Chapitre 9

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Son père, ayant l'assurance qu'il parlait bien à celui qui avait trouvé sa fille, me mitraillait de questions, je lui racontais tout ce que je savais. Ils étaient horrifiés, mais je remarquai que le regard de la mère était différent, son regard était plein de culpabilité.
-Mon dieu, heureusement que vous étiez là. Je ferais tout pour retrouver ces sales types, ce qu'ils ont essayé de faire à ma petite fille... Merci à vous, au fait, je m'appelle Christian et voici ma femme Jody. Merci d'avoir sauvé notre fille. Monsieur ?
-Wyatt, Wyatt Walhen.
-Merci Wyatt, merci infiniment d'être intervenu, me dit son père avec une vague d'émotion qui traversait ses traits durs.
Sa mère était ailleurs, elle avait l'air inquiète, mais autre chose traversait son esprit, je devais attirer leur sympathie donc je ressortis mon côté Wyatt chevaleresque.
-Madame.
Elle me coupa.
-Dans ces circonstances, je crois que vous pouvez m'appeler Jody, suggéra-t-elle.
-D'accord Jody, je ne peux être sûr de ce que j'avance, mais je pense être arrivé à temps, elle ira bien, dis-je pour la rassurer.
Elle regarda son mari avec un air désolé, il avait l'air en colère contre elle maintenant, comme s'il savait ce qu'elle allait révéler.
-Vous savez, notre fille a vécu des choses extrêmement difficiles pour son âge, qu'est-ce que je raconte pour le commun des mortels, nous l'avons adopté à l'âge de neuf ans. Elle...
-Disons simplement qu'elle est extrêmement renfermée, la coupa-t-il. Tu n'as pas besoin de déballer sa vie, notre vie, à ce jeune homme, bien que nous lui sommes infiniment reconnaissant de l'avoir sauvé.
-Non, j'essayais simplement de lui expliquer qu'elle ne serait jamais sortie si je ne l'y avais pas poussé et je, je...
-Effectivement, mais nous ne pouvons pas revenir en arrière, lui dit-il sèchement.
Je vis dans son regard qu'il regrettait le ton qu'il avait employé en s'adressant à elle, mais il était trop en colère et stressé pour s'excuser. Il y avait une alchimie entre eux, ils s'aimaient réellement ceux-là. Les regards, la façon dont ils se mouvaient dans la pièce montraient que c'était le genre d'amour que la plupart des gens voulaient. Cela peut paraître audacieux de dire ça, car effectivement je ne les connaissais pas, mais mon travail consistait en grande partie à observer les gens. Qu'on ne se mente pas à ce sujet, je suis très doué.
-Excusez-moi, vous êtes les proches de mademoiselle Greenfields ? demanda le médecin.
-Ses parents, répondirent-ils en cœur.
-Bonsoir Mr et Mme Greenfields, je suis le docteur Rexton et vous, jeune homme, vous êtes ?
-Wyatt Walhen, c'est moi qui l'ai trouvé, dis-je simplement.
-D'accord, puis-je parler en sa présence ? demanda-t-il aux parents de Sira.
-Oui, oui allez-y, elle va bien n'est-ce pas ?
-Nous l'avons examinée, physiquement elle est en très bonne santé mais elle ne s'est toujours pas réveillée.
-Comment ça, elle ne s'est pas réveillée !? hurla sa mère, mais réveillez-la, je ne comprends pas, vous venez de dire qu'elle va bien physiquement, alors où est le problème ?!
Elle perdait clairement son calme. Son père, lui ne pipait pas un mot, il était stoïque, il ne bougeait pas.
-Écoutez, êtes-vous sûr que vous voulez que je continue devant Mr Walhen ?
-Docteur... dites-nous ce qu'elle a, supplia son père.
Il perdait patience et je crois que lui comme moi avons senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Nous restâmes tous les trois en attendant que le docteur Rexton parle. Ses parents voulaient savoir si leur enfant allait s'en sortir et moi j'attendais de savoir si j'allais pouvoir réussir ma mission, car si cette fille mourrait aujourd'hui, je pouvais tout perdre.
-Votre fille... commença le docteur, comme je vous l'ai déjà expliqué n'a aucune séquelle physique, ses fonctions vitales sont intactes, elle est en parfaite santé. J'ai contacté d'autres spécialistes et ils sont tous unanimes, c'est comme si inconsciemment, elle refusait de se réveiller.
-Comment ça ''elle refuse'' de se réveiller ?! hurla Jody.
-C'est complètement insensé ! s'exclama Christian.
-Non, ce n'est pas insensé, s'exprima le docteur Rexton, en reprenant seulement ce que Mr Greenfields avait dit. J'ai contacté des spécialistes du service neurologique et psychologique qui m'ont informé qu'ils avaient plusieurs cas comme celui-ci. Certains patients ne présentent aucun déficit physique ni psychologique mais ne se réveillent pas. Nous ignorons les causes exactes de ce phénomène, mais certains psychologues pensent, après certaines recherches, que les patients en question ne veulent pas se réveiller. Le docteur Carlingher, chef de service en psychologie, est dans la salle d'à côté et il viendra vous poser des questions dans quelques minutes. Je suis sincèrement navré de la situation mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que votre fille s'en sorte.
Le docteur Rexton s'en alla. Les parents de Sira échangèrent un regard inquiet. L'atmosphère dans la salle d'attente changea, les émotions qui traversaient leurs regards pesaient sur la pièce. Pendant quelques instants, ce fut une discussion sourde qu'ils eurent, et ils se comprenaient sans émettre le moindre mot. J'étais là, j'aurais voulu dire quelque chose ou faire quelque chose mais toutes mes réactions étaient étudiées et bien pensées et il fallait que je paraisse aussi choqué qu'eux, comme si j'en souffrais alors que je ne ressentais rien. Je sais qu'ils n'en avaient pas conscience sur le moment ou même qu'ils ne me voyaient sûrement plus, mais plus tard ils s'en souviendraient, car l'esprit humain a tendance à retenir des détails insoupçonnés, il fallait qu'ils pensent que j'étais touché par tout cela.
Un docteur s'approcha de nous, je soupçonnais qu'il s'agissait du docteur Carlingher.
-Vous êtes bien les parents et l'ami de Sira Greenfields ?
-Oui, souffla son père.
Il avait parlé avec une voix éteinte.
-Je suis le docteur Carlingher, mon confrère le docteur Rexton m'a transmis le dossier de votre fille et après l'avoir examiné je dois vous poser des questions pour qu'ensemble nous puissions aider votre fille au mieux.
Je sentais qu'il était le moment pour moi de placer mes cartes.
-Je ne la connais pas mais je suis prêt à faire tout ce que je peux faire pour l'aider, dis-je.
Je vis dans le regard de sa mère, qui était injecté de sang et remplis de larmes, qu'elle appréciait ce que j'avais dit.
-Merci, dit Christian, mais nous ne voulons pas vous retenir dans vos activités. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous en aller, nous comprendrons.
-Si cela ne vous dérange pas, je souhaiterais rester jusqu'à ce que je sache qu'elle ira mieux.
Il me fit un demi sourire en me répondant que c'était comme je souhaitais. Le docteur Carlingher nous suggéra d'aller dans son bureau pour que nous y soyons plus à l'aise et commença à poser des questions aux Greenfields.

-Ne vous sentez pas offensé ou blessé par les questions qui vont suivre. Ces questions ont été spécialement préparées pour ce genre de cas de figure. Je sais que certaines questions peuvent être blessantes ou offensantes. Souvenez-vous que nous sommes tous là pour la même chose ; Que Sira se réveille et soit en bonne santé.
Mr et Mme Greenfields ne firent qu'hocher la tête.

-Est-ce que votre fille est ou a été sujette à la dépression ?
En entendant ça, Jody s'effondra en pleurs. En un regard tourné vers elle, Christian comprit, que malgré ses yeux qui étaient sur le point de succomber eux aussi à des sanglots incontrôlables, qu'il allait devoir répondre seul aux questions, car sa femme n'aurait pas la force d'y répondre.
-Non, je.. je ne pense pas, en fait je n'en sais rien, murmure-t-il. Elle a traversé des choses inexorablement compliquées. Elle est très renfermée et elle ne sort pratiquement pas, à part pour aller à l'école, faire du bénévolat, aller travailler et chercher ses frères et sœurs ou les emmener faire des activités. Elle ne communique pas avec grand monde, à part avec nous. J'ai conscience, même trop conscience qu'elle souffre. Nous avons essayé de l'emmener voir un psychologue pour qu'elle puisse s'exprimer sur les choses qu'elle a vécu, qu'elle vit peut-être encore aujourd'hui.
Jody leva la tête pour le regarder dans les yeux, elle le fusillait du regard. Je compris qu'il était l'heure de laisser trainer mes oreilles, car j'allais apprendre des choses qui me sera d'une aide précieuse pour le futur.

Merci beaucoup pour la lecture... Sira et Wyatt et leur histoire me sont très chers. Ces deux-là vont vivre un voyage semé d'embûches et j'espère que vous allez être avec eux et moi-même tout le long du chemin.

Et je voulais juste dire ceci; Tout le monde a le droit d'exiger le meilleur pour soi-même.

Aimez-vous.

                                          Victoria.

Open Wound Où les histoires vivent. Découvrez maintenant