Chapitre 25: Ai-je le droit au bonheur ?

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Rhin n'allait vraiment pas bien. Ses traits tirés, cette âme peinée, non décidément elle n'avait jamais été aussi mal. Chaque fois qu'elle essayait de respirer, elle sentait ce nœud douloureux dans sa gorge, et serrait toujours un peu plus les dents.

N'y tenant plus, elle décida de prendre l'air dans le jardin de ses anciens- ou actuels ? Elle n'en savait plus rien à vrai dire- ennemis. Ses pas la guidèrent entre les allées fleuries, la senteur des différentes variétés de roses l'accompagnant.

Rhin avait une préférence pour les roses blanches. Peut-être la Mme Hardy et son odeur de citronnelle ? Ses doux pétales ? Ou la Midsummer Snow et sa résistance reconnue ?

Perdue dans ses pensées un peu plus légères que ces dernières heures, Rhin se dirigea vers les fleurs parées de blanc. Elle distingua face à elle une silhouette, et reconnut alors Subaru. Le cadet de la famille Sakamaki tourna la tête vers elle, avec une expression signifiant tout à fait « que fais-tu ici ? » sans que les mots ne sortent de sa bouche.

Rhin remit par habitude son masque d'insolence et s'approcha bien rapidement du tsundere.

« Avant que tu ne me poses toi-même la question, qu'est ce que tu fais ici la tête blanche ? »

Subaru la dévisagea d'un œil exaspéré, irrité d'être ainsi dérangé.

« Je m'occupais des roses avant que t'arrives. Qu'est-ce que tu me veux ? »

Rhin observa Subaru attentivement, cherchant une excuse acceptable sans trahir ses pensées négatives dont Subaru se ficherait sûrement, mais elle n'en trouva pas.

« J'avais besoin de prendre l'air et je t'ai croisé c'est tout. T'as l'air tout aussi crevé que moi toi. »

Loin de la crise de nerfs à laquelle s'attendait Rhin, Subaru lâcha un soupir.

« T'es vraiment une tête brûlée pour venir me déranger juste pour me dire ça. Et ouais, je suis crevé, je dors pas.

- T'es insomniaque ?

- On va dire ça. »

Un échange banal, mais qui ne l'était pas tant que ça pour le vampire aux yeux rouges, grand habitué de la solitude.

Les deux créatures tourmentées discutèrent, ou du moins échangèrent quelques phrases, entrecoupés par le silence. Subaru râlait sur son incapacité à s'entendre avec Kou, bien trop extraverti à son goût, Rhin évoqua les étranges tensions entre Shuu, Reiji et Yuma. Ce n'était pas forcé, ni même gênant, c'était naturel et d'une complicité inexplicable.

Pendant ces instants de paix, ils mirent de côté les incertitudes, les peurs, Ayato, Ruki, Anju ; ils mirent de côté leurs différends, ils ne restaient qu'eux.

C'était une paix, frêle, incertaine, mais une trêve qui se profilait sous le drapeau de sentiments confus.

Soudain une question fugace traversa l'esprit de Rhin, qui, gênée, la refoula aussitôt.

« Est-ce que moi aussi j'ai le droit à l'amour ? »

Toute sa vie, Rhin l'avait passée dans la colère. Une colère sourde, froide, effrayante et inexpliquée. Certes, son père n'était pas le plus mauvais, mais il restait un père peu présent, et elle n'avait eu personne à qui se confier.

Par la suite, elle avait eu l'opportunité de protéger des gens qu'elle chérissait, mais aujourd'hui elle se retrouvait incapable de constater sa propre faiblesse et avait failli à protéger ceux qu'elle considérait comme des frères.

Alors la colère l'avait reprise.

Toutes ses frustrations, elle les déplaçait dans une direction, et mettait tout son cœur à détester ce qu'elle visait. Cela avait été le cas pour les vampires au sang pur, plus précisément les Sakamaki, et cela avait été le cas pour Anju.

Pourtant, maintenant qu'Anju avait disparu, et qu'elle apprenait à en découvrir un peu plus sur les princes vampires, elle comprenait que sa colère n'était pas justifiée, et ne savait plus comment gérer ses émotions.

« Père, ai-je moi aussi le droit d'être heureuse ? »

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Where stories live. Discover now