Chapitre 7

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Je dessinais des habits et achetais les tissus pour les confectionner. J'avais fait de nombreuses tenues pour Joy, et pour mes parents aussi. Je dessinais ce qui me venait. Ma mère m'avait offert une machine à coudre dès qu'elle m'avait adoptée. Elle avait remarqué que je m'en servais beaucoup à l'orphelinat. Elle m'avait expliqué que la mère de mon père, Rosa-Kristin Fabella Greenfields était créatrice et que cela était un signe que ma place était bien là, avec eux.
-D'accord, lui répondis-je.
Maintenant, elle était totalement incontrôlable.
-Bon c'est ton père qui ira chercher les enfants à l'école demain, chantonnai-t-elle. Il sortira plus tôt du travail.
-Non, je ne veux pas le déranger et nous ne sommes pas o...
-Chuuuuuuut ! me cria-t-elle ! Il nous reste que deux jours alors, il faut se presser ! À nous les magasins !

L'allée devant la maison d'Elliott était remplie de voiture en tous genres. Finalement, je trouvais une place pour y placer ma voiture, une Mercedes. Mes parents avaient insisté, enfin surtout mon père, pour m'acheter cette voiture à mon dix-septième anniversaire et je leur avais dis que ce n'était pas nécessaire. Mon père avait dit que je refusais tous les cadeaux qu'il m'offrait, à chaque fois sur un faux prétexte. Il voulait même qu'on choisisse la voiture ensemble, mais qu'il s'était ravisé sachant que je n'allais pas accepter.
-Écoute ma chérie, a-t-il dit, tu ne me refuseras pas ça, pas cette fois. Tu as des résultats impressionnants en cours, tu ne nous demandes jamais rien et je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer et je veux ce qu'il y a de meilleur pour ma fille. Alors voilà, ta nouvelle voiture ! Tu vas me mettre cette vieille Honda de ta grand-mère à la poubelle ou la lui rendre, peu importe, et me prendre ce bijou !
Rosa, ma grand-mère paternelle m'avait offerte la Honda pour mes seize ans. Elle l'avait acheté il y a une dizaine d'années. Elle avait déjà bien servi avant que ma grand-mère ne la rachète. Mon père avait fait une crise quand il l'avait découvert, mais Rosa lui a expliqué qu'elle lui rappelait la voiture de ses parents, qu'elle lui rappelait des souvenirs de son adolescence. Ce n'était pas la même voiture, mais comme elle le dit, « elle possède le même genre de chaleur, la même forme et la même couleur que la voiture de mes parents. Je sais qu'elle n'est pas vraiment en bon état et ça me va ». Ma grand-mère l'avait entretenue, plutôt l'avait fait entretenir et elle est restée en vie jusqu'à présent. Elle y tenait. Je lui ai demandé pourquoi elle voulait me la confier, je lui ai dis que je venais d'avoir mon permis et que je risquais de l'abimer. Elle m'avait répondu qu'elle était fière que ce soit ma première voiture, et que ça ne posait pas de problème si je l'abimais un peu. Quand je lui ai dis qu'il y avait des chances pour que je fasse plus que l'abimer, elle a rit, m'a regardée droit dans les yeux et dit :
-Mon cœur, c'est ta voiture maintenant. Je ne doute pas qu'elle soit entre de très bonnes mains.
La Honda n'avait plus que quelques années à vivre, tout au plus.
Puisque mon père insistait pour m'acheter une nouvelle voiture flambant neuve, je lui avais dit que je ne voulais me faire la main sur une vieille voiture avant d'en avoir une neuve. Par miracle, il avait cédé.

J'arrivais sur le porche. La maison était située en bord de mer et le cadre était magnifique. On pouvait entendre la musique jusqu'au bout de la rue, apparemment la fête battait son plein. Je ne me sentais vraiment pas à l'aise, je voulais m'en aller loin, mais je voulais faire plaisir à ma mère, si elle pensait que je m'amusais, elle se détendrait, elle serait heureuse de croire que je le suis aussi. Je sonnais, mais je doutais qu'avec autant de bruit on m'entende sonner. Étonnamment, la porte s'ouvra sur Elliott, un verre à la main. Il me parlait mais je ne l'entendais pas clairement à cause de la musique, donc voyant que je ne saisissais pas ce qu'il disait, au lieu de me faire entrer, il sortit sur le porche.
-Bonsoir, me dit-il avec un grand sourire, désolé la musique est un peu forte, alors finalement tu es venue ?
-Oui, répondis-je, c'est une bonne manière de commencer cette première année.
Je ne mentionnerai pas que sans l'intervention de ma mère, je ne serai pas là. Je ne sortais que pour aller en cours, à l'orphelinat, au travail, chercher mes frères et sœurs et diner dehors avec ma famille. Ce n'est pas que je n'aimais pas m'amuser ou avoir une vie sociale ou autre, je ne ressentais juste aucun besoin de le faire. Ce masque que je portais en permanence est bien fixé, je n'ai pas décidé de le porter, il se place automatiquement.
-Je suis d'accord, dit-il. Son regard quitta mes yeux pour faire l'inspection de ma tenue, Wahou, fit-il. Tu es... Hum vraiment sublime ! Cette robe te va à ravir, quoi que, je suis sûr que n'importe quoi t'irai, tu es si belle.
Ma mère et moi étions parties pour trouver une tenue adéquate. Je lui avais dit que je pouvais me confectionner une robe moi-même, mais elle m'avait répondu que les habits que je créais étaient magnifiques, mais qu'elle voulait qu'on partage quelque chose de plus ensemble. N'ayant rien trouvé qui ne convenait et en voyant sa déception, je lui proposais de m'aider dans la confection d'une robe pour la soirée. Nous avions travaillé toute la nuit pour terminer la robe noire moulante qui épousait mes formes et qui descendait juste au dessus des genoux. Elle avait une petite ouverture entre le dessous de ma poitrine et le début de mon ventre.
Les yeux noisettes d'Elliott pétillaient, ses cheveux blonds sablés volaient dans tous les sens, il avait cette posture qui disait « je sais ce que je vaux ».
-Merci, c'est gentil, lui dis-je simplement.
-Toi, tu n'as pas l'habitude des compliments, me fait-il avec un regard brûlant. Aller viens, (il me prit la main) on rentre.
Je n'avais pas réfléchis pas à ce que je faisais, mais ma main se retira de la sienne. Après ce qui s'était passé à l'orphelinat (il avait mis une main derrière mon dos et j'avais sursauté). Il s'excusa.
-Désolé, j'ai un peu compris que tu n'aimais pas trop qu'on te touche, mais je ne le fais pas exprès d'accord ? C'est juste un réflexe.
-Hey, ne t'en fais pas, ça va. C'est moi qui devrais m'excuser... Je suis juste comme ça... Je..
Il me coupa en me caressant la joue et là encore je le repoussais. Je ne le faisais pas exprès, mon rejet à tout contact. Et là, il eut un petit rire.
-Tu vois ? J'ai de la peine avec toi. Écoute, je sais qu'apparemment tu ne connais personne ici, je ne veux pas te laisser seule, vu que je t'ai forcée à venir, mais je dois voir quelques personnes et vérifier qu'ils (nous étions à l'intérieur à présent, il leva son doigt pour me montrer la grande quantité de personne qui se trouvait dans son salon) ne détruisent pas la maison. Traverse la maison et rends-toi sur la plage en face, prend un verre et je t'y rejoindrais plus tard, et ensuite je te ferais visiter d'accord ?
Non, je veux juste m'en aller. J'ai promis à ma mère de rester au moins une heure et demie.
-Si tu veux.
J'arrivais. L'océan à perte de vue. Il faisait presque nuit, le soleil allait se coucher. Cette vue était une source de force. Je m'assieds sur le sable. Et un souvenir désagréable se postait devant mes yeux, mais cette fois la tranquillité de l'océan m'aidait à me maintenir, oui je devais m'y accrocher. Je me relevais pour aller chercher un verre d'eau, je ne prendrais rien d'autre vu que je devais conduire pour rentrer chez moi. Il y avait une table sur la terrasse où étaient entreposées les boissons. Je commençais à me servir quand deux garçons que je ne connaissais pas vinrent m'interpeller.
-C'est quoi déjà ton prénom ? dit le garçon métisse sur ma droite.
-Attends, dit le garçon aux cheveux blonds ébouriffés sur ma gauche, elle est en chimie avec moi. C'est Sira c'est ça ?
-Oui, dis-je en voulant récupérer mon verre, le garçon sur ma droite m'en empêcha.
-Moi c'est Owen dit-il avec un grand sourire. Ses yeux bruns grands ouverts.
-Et moi Fabien, dit le garçon sur la gauche. Ses dents étaient de travers et très jaunes. Il me fit me retourner pour que je ne sois plus face à la table mais face à l'océan.
-Tu es vraiment très belle reprit Fabien, nous t'observions depuis tout à l'heure (il fit un pas vers moi avec cette lueur dans les yeux que je ne sus déchiffrer) et nous ne t'avons vu parler avec personne, comment ton petit copain peut laisser une fille comme toi seule aussi longtemps ?
-Je... Écoutez, je dois partir...
Je ressentais quelque chose de vraiment bizarre venant d'eux.
-Quoi ? On ne te plait pas ? Demanda Owen. Je ne l'avais pas entendu depuis un moment.
-Allez, dit Fabien, ma beauté, laisse-moi te faire du bien...
Il me maintenait par le bras et s'approcha pour m'embrasser et je criais d'une voix forte et le repoussa :
-NON !
J'avais reculé d'au moins deux bons mètres. Fabien voulait me rattraper mais Owen l'en empêcha, il murmura quelque chose à l'oreille de son ami et Owen me toisa et me dit :
-C'est bon, on s'en va.
Et ils s'en allèrent en riant.
Je repris mon verre qui était resté sur la table et je retournais m'assoir en face de l'océan. Elliott apparu et s'assis à mes côtés.
-Tu vas bien ? J'ai vu ces types, tu n'as rien j'espère ? Je vais leur casser la gueule s'ils t'ont fait un truc ! C'est ma faute, je n'aurais pas dû te laisser toute seule, pardon, je...
Il était tout paniqué, maintenant, il devait se calmer.
-Hey, hey calme-toi (je m'étais tourné vers lui) un des deux a essayé mais je l'ai repoussé d'accord ? Ils sont partis maintenant, tout va bien, tempérai-je.
-D'accord... Soupira-t-il. Alors raconte-moi un peu des trucs sur toi et après on commencera la visite.
Il reste 45 minutes et je trouverais une excuse pour m'en aller, respire tu peux le faire.
-Elliott ! ELLIOTT !
Une fille blonde apparu derrière nous, visiblement pressée et énervée, mais elle se calma quand elle remarqua la distance qu'il y avait entre Elliott et moi.
-Marissa, dit-il d'un ton neutre, je suis occupé d'accord ?
-Mais il faut que tu viennes tout de suite, je crois que des gens ont réussi à entrer dans la chambre de tes parents et ils sont en train de... Enfin tu vois quoi ? Ne m'oblige pas à te faire un dessin ! riait-elle, aller mon cœur, viens !
-Marissa, arrête, toi et moi, c'est fini d'accord ! (il s'était levé) J'ai été gentil et je te l'ai expliqué tranquillement mais là, j'en ai marre ! Je ne t'aime pas et pour l'amour de Dieu laisse-moi !
Et au lieu de lui répondre, elle me regardait, moi et me dit :
-Il ne m'a jamais emmenée au bord de l'océan pour me parler et vu la distance qu'il y a entre vous, il n'a pas encore tenté un truc ! Il doit beaucoup t'aimer !
Je ne répondis pas.
-Marissa, arrête.
-D'accord, mais ça n'empêche qu'il y a toujours des gens qui baisent dans le lit de tes parents, alors... C'est quand ça te chante ! À plus !
Et de cela, elle rebroussa chemin.
-Je suis désolé, Marissa a du mal...
-Vas-y, lui dis-je.
-Où ça ? il parut surpris.
-Le lit de tes parents, (il comprit enfin) et si la fille est vierge, tu auras sûrement beaucoup plus de problèmes à tout nettoyer, dis-je pour le détendre. J'attendrais là.
Il riait de bon cœur maintenant.
-Je fais vite.
Il était parti depuis 5 minutes. Et je me sentais vraiment bizarre. Non, j'était euphorique, j'avais envie de me lever et de danser sur la table, de faire... Wahou ! Quelque chose n'allait pas. J'avais d'immenses vertiges, ma tête tambourinait si fort... Et je sentais une main se poser sur mes hanches.
-Cette robe est... Tu es vraiment magnifique... dit Owen.
Qu'est-ce qu'il faisait là...
-Maintenant, on va te faire du bien d'accord ?
Sa voix me paraissait si loin... je voulais parler mais aucun mot n'arrivaient à sortir de ma bouche. J'étais paralysée. Tout à coup mes pieds quittèrent le sol pour me retrouver dans des bras inconnus.
-Eh toi ! Elle va bien ?
-Oui, oui c'est notre amie, on va la ramener chez elle.
Je tournais la tête et essayais de parler pour dire à cette personne que ça n'allait pas, mais j'étais trop faible. Je voulais me débattre mais mes membres ne voulaient guère me suivre. J'essayais de savoir qui me portait et qui avait répondu au garçon, je ne reconnu que des cheveux ébouriffés, je pense que c'était Fabien.
-Bon, si tu le dis, à plus alors, répondit le garçon.

Il me déposa à terre. J'essayais de regarder autour de moi, mais ma vue était si trouble. Quelqu'un entreprit de m'embrasser mais je réussi à détourner la tête.
-J'ai voulu te sauter le premier jour où je t'ai vu... tu es si douce, toi et ta peau chocolatée... Hum tu sens si bon...
On caressait mon visage.
S'il-vous-plaît, aidez-moi.. Je n'arrive pas à bouger...
Tout à coup j'entendis un grand boum ! J'entendis quelqu'un s'écraser sur quelque chose et crier de douleurs, des cris, des insultes... je, je m'endors.

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