Chapitre 3

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Je quittais le salon en laissant Benjamin et ses questions vraiment impossible, pour me rendre dans une des chambres du premier étage, où je rangeais mes valises, il y en avait tellement que ça prenait presque tout l'espace de la gigantesque chambre. Les chambres étaient toutes comme ça d'ailleurs, gigantesques. J'habitais dans ce loft à Boston depuis trois ans maintenant. Il était si grand pour moi tout seul, neuf chambres, quatre salles de bains, une salle de fitness, une salle de billard et mon bureau. J'avais décidé de faire décorer le loft par une décoratrice, on avait décidé d'une décoration urbaine dans les tons blancs, rouges, bruns et gris. Ma chambre avait des murs en briques, le lit était d'un blanc satiné, à côté, sur la table de chevet, une lampe blanche et une télé écran plat dernier cri accrochée au mur. Le salon était doté d'une table basse, deux canapés couleur cendre, une bibliothèque et un téléviseur aussi épais qu'une feuille de papier. La cuisine, elle, en revanche était plus classique, sophistiquée. Tous les ustensiles imaginables pour une cuisine y étaient. Absolument tout.

30 minutes plus tard de rangement intensif des valises de la chambre numéro trois, j'appelais la femme de ménage pour qu'elle vienne faire son travail. Christina était sensée venir dans deux jours mais je ne pouvais plus attendre. J'avais quitté la ville pendant quelques semaines, et la poussière qui s'était accumulée me rendait malade. Je n'étais pas un obsédé du ménage mais il y avait des limites tout de même. Après quelques hésitations, elle finit par accepter, ce qui me fit sourire. À 45 ans, mère de deux enfants, Nicole et Sasha, mariée depuis 25 ans et, d'après ses dires, heureuse dans son mariage, elle trouvait quand même le moyen de me draguer. Je trouvais ça super, non parce qu'elle me plaisait, mais parce qu'elle ne pouvait rien me refuser. Une heure plus tard, elle était là, me fit son numéro habituel, lessiva tous les recoins de cet appartement en 7 heures. Hormis le fait qu'elle faisait mes quatre volontés, elle était très efficace et n'avait besoin de personne d'autre pour l'aider à nettoyer.
-Qu'est-ce que je ne ferai pas pour vous, hein ? Mon petit Wyatt, me dit-elle avec un grand sourire.
J'avais horreur de ce ton enchanteur qu'elle prenait tout le temps, c'était vraiment agaçant.
-Oui vous avez fait un excellent travail Mme Gomez, merci beaucoup et oui c'est vrai que ferais-je sans vous ?
Je détestais jouer les gentils, mais comme j'avais l'habitude de dire à Benjamin : « les apparences mon pote, les apparences ».
-Que vous êtes mignon quand vous dites ça. Et voilà, elle recommence.
-Merci, lui dis-je simplement.
Elle finit par prendre le chemin de la porte pour être ailleurs qu'ici, et je respirais enfin. Benjamin dormait toujours. Ce type avait un sommeil de plomb. Je l'enviais ce petit salop de dormir aussi bien. Malgré tout le boucan que l'autre avait fait pendant son ménage, il ne s'était pas réveillé. Il immergeait vers 18h. Il entrait dans la cuisine pendant que je cuisinais du riz sauté au bœuf accompagné de beignets aux crevettes. J'avais appris à cuisiner il y a longtemps. Je n'étais pas dans la restauration ou quelque chose comme ça, non, mes talents de cuisinier me servaient à tout autre chose.

-Hey, la marmotte t'as fini de dégonfler les coussins de mon canapé, hein ? lui dis-je quand il entra dans la cuisine en s'étirant.
-Wyatt... soupira-t-il.
Quand il avait cette voix, c'était mauvais signe.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Le suppliai-je presque.
-Ils m'ont appelé encore, mon pote, encore.
-Mais comment ? Pourquoi te recontacter si rapidement...
Même s'il avait tendance à beaucoup dormir, la sieste qu'il venait de faire me paraissait beaucoup plus longue que d'habitude.
-C'est bon, j'ai compris on y va.
-Mais... voulait-t-il protester.
-Non, on y va, le stoppai-je avec une main levée en l'air.
-Tu ne comprends pas, insista Benjamin, pas nous mais toi.
-Comment ça moi ? Qu'est-ce qu'ils me veulent ?
-Pourquoi tu poses la question, c'est toi qui l'a dit, on n'a pas le choix. Tu sais qu'on est coincé pour le reste de notre vie, mon gars, et j'ai peur qu'on le soit aussi après.
-J'y vais, lui dis-je sans trop prêter attention à ses propos, tu peux rester, mais ne détruit rien, ok ?
-Je vais essayer mais ne t'attends pas à ce que tu trouves encore un peu de ta bouffe là, ça sent trop bon !
-De toute façon, même si je te disais non, tu le mangerais quand même n'est-ce pas ?
-Tu me connais si bien !

Sira

Quand j'entrai dans la classe, je n'aperçus que deux élèves au fond, installés tranquillement discutant entre eux, une fille et un garçon, elle , cheveux châtains, et quand elle se mit debout pour ajuster son pantalon en jeans skinny, je remarquai qu'elle était grande, presque autant que moi, elle devait faire un bon mètre septante-cinq, j'avais au moins sept centimètres de plus qu'elle. Quant à lui, grand lui-aussi, au moins un mètre nonante, cheveux bruns foncés et de grands yeux bleus. Il portait un jeans bleu délavé, un t-shirt blanc et un blouson. Je m'asseyais au fond, mais à l'autre bout de la classe côté fenêtre. Il restait 20 minutes avant le début des cours, mais je sortais déjà les affaires de mon sac et les déposa sur le bureau. Je regardais par la fenêtre, le ciel était obscur quelques minutes plus tôt, et là, il se mit à pleuvoir des torrents d'eau. Contrairement aux autres personnes, je n'aimais pas le soleil, mais la pluie. Je ne saurai vous dire pourquoi.
Quelqu'un me tapota l'épaule.
-Salut, je ne voulais pas te déranger.
-Salut, répondis-je.
-Je m'appelle Eliott, je ne sais pas si tu sais qui je suis.
-Non, désolée, avouais-je.
-Hum, d'accord. On travaille dans le même orphelinat comme bénévole et maintenant on est dans la même université. Je n'y suis que depuis six mois à l'orphelinat. Je te vois tous les jours, mais apparemment pas toi.
Cette dernière phrase sonnait comme un reproche. Maintenant il me regardait droit dans les yeux. Ses cheveux blonds sablés tombaient sur son front, il se tenait avec classe et assurance. Son pantalon taille basse gris et sa chemise blanche lui allait bien. Il me regardait avec insistance et je ne me sentais pas bien.
-Non, je ne me souviens pas t'avoir vu, désolée.
-Tu viens tous les jours. À ce qu'on m'a dit, tu es bénévole depuis trois ans, je pense que tu connais assez bien les lieux donc tu as dû forcément me croiser.
Il ne me connaissait pas et moi non plus et il venait me faire des reproches, mais je ne ressentais ni colère ni envie de l'envoyer paitre, mais il fallait que je le fasse.
-Excuse-moi, de ne pas t'avoir vu mais maintenant je te vois. Lui dis-je avec un ton plus sec.
-Je ne voulais pas t'agresser de cette façon, pardon. Vraiment je suis un idiot, toi tu me parles gentiment et moi je...
-Tout va bien, le tempérai-je.
-Maintenant que j'y pense, je ne te vois parler à personne, donc finalement ça ne m'étonne plus autant que tu ne m'aies pas remarqué, mais bon en fait non c'est louche, mais bref... Je voulais t'inviter à la fête que j'organise sur la plage en face de chez moi. Mes parents ont fini par décider de quitter l'hôtel pour s'installer définitivement en ville. Donc pour fêter mon inscription, ma nouvelle ville, ma nouvelle maison, le début de mes études universitaires, en gros ma nouvelle vie, j'organise cette fête et j'aimerais beaucoup que tu viennes.
Je fus un peu désorientée par tout ça. Il fallait que je trouve quelque chose à lui dire sans le blesser.
-Hum, non je, on ne se connait pas et...
-Ne t'en fais pas, il y aura sûrement quelqu'un que tu connais j'ai invité toutes les premières et dernières années, tu ne seras pas seule et c'est vrai, on ne se connait pas mais on peut apprendre.
-Je n'ai pas d'amis donc ça...
-D'accord, donc tu veux dire que tu n'as pas de gens à qui parler, t'amuser ou tout simplement être ? Pourquoi ?
Je restais silencieuse.
-Ok, finit-il par dire pour combler le silence, mais bon ça n'a pas d'importance. Je voulais t'inviter parce que je croyais que tu savais qui j'étais mais que tu n'as jamais osé me parler parce que tu es timide ou un truc du genre... Mais ça me ferait plaisir que tu viennes. Vraiment.

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