de la réception. Il y a des post-its sur les classeurs.
« Excusez-moi. »
Elle ouvre son ordinateur, ses mains tremblent sur son clavier.
« Kim Namjoon ? Je ne connais pas cet homme. Il travaillait chez nous ?
- Oui, cinq jours par semaine, en fin de matinée comme maintenant. Nettoyage des chambres.
