Chapitre 48 : L'échappatoire

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Kou l'amena aux cellules. Anju tenait à peine debout et Ayato s'inquiéta aussitôt de la voir ainsi.

« T'en fais pas, il lui a rien fait. C'est l'épuisement et la faim. »

Kou ouvrit la porte des cellules et l'amant récupéra sa compagne.

Raito s'avança derrière Ayato et regarda autour de lui. Une lueur d'inquiétude dansait dans ses yeux.

« On se barre. On n'est pas à Eden ici. »

Tous se tournèrent vers le rouquin au fedora.

« Pardon ? Mais nous sommes bien au château de Karlheinz ! Kou commença à crier.

- Ce n'est pas notre père, et ce ne sont pas les cellules d'Eden. Croyez-moi, je sais de quoi je parle, rajouta Raito d'un air sombre.

- Alors... chez qui est-on ? »

Le silence engloba l'assemblée. Puis, sans ajouter un mot, Ayato sortit en portant Anju dans ses bras.

« Où est Yuma ? »

Ruki regarda autour de lui, espérant trouver son frère.

« Il est encore dans la salle de torture sûrement... »

Kou posa une de ses mains devant sa bouche comme pour retenir un haut-le-cœur. Ruki sortit alors sans rien ajouter, suivant le passage d'Ayato.

Un à un, les vampires suivirent, laissant Raito pensif un court instant. Il regardait la cellule et un sourire triste lui étira les lèvres.

« Eh, il n'y a rien qui me rappelle ce souvenir ici. »

Laissant sa main courir le long des barreaux, il finit par rejoindre les autres.

Ruki était déjà arrivé à la salle de torture et ouvrit la porte en la claquant. Cela eut pour effet de réveiller de la somnolence dangereuse Yuma, encore dans la même position depuis le passage d'Anju et Kou. Celui-ci d'ailleurs tentait désespérément de fuir ce qu'il voyait en face, et sûrement aussi ce dont il se souvenait.

L'ainé des Mukami décrocha le grand vampire et claqua la langue en voyant les blessures de son frère. Il demanda l'aide de Subaru pour soutenir Yuma. Mais les Sakamaki s'étaient rassemblés autour de la dépouille de Shu, dont le cœur était arraché et la tête tranchée. Il était définitivement mort.

Reiji s'occupa avec Raito de porter le cadavre de leur frère. L'ambiance était lourde et l'air silencieux n'en était pas moins pressant. Tous se hâtaient à partir car nul ne savait où était l'imposteur de ces lieux.

Ils ne savaient pas même où ils étaient.

Ayato toujours en tête, la troupe chargée et boiteuse avança dans les dédales qui, à mesure qu'ils passaient près des portraits, semblaient bouger et s'animer.

Kanato prévint même les autres qu'il avait aperçu des silhouettes bouger sur les murs.
Azusa confirma cette impression quelques secondes après en jurant avoir vu les cheveux de Raito courir dans les portraits.

Mais c'est alors qu'ils se trouvèrent face à la porte principale, dans le hall du château. Alors qu'Ayato se dépêchait d'ouvrir la porte sans plus de cérémonie, ils entendirent applaudir derrière eux.

Reiji se tourna et vit celui qui se faisait passer pour leur père s'avancer vers eux.

« Vous êtes déjà arrivés jusqu'ici ? Je suis plutôt impressionné. Voyez-vous, je suis particulièrement attaché à cette pièce. Ce hall est large, vide, parfait pour défier quiconque s'opposerait à nous. Mais, je suis aussi très nostalgique lorsque je suis là. Le froid du carrelage, l'écho qui nous entoure, c'est un triste lieu dénué d'émotions et pourtant si chargé en histoire. J'imagine avec désolation ce que ma tendre fille a pu ressentir au moment de mourir. Vous avez déjà dû le comprendre, je ne suis pas Karlheinz. Mais je vous pose donc la question : qui suis-je selon vous ? »

Ruki entrouvrit alors la bouche, comme frappé par cette tirade, et jeta un œil à ses frères.
De leur côté, les Sakamaki n'étaient pas spécialement près de trouver la réponse, hormis peut être Ayato qui portait ce même air étrange que les Mukami.

Ils avaient compris où ils étaient et ce que cette personne leur voulait.

Ils étaient aux Enfers et Hadès, le père de Rhin, se tenait devant eux.

Mais quand tous étaient surmontés par l'inquiétude et la peur, Anju était bercée dans un état léthargique et un sommeil sans repos.

Elle était face au vide, du moins c'était ainsi qu'elle le percevait. Un tintement de clé lui parvint, puis une silhouette blanche lui apparut.

« Bienvenue parmi nous, ou plutôt, heureuse de te revoir parmi nous Anju. »

La voix chantante et claire lui parut étrangement familière, et avant même d'y réfléchir, les mots lui échappèrent.

« Aiko, gardienne des clés, cela faisait effectivement de nombreuses années. »

Sans voir le visage de la silhouette, Anju détecta un sourire qui fondit pourtant rapidement.

« Tu n'as pas fini d'expier tes fautes. On t'a retiré une partie de tes souvenirs et mise dans des situations à rudes épreuves. Tu dois encore trouver ton propre chemin sur Terre. Comme tous les humains.

- Je n'avais pas besoin de me l'entendre dire, mais je ne vis pas comme une humaine et ce ne sera jamais le cas. De plus, j'ai perdu tous les attributs faisant de moi un ange. Je suis devenue un vampire après avoir ramené une amie à la vie.

- Si ce que tu dis es vrai, que fais-tu ici ma tendre Anju ? Réveille-toi, Gabriel serait furieux s'il te trouvait ici. Réveille-toi et aide tes amis. Mais n'oublie pas que les pouvoirs sont entre tes mains et que toute personne est dotée de libre arbitre. Nous n'interfèrerons plus avec toi car comme tu l'as dit, tu n'es plus un ange. »

La silhouette commença alors à disparaître, laissant une plume d'un blanc nacré derrière elle et le tintement des clés entendu à son arrivée.

Anju était restée sceptique mais étrangement apaisée par cette apparition. C'était désormais confirmé, elle n'était plus une déchue, mais bien un vampire.

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Where stories live. Discover now