Chapitre 16

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Je n'étais pas stupide, je comprenais ce qui m'était arrivée, je le comprenais vraiment. Si Wyatt n'avait pas été là, ces hommes m'aurait violée. Mon passé m'a appris très jeune à prendre conscience des choses, à les prendre au sérieux, car ni la vie, ni le temps, n'allaient t'épargner si on était trop lent à comprendre ou à assimiler les choses.

Depuis mon plus jeune âge, j'ai aimé l'apprentissage, le savoir, l'indépendance intellectuelle, plus nous sommes au courant des choses, plus nous les comprenons. Plus nous les comprenions, plus on était à l'aise et on pouvait avoir un certain contrôle sur nos vies et notre avenir. Mais aussi, se rendre compte que même les connaissances fondamentales de l'existence, de la famille, de l'amitié et surtout celles sur l'amour n'étaient pas figé dans le marbre, tout pouvait basculer. Ce qu'on l'on croyait sûr et normal, pouvait ne plus l'être. Selon vous ou quelqu'un d'autre. Je savais que malgré tout, même le savoir, l'apprentissage, la connaissance de l'humanité et du monde pouvait nous guider, nous aider à avoir un certain contrôle sur nous-mêmes et notre avenir. Rien, y compris toutes les « sûretés » du monde pouvaient être indélébile.

Malgré le fait que j'en sois consciente, je ne ressentais absolument rien. Les seules inquiétudes qui me traversait l'esprit était de savoir comment mon corps violé, inanimé, froid et sans vie aurait détruit ma famille. Wyatt avait sauvé ma famille et non moi. La mort, ma mort serait une libération pour moi et une condamnation pour eux. Vivre en ressentant des douleurs insoutenables, une souffrance mentale qui devient physique. La vie et la mort échangent de rôle. La mort serait pour moi la seule façon de vivre.

J'étais totalement perdue dans mes pensées. Je vérifiai l'horloge et une heure était passé. Je pus remarquer que Wyatt et mes parents était sortis pour laisser le docteur et la gynécologue venir m'examiner, la doctoresse Sotoris. Elle m'indiqua que tout allait bien et que je n'avais aucune séquelles suite à l'agression. Elle m'avait examiné à mon arrivée également, mais elle voulait être certaine que rien ne s'était développé. La gynécologue partie, le docteur Carlingher me fit une prise de sang sur mon bras qui était déjà recouvert de pansements. Il prit ma température, ma tension, examina ma bouche, me fit asseoir sur le rebord du lit et écouta mes paumons, palpa mon estomac. Il me demanda si j'étais capable de me mettre débout et que si je n'y arrivais pas, il ne fallait pas s'en inquiéter, c'était normal. J'étais allongée depuis plus de trois semaines, mes jambes étaient engourdies et douloureuses. Je poussai sur mes jambes, je réussi à me mettre debout pendant à peine cinq secondes et me rassie aussi tôt. Carlingher avait l'air content et optimiste. Après avoir terminé, il me fit savoir que j'étais en parfaite santé et que si la prise de sang était normale, je pourrai rentrer. Il me prescrivait une ordonnance pour certains médicaments, car il était possible que j'aie des effets secondaires : céphalées, nausées, vomissements, amnésie etc.. Tout ceci à court terme et que si cela venait à durer plus d'un mois je devrais consulter. J'avais déjà « consulté » pendant pratiquement un mois, je pense que c'était suffisant.

-Je suis ravie, Sira, vraiment, dit-il avec joie, que ton séjour ici se termine comme ça. Les résultats de la prise de sang arriveront d'ici quarante-cinq minutes maintenant. Je reviendrai vers toi une fois que je les aurai d'ici une heure et quart. Tes parents et ton ami doivent mourir d'impatience dans la salle d'attente, je vais leur dire qu'ils peuvent revenir.

La résonnance du mot « ami » par rapport à un inconnu me mit mal à l'aise. Je n'avais pas d'amis, proche ou inconnu, mais le fait que cela soit un inconnu de surcroît, me perturbait.

Wyatt seul entra dans la pièce, en me faisant un immense sourire.

-Tes parents sont à l'extérieur, je leur ai demandé de m'accorder cinq petites minutes avec toi, ils ont accepté, à contrecœur certes, mais ils ont accepté. Ton père a dit qu'il se sentait redevable, mais pas plus de cinq minutes et qu'il m'avait à l'œil et qu'il me tuerait si je te faisais quoi que ce soit, dit-il avec un sourire qui démontrait sa dentition parfaite et d'une blancheur éclatante.

Je souris rapidement. Mon père était taquin et sarcastique. Je le connaissais assez pour dire qu'il se sentirait redevable pour le restant de sa vie.

-Je n'en doute pas, connaissant mon père, il est sûrement sérieux.
Il me fixait avec un regard attentif et profond. Et il sourit.

-Mademoiselle Sira Greenfields, me feras-tu le plaisir de faire une sortie côte à côte, dans un lieu de ta convenance ?
-Ce n'est pas très conventionnelle comme demande, répondis-je. Et, ajoutai-je, si ça se trouve, mon état de santé ne permets pas d'aller dans des endroits à ma convenance côte à côte avec toi.

Il souriait de plus belle. Il avait ces fossettes qui apparaissaient quand il souriait. La nature l'avait apparemment gâté.

-Le docteur est plus que confiant, il ne voulait pas trop s'avancer mais il est persuadé que tu pourras sortir d'ici demain. Loin de moi l'idée de te brusquer, si tu veux te reposer ou prendre du temps pour toi, j'attendrais, je suis quelqu'un de très patient. Je te donne mon numéro personnel, mais je sais que tu ne m'appelleras pas, alors je me débrouillerai pour avoir le tien.
-Je ne sais pas trop quoi te dire, Wyatt.
-Tu n'as pas besoin de savoir maintenant, je suis patient je te l'ai dit. Prends soin de toi Sira.

Il s'avança et entreprit de me faire la bise et je reculai instinctivement. Il ne fit guère surpris par ce geste, il s'en alla comme si de rien était.

Rien ne m'intéressait dans cette situation. Il avait un intérêt pour moi que je n'avais pas pour lui. Je ne voulais en aucun cas le blesser, ni personne d'ailleurs. Mes parents s'inquiétaient énormément de mon manque de vie sociale. Surtout ma mère, après ce qui s'était passé, elle ne s'en remettrait jamais si je ne lui démontrais pas que cette expérience ne m'avait pas détruite. Je réalisais simplement ce que je savais déjà ; les blessures et les cicatrices du passé avaient forgés mon présent. L'espoir était un fantôme et un souvenir doux-amer pour moi, mais pour les Greenfields, ils vivaient et étaient bel et bien présent. Je ne veux en aucun cas blesser Wyatt, je le préviendrai que je n'attends rien de lui et qu'il en fasse de même à mon égard. Il a sauvé ma vie pour mes parents, je peux endurer une entrevue avec lui.

Hey ! Désolée de vous avoir fait patienter si longtemps ! Open Wound est de retour !

J'espère que ça vous plaira !


     

                                          Victoria Akina

Open Wound Où les histoires vivent. Découvrez maintenant