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Namjoon n'avait pas imaginé ça pour sa vie. Ce n'est pas le chemin qu'il croyait tracé pour lui. Et pourtant le voilà employé permanent de l'Éden, boîte de nuit où les prostitués s'abandonnent au bonheur des clients. Et Park Jimin semble le trouve...
« Il a des évènements qui sont comme des petites morts. Certains en reviennent, retrouvent le goût de l'existence. Et d'autres habitent des cadavres pour le reste de leurs jours. »
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La lumière découpe de petits yeux blancs sur ses draps sombres. Namjoon ne bouge pas, la bouche entrouverte par son souffle sec. Ses lèvres gercées le tirent. Il serre contre lui la couette épaisse et son odeur de lessive. Aucun bruit. Il se retourne difficilement sur le dos : le plafond blanc. Les quelques étagères, étranges et obliques sous la faible lumière, accueillent encore quelques photos poussiéreuses de l'enfance. Namjoon pose sa main sur son cœur.
« Le monde est un autre nom pour le désespoir. »
Son téléphone vibre contre sa cuisse et Namjoon se contorsionne lentement pour le trouver à travers les draps immaculés. Le petit appareil maudit se secoue à nouveau. Son visage pali. Namjoon doit déglutir avant de consulter les messages. Le premier, de son mac, rien de surprenant sur ce numéro, l'enjoint à passer dans son bureau dès son arrivée à l'Eden. Namjoon hait ces rendez-vous. Ce bureau, cet homme. Et leurs dernières rencontres calmes n'éloignent en rien le souvenir d'autres tumultueuses. Il préfèrerait rentrer, errer entre les tables, des consommations à bout de bras les rares moments où il n'est pas le bien à se procurer. S'enfermer dans les chambres diverses, les cabines de strip-tease, trainer un bref instant sous les douches tandis que les filles changent les draps sales.
Il répond brièvement et ouvre le second message reçu.
« Je suis content de savoir que je te manque. Tu ne l'as pas vraiment montré ainsi ce matin. J'espère que la bague te plaît et qu'il s'agit là de ton numéro personnel. »
Namjoon doit remonter la brève conversation pour se souvenir de ce qu'il avait envoyé. Ses propres mots sont loin, un autre les a écrits : Monster. Il soupire de n'être personne dans cette chambre aux draps frais, de cet alter ego qui le bouffe. Namjoon ne doit pas merder, il ne fait que ça. Ses études, ses addictions, son boulot. Il ne fait que merder. Ça doit cesser. Comment mettre fin à cette existence infernale, arrêter de foirer minutieusement chaque détail de sa vie?
« Désolé, ce matin je travaillais encore. Je ne voulais pas de problème avec votre ami. La bague est superbe, je vous en remercie. »
Il omet volontairement ce qui ne l'arrange pas. Ses yeux se ferment sans trouver le sommeil. Un état de léthargie, son corps presque mort : ses mains osseuses aux jointures bleues, ses lèvres violines et ses paupières épaisses. Namjoon ne trouve pas le sommeil. Son corps lutte. Il craint de ne plus parvenir à se réveiller. Namjoon subit ces nuits sans sommeil, le plafond encombré de ses pensées noires et furibondes.
