Chapitre 14

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Wyatt

Je préférais la nuit au jour. Tant mieux, on pourrait dire, vu mon métier non officiel.

J'étais assis sur le fauteuil dans ma chambre. J'avais une vue magnifique et pendant la nuit c'était mille fois mieux. Je regardais la nuit noire et fit le bilan de ma vie dans ma tête. J'avais construit mon entreprise avec mon défunt père, Willard Walhen. J'avais 15 ans à l'époque. Mon père était quelqu'un de très aimé et avait des amis sur lesquels on pouvait compter, mais il restait quelqu'un d'assez solitaire.
Il travaillait dans une entreprise en tant qu'employé, il gagnait bien sa vie, mais il avait ce rêve de créer quelque chose qui était sien depuis si longtemps. Et ce rêve, selon ces mots, il ne le voyait plus sans moi, son seul enfant. Il m'avait dit qu'en venant au monde, j'étais devenu son nouveau rêve et qu'il voulait construire cette entreprise avec moi.
Histoire classique ; il pris toutes ses économies et les temps étaient difficiles, mais il nous pria, à ma mère et moi, de lui faire confiance.
Moi, contrairement à ma mère, je le soutenais à 100% et je décidai de me lancer avec lui. Mes capacités précoces l'impressionnaient et il disait que le monde de l'entreprise était fait pour moi. Les difficultés et le manque d'argent pleuvaient au début.

Pendant trois ans, on vivait avec le strict minimum. J'ai poursuivi mes études et aidé mon père de tout mon temps libre et bien plus encore. Je séchais les cours, pour être là à tout moment, car j'étais son associé officiel et je ne voulais pas le laisser tomber. Mon père m'avait toujours assuré que s'il y avait n'importe quel problème, il en prendrait toutes les responsabilités et bien évidemment, je n'allais pas le laisser faire, je n'étais pas un lâche.
L'entreprise se développait et en huit ans, elle est devenue l'une des sociétés les plus côtés et les plus riches des États-Unis.

Mon père n'a pas vécu assez longtemps pour en voir son apogée totale, c'est-à-dire ces dernières années. Il est mort d'un cancer, oui je sais, classique aussi.
Après sa mort, j'ai poussé l'entreprise dans ses retranchements pour atteindre le succès dont elle fait preuve aujourd'hui. Je l'ai conduite vers la gloire. On ne l'avait même pas imaginé un seul instant, mais j'étais seul maintenant pour le contempler.

Un fil conducteur me tira de mes pensées un peu trop encombrantes.
Un fil conducteur est une sorte de tintement dans ma tête qui me reconnecte à une de mes missions quand quelque chose se produit ou va se produire. On m'a assigné à une seule mission, une première depuis mes débuts. J'ai l'habitude d'en gérer une trentaine à la fois et même avec des cas spéciaux. Mais là, je savais que c'était différent, on m'avait caché des choses et selon Stanas, je saurais en temps et en heures.

Elle était réveillée.

Je savais maintenant qu'elle n'allait pas mourir, ce n'était pas si simple que ça. Mais bien évidemment, elle avait décidé de faire une longue sieste quand chaque instant comptait. J'y étais allé à l'hôpital, chaque jour, vingt-et-un exactement après son admission. Je la regardais, non, je l'observai. C'est ridicule, elle était dans le coma, et elle n'avait aucune réaction, seul le mouvement de sa cage thoracique démontrait qu'elle n'était pas morte. Pour le monde extérieur, les médecins, sa famille, je me préoccupais d'elle. La vérité était toute autre. Chacune de mes actions étaient destinées à m'encrer dans leurs cœurs. Ma gentillesse et mon attention m'a déjà fait en partie entrer dans le cœur de ses parents. Je discutais avec eux parfois et je sentais qu'ils avaient de l'affection pour moi.
J'avais compris que je travaillais sur la mission la plus importante et complexe que je n'ai jamais eu, qu'on ait jamais eu. Elle était quelque chose et maintenant, il était enfin temps de m'y attaquer.


Sira

-Ma fille, ma vie... Tu es revenue... dit mon père avec la gorge serrée. Comment ça va ? Tu veux qu'on appelle un médecin ? s'inquiétait-il.
-Non, ça va papa, soufflai-je.
-Oh mon dieu, Sy, l'enfer que nous avons vécu, je, je, on n'aurait pas survécu. Ta mère et moi, le trou béant qu'à laisser ton absence nous a tué intérieurement. Xander et Joy sont perturbés et malheureux de ton absence, ils ne dorment plus, ne mangent pratiquement plus rien.
Jihanna, ta grand-mère, tout le monde a besoin que tu reviennes. Jody, chérie, elle est là, s'il te plait, dis quelque chose.

Ma mère me regardait avec de grands yeux comme si j'étais un extra-terrestre et me fixait en larmoyant. Elle était dévastée, elle n'arrivait pas à prononcer un seul mot. Elle s'approcha, hésita et me prit dans ses bras. Cela dura, elle était froide et je la sentis se réchauffer et s'apaiser. Son âme était tourmentée, comme celle de mon père.
Plusieurs coups à la porte firent sursautés mes parents, un médecin apparut à la porte et fit surpris de me voir éveillée.

-Mademoiselle ? Quelle surprise ! Pourquoi n'êtes-vous pas venu m'avertir ? Je suis tellement heureux de vous rencontrer !
-Nous voulions profiter de cet instant en famille, docteur, je suis sûr que vous pouvez comprendre, dit mon père sur un ton narquois. Oh, je suis désolé, je ne devrais pas vous parler comme ça, vous nous avez tellement aidé, ma famille et moi.
-Il n'y a pas de problème, je comprends et j'aurais réagi sûrement pareil, le rassura-t-il.
-Merci docteur.
-Maintenant, j'aimerai vous parler en privé s'il vous plait, Madame et Monsieur, demanda-t-il.
-Nous n'avons rien à cacher à notre fille docteur et nous ne voulons pas la laisser, annonça mon père de nouveau sur la défensive.
-Nous vous inquiétez pas, ça concerne simplement l'administratif et ensuite nous reviendrons, cela ne sera pas long et comme ça M. Walhen pourrait venir voir votre fille.
-Oh d'accord, bon ça ne me plait pas. Laisser nous encore deux minutes et ensuite nous vous rejoindrons dehors.
-Pas de problème, à tout de suite et je suis heureux Sira que tu sois revenue parmi, affirme-t-il en me regardant droit dans les yeux.
-Merci, dis-je.
Il quitta la chambre.
Ma voix revenait peu à peu. J'arrivais mieux à m'exprimer sans avoir l'impression que le souffle que j'utilisais pour dialoguer était mon dernier.

-Écoute ma puce, commença mon père, on ne te laisse pas, on revient dans quelques minutes.
Cette phrase pouvait paraitre anodine, mais contenu de mon passé, elle ne l'était pas.
...Tu ne connais pas ce garçon, Wyatt, mais il t'a sauvé la vie lors de cette fête.

Je vis ma mère devenir encore plus pâle qu'elle ne l'était déjà quand mon père prononça le dernier mot de sa phrase.

-Il est venu te voir tous les jours depuis, poursuivit-il, et il aimerait te rencontrer, comme tu as pu entendre, il est là, si tu ne veux pas le rencontrer, c'est ton droit légitime.

Me sauver la vie ? L'infime curiosité que cette question avait soulevée avait déjà disparue.

-Oui, il n'y a pas de problème.

Et en y réfléchissant, je ne savais pas quoi lui dire. Merci serait mentir.

Hey ! J'espère que vous allez bien ...

Je pense à vous, vous qui rendez cette aventure encore meilleure ... Merci !

Aimez-vous.

                                          Victoria.

Open Wound Où les histoires vivent. Découvrez maintenant