Ryan Carter - Cacher nos sentiments [EN PAUSE]

Chapitre 5~

Lui faire confiance ?! Comment peut-il être aussi confiant, aussi sûr de lui ?! Je l'avoue, j'ai bâclé ce dossier.

Même s'il me rassurait avec ses mots, avec son tendre sourire, avec sa main bienveillante... Je stresse. Parce que ce n'est pas tellement le fait que j'ai bâclé ce dossier, mais parce que j'ai peur de la sentence de Gabriel. De cette épée de Damoclès qui peut tomber sur moi à n'importe quel moment. Je l'ai dit, je pense qu'il n'a pas toujours digéré mon râteau.

(Un tel gentleman n'agirait pas comme cela... Si?)

Les minutes passent mais il me semble que ça fait une éternité qu'il lit ce fichu rapport ! J'ai fini par aggriper la main de Matt sous la table, tellement j'ai peur.

Et finalement... Il pose le rapport, nous regarde et croise ses mains.

Gabriel : "Bien joué."

Rien que ces deux mots, et je me sens libérée du poids qui me pesait aux épaules. Je peux enfin souffler. Matt me fixe avec un regard triomphant qui semble dire "je te l'avais bien dit". C'est ma faute, j'aurais du lui faire confiance. Il ne peut pas rester sérieux quelques minutes c'est pourquoi j'ai fini par douter de lui. J'ai eu tort. Matt est quelqu'un sur qui on peut réellement compter.

Gabriel : " Je dois vous avouer que si vous aviez échoué, vous auriez payé les conséquences. "
Samantha : "Pardon ?!"

(Je n'ai pas pu m'en empêcher.)

Gabriel : "C'est l'objet de cette réunion. Voyez-vous ce dossier... n'est pas n'importe quel dossier."
Matt : "Vous pouvez développer ?"
Gabriel : "J'y viens, Monsieur Ortega. Patientez un peu."

Il ouvre le classeur juste en face de lui.

Gabriel : "En ce moment, Carter Corp travaille sur un gros investissement avec une société à Dubaï. Ce dossier fait partie du plan. C'est un pion qui permet au mécanisme du projet d'avancer. Et je peux vous assurer que le moindre faux pas peut nous coûter très cher."

Je déglutis intérieurement.

(Mince, si Matt n'était pas là, qu'adviendrait-il de moi ?)

Gabriel : "Je suis heureux de voir que tout s'est passé sans accroc. J'ai eu raison de vous faire confiance. Quoiqu'il en soit, votre travail n'est pas fini."

(Encore ?!)

Gabriel : "Dans deux semaines se tiendra un grand gala où les partenaires de Carter Corp seront présents, ainsi que de potentiels nouveaux investisseurs. Vous êtes conviés à y aller."
Samantha et Matt : "Nous ?"

Exactement en même temps. Gabriel nous fait un demi-sourire.

Gabriel : "Oui, vous. Vous avez participé, il me semble. Seulement, je vous prierai de bien vous tenir. Il s'agit d'une soirée jet-set et je vous préviens d'avance que Monsieur Carter fera un discours pour l'occasion."

J'en reste bouche bée. Carter ? Ryan Carter ? Le président de la firme en personne va venir ? Ça c'est une occasion en or, immanquable, sous aucun prétexte !

(Je ne sais pas si je dois me sentir excitée et honorée ou stressée et apeurée...)

Mon regard va de Gabriel à Matt. Je remarque que ce dernier est plutôt mal à l'aise, pourquoi ?

Gabriel : "Je crois que nous en avons terminé. Continuez sur votre lancée, je suis sûr que Carter en sera satisfait. Sur ce, je clos cette réunion, retournez à vos postes."

(Gabriel et les ordres, liés comme deux doigts de la main.)

Pendant que l'ascenseur fait le trajet inverse jusqu'à notre étage, je questionne Matt sur ce qui s'est passé récemment. L'idée de venir au gala ne semble pas le réjouir. Je trouve également qu'il se passe bien des choses dans cet ascenseur, pour un lundi. Mais ça, c'est juste moi et mes superstitions débiles.

Samantha : "Qu'est-ce qui ne va pas, Matt ? Tu es tout raplapla."
Matt : "Tu serais prête à me réconforter ? Avec pleins de câlins et de bisous ?"

Je lève les yeux au ciel. Je me suis faite des idées ? Il va bien. Sauf que j'ai ce malaise, je sais qu'il y a un truc.

Samantha : "Matt, je te connais. Ça se lit sur ton visage. Je vois que quelque chose te dérange."

Il soupire.

(Bingo.)

Matt : "T'inquiète, princesse. J'étais juste en train de penser..."
Samantha : "Que ?"
Matt : "Cette fête, c'est pas pour moi. Ce n'est pas mon monde. Gabriel veut qu'on soit sur notre trente-et-un, je n'ai aucun ensemble ou costard sur moi. J'ai ma vieille veste et c'est tout. Je crois... Je crois que je vais décliner son invitation."
Samantha : "Ne fais pas ça ! Allez, viens, tu l'as mérité ! C'est grâce à toi si le travail est un succès ! Tu crois que je suis habituée à ce genre de soirée ? Loin de là. La seule soirée <<classe>> à laquelle j'ai assisté, c'est ma sortie de promo. Et crois-moi, le punch est assez coupable."

Je souris en y repensant. Une fête organisée par les élèves dans le gymnase miteux. On a décoré avec des cotillons en papier maladroitement découpés mais personne ne voyait la différence. On passait des chansons à la mode de ce temps-là, tout le monde s'amusait. À l'heure du slow, c'était au tour du groupe de musique du lycée de monter sur scène. La surveillante venait vers les élèves uns à uns leur disant d'arrêter de se coller tels du caramel. C'était encore le bon vieux temps, oui... Juste avant... Cet incident.

Je sors de mes pensées quand Matt m'interpelle.

Matt : "Princesse, je te parle."
Samantha : "Ah pardon Matt ! Tu disais ?"
Matt : "Tu étais passée où ma parole ? Je disais : il faudrait que tu me récompenses. C'est bien moi qui a sauvé tes petites fesses hein !"

Je rigole face à cette soudaine déclaration.

Samantha : "Déjà de un, elles ne sont pas petites, elles sont normales. De deux, qu'est-ce que tu veux ?"
Matt : "Huhuhu..."

Je connais ce rire, je connais ce regard, je connais Matt. Il va me sortir un truc louche à nouveau.

C'est alors qu'il s'éloigne de moi de quelques pas, me fait face et s'incline devant moi pour une révérence tout en me tendant sa main.

Matt : "Me feriez-vous l'honneur de m'accompagner à ce, ô combien gala barbant, gente demoiselle ?"

Je ris aux éclats, serrant mon ventre tellement Matt était ridicule. Ça me fait plaisir qu'il vienne finalement. Au moins avec lui, je n'ai pas le temps de m'ennuyer.

Je décide de le suivre dans son jeu. Je prends sa main et fais une révérence à mon tour. Sous une voix aristocratiquement fausse, je lui réponds.

Samantha : "Avec plaisir, mon cher."