Chapitre 13

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-Aydem, si tu disais là où tu voulais en venir, le pressais-je.
-Tu ne veux pas entendre la vérité.
-Quelle vérité ?
-Pourquoi es-tu là, Sira ?
-Je ne comprend pas ce que tu veux dire.
-Tu es la fille la plus intelligente qui m'a été donné de rencontrer et même sans ça, tu sais très bien de quoi je parle.
-Si je savais ce que je faisais là, je te répondrais.

Il fallait que je trouve un moyen de partir d'ici, car la douleur en le voyant, qui avait commencé depuis mes orteils, commençait à remonter jusqu'à mes intestins, traversé mes poumons, ma trachée et commençait à m'envahir sans que je puisse respirer. Il s'approcha, déposa ses mains sur mes bras en me regardant droit dans les yeux et en me sommant de me réveiller.

-Tu crois que si je pouvais me réveiller, je ne le ferais pas ?
-Voilà où est le problème, tu ne veux pas te réveiller et cela me brise de l'intérieur, quand je me rends compte que quelqu'un comme toi refuse de vivre.

La rage affluait dans ses yeux. Il n'était pas en colère contre moi, mais la rage était tournée vers ce qu'il pensait me faire du mal.

-Sira, tu te laisses mourir. À ton avis, pourquoi es-tu là ? Qu'est-ce que je suis ?
-Aydem...
-JE SUIS MORT ! Et toi, tu es en vie ! Comment se fait-il que tu sois là avec moi, dans ce monde-là alors que je suis mort, que tu puisses me toucher, que tu puisses me parler alors que tu m'as vu mourir ! Tu n'es pas sensée te trouver là, à moins que tu sois morte.
-C'est sûrement ce qui va m'arriver, c'est pour ça que je suis là, dis-je simplement sans émotions.
-Si tu devais mourir maintenant, je le saurais, dit-il désespérément. Tu vas bien, du moins physiquement. La vérité, chérie, c'est que tu refuses de te réveiller.
-Oh parce que maintenant tu crois que je veux laisser mes parents, Joy et Xander seuls. Que je veux leur faire du mal. Qu'ils se sentent coupables d'avoir quelqu'un de leur entourage mort.
-QUOI ? Tu penses qu'ils souffriraient parce qu'ils ne veulent pas avoir quelqu'un qu'ils connaissent de mort ?! Qu'est-ce qu'on t'a fait pour que tu sois si aveugle et que tu te détestes à ce point ? TU es leur RAISON DE VIVRE ! Ils t'aiment d'un amour sans limite, comme moi. Comment tu ne peux pas voir qui tu es ?
-Je n'ai jamais rien compris à tout ça, Aydem, je suis loin d'être quelqu'un d'extraordinaire. J'essaie simplement de vivre la vie qu'on m'a donné.
-Tu as raison, tu n'es pas extraordinaire, tu es quelque chose d'autre, de bien plus grand. Réveilles-toi Sira. Je n'y arriverais pas et ils n'y arriveront pas, si tu ne reviens pas. Ne laisse pas cette plaie ouverte, t'emmener dans les ténèbres, alors que tu es la lumière qui peut guérir tous les maux.
-De quoi tu parles ?
-S'il te plaît, je n'ai plus beaucoup de temps. Décide de te réveiller, car tu es toi Sira et je t'aime plus que tu ne pourrais jamais l'imaginer. Et ensuite parce que tu as une destinée que personne n'a jamais encore connu. Décide avant qu'il ne soit trop tard.

Ses lèvres se déposèrent sur mon front et il déposa un baiser long et doux.

Mes yeux s'ouvrèrent sur un plafond d'hôpital, d'un blanc immaculé.

21 jours plus tard ...

Je connaissais cette odeur. L'hôpital. Je sentis une brûlure dans ma gorge, j'étais incapable d'émettre d'autres sons, que des gémissements. Le tuyau qui traversait ma gorge et qui l'enflammait m'empêchait de parler. La résonnance qui tintait dans ma tête venait de l'appareil qui contrôlait les battements de mon cœur. J'étais désorientée. J'avais des souvenirs de ce qui s'était passé, mais ils étaient corroborés par un voile noir. Une partie était claire, l'autre floue. Autour de moi, il y avait toutes ces machines que je ne connaissais pas. J'avais une idée du pourquoi j'étais entourée d'autant d'appareils. Ils essayaient sûrement de comprendre ce qui m'était arrivé et de trouver le moyen de me réveiller.
La fatigue intense que je ressentais pris le contrôle sur mes paupières et elles se fermèrent. Je m'assoupis.

Des voix familières me tirèrent de mon sommeil, c'était celles de mes parents. J'ouvris les yeux. Mes yeux mirent du temps à effacer le voile flou pour enfin les voir distinctement. Je vis son visage en premier. Cette image d'elle me restera gravée. Ma mère était quelqu'un d'assez grand, 1 mètre 70 environ, avec les cheveux bruns foncés et les yeux couleur chocolat. Elle était belle, gracieuse et avec un sourire enjôleur. Elle avait 48 ans, pleine de vie et paraissait plus jeune que son âge.

Le visage que je vis aujourd'hui n'était pas celui de la mère que je connaissais au quotidien, ce visage strié par la douleur était le sien quand la souffrance l'engloutissait de l'intérieur. Je le voyais rarement, car je savais qu'elle essayait de me le cacher, car elle voulait me protéger. Parfois c'était hors de son contrôle et je l'apercevais. Quand elle voyait que je souffrais toujours, quand Aydem est mort. Mais ce visage-là était différent, il était plus intense.
Elle avait également beaucoup maigri. Jody Greenfields était une bonne vivante, elle aimait beaucoup la nourriture, surtout le sucre, elle avait ce point en commun avec Joy. Elle était mince, elle faisait un bon 38. Elle avait perdue du poids, peut-être 5 ou 7 kilos. Ses yeux étaient rouges et gonflés, sa peau était extrêmement marquée, ses cheveux n'étaient pas coiffés, elle ne portait pas de maquillage, sa mâchoire tendue. Quand je revins vers son regard, il était vide, absent et tourné vers le plafond.

Mon père, lui, son regard était fixé vers ses imposantes mains. Ils les regardaient avec une haine profonde comme si elles étaient la cause de sa souffrance, elles étaient inutiles pour le délivrer. Lui-aussi avait la mâchoire serrée, des larmes roulaient sur ses joues contrairement à ma mère qui ne pleurait pas. Je la regardai à nouveau, c'est comme si elle se noyait, qu'elle cherchait l'air qui n'existait plus. Leur souffrance était palpable et envahissante. J'essayai de parler, de hurler même, pour qu'ils voient que j'étais réveillée, que je n'étais pas encore morte. Ni mes membres, ni ma voix, ne voulurent coopérer. Le temps qui passait en me voyant sur ce lit d'hôpital creusait des cicatrices qui ne se refermeraient peut-être jamais. On dit que le temps guérit tout, mais personne n'a penser que le temps pouvait blesser à jamais.

Je me concentrai sur ma main en essayant de faire bouger un doigt pour qu'ils réagissent. Cela ne fonctionna pas.
Et soudainement je me souvins du rêve où Aydem était là. Pas dans les rêves où je le vois quotidiennement, celui-ci paraissait bien réel comparé aux autres. Il avait dit : « Décide de te réveiller ».
Je fermai les yeux, cela me paraissait ridicule, mais il fallait que je le tente. Mes yeux fermés, je m'imaginais en train de pousser un cri. J'ouvris les yeux à nouveau et un gémissement au son infime jaillit de ma bouche et mes parents sortirent de leur torpeur. Ils bondirent tous les deux auprès de moi.

-SIRA ?! hurlèrent-ils.
-Oui, dis-je avec une voix quasi inexistante.
-Mon bébé, tu es là, tu es là ... Sanglota ma mère.
-Tu es là, réitéra mon père... je n'arrive pas y croire, c'est un miracle.

Lui aussi sanglotait. Ils étaient complètement effrayants tous les deux. Ils avaient des poches et des cernes violettes foncées, leurs yeux étaient injectés de sang. Leurs teints hâlés avaient laissé places à des teints grisâtre et leurs visages étaient marqués par l'épuisement.


Hey ! Je voulais juste vous dire que vous êtes tellement important dans l'histoire de Wyatt et Sira ! Merci mille fois !

Aimez-vous.

Victoria.

Open Wound Où les histoires vivent. Découvrez maintenant