Chapitre 14 : Eve et Adam

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Le réveil fut douloureux. Mon corps était vraiment à bout. Un mal de tête me prit alors que j'ouvris péniblement les yeux, mes membres étaient lourds, ma gorge sèche et ma bouche pâteuse.

Pourtant, la lumière qui semblait s'être présentée plus tôt à moi comme mon unique espoir, me força à me lever, quitte à retomber aussitôt en tenant mon cou. Je me relevai, plus doucement cette fois, et m'appuyai sur tout ce qui tombait sous ma main.

Alignant un pas après l'autre, je parvins à avancer jusqu'à la porte de la chambre.

Après une profonde respiration pour tenter de concentrer mes forces, je prolongeai ma marche difficile en longeant les murs pour éviter de basculer vers le sol duquel ma tête semblait inexorablement vouloir s'approcher.

Sans savoir depuis combien de temps je marchais ainsi, j'arrivai près du salon d'où j'entendis des voix s'élever.

« Toujours aucun résultat... Je reconnus la voix de Ruki, suivie d'un long soupir.
- Eve n'est toujours pas éveillée... On ne peut rien faire de plus... Tu finirais par la tuer...
La lenteur du débit de parole me fit comprendre que c'était Azusa qui parlait.
- Il s'impatiente ! On n'a pas le choix, vous le savez !
- Calme toi Ruki, je suis d'accord avec Azusa-kun, on ne peut rien faire de plus... Rends toi à l'évidence...
Kou parlait d'une voix calme et suppliante, je ne l'avais jamais entendu parler comme ça, il était contrit.
- Et si... on ne pouvait pas être Adam ? »

L'hypothèse de Yuma jeta un froid.

On ne m'avait pas expliqué pourquoi on m'appelait Eve, mais de ce que je comprenais, Eve et Adam, le couple originel, avait ici une signification bien spéciale, en relation avec mon sang.

A nouveau ils parlaient de quelqu'un sans le nommer, ce « il » qui semblait effrayer Ruki, ou pour lequel il était dévoué corps et âme pour se sentir dans un pareil désespoir.

Ils parlaient « d'éveil » également, ce que je ne saisissais pas non plus. D'éveil à quoi ?

Ne cherchant pas à surmener mon cerveau qui peinait déjà à faire appliquer à mon corps les fonctions moteurs, je poursuivis mon chemin à la recherche de la sortie.
Je me doutais qu'ils allaient me trouver avant que je ne puisse m'échapper, mais c'était encore le désespoir qui me faisait agir, et je n'étais pas en mesure de réfléchir à un plan digne des plus grands savants.

Mes jambes me lâchèrent alors que j'ouvrai la porte extérieure. L'air pur porté par le vent me fit l'effet d'une claque. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas respiré le parfum de la nature, ou goûté à la fraicheur de l'hiver. Je fermai les yeux un instant, laissant mon corps se reposer quelques temps.

La conversation des frères Mukami me revint en tête.

Adam et Eve, le fruit défendu... Qui serait le serpent ? Qui serait Adam ? Que serait la pomme ?

Alors que mon esprit divaguait vers le sommeil, j'eus la vision d'un manège géant. J'étais assise au pied d'un pommier au centre de ce manège, une pomme rouge entre les mains. En haut, des fresques coloraient l'ensemble et tournaient avec le manège. L'arbre était sur un petit ilot d'herbe.

L'espace d'un instant, je me suis crue au paradis. Une voix me chuchota quelque chose mais je ne parvins pas à entendre ce qu'elle disait.

Puis Morphée m'accueillit dans ses bras.

Je me réveillai dans le lit qui m'étais attribuée. Le temps de reprendre mes esprits, je m'aperçus d'une présence à côté de moi.

« Ohayo, M neko-chan ! »

Kou me souriait, assis sur le bord de mon lit, comme s'il me veillait.

« Tu nous as fait peur hier tu sais ! On t'a cherchée, puis quand on t'a trouvée tu étais inconsciente ! »

Je ne lui répondis rien et me contentai de le regarder dans l'œil qui n'était pas caché par sa mèche.

Il enleva son sourire et me regarda.

« On est inquiet pour Rhin, et pour toi aussi. C'est dur de gérer et Ruki est dans tous ses états depuis que tu es là. La pression est très importante pour lui en tant que chef de famille. J'aimerai ... Non laisse tomber. »

Par fierté il me semblait, Kou s'était ravisé alors qu'il était vraisemblablement en train de s'excuser.

Etonnée, je ne fis néanmoins pas le moindre geste et n'affichai pas la moindre émotion.

Kou évita alors mon regard et se leva.

« Si t'as la force de te lever, on va manger, rejoins-nous. »

Sans un mot de plus, il sortit de la chambre.

Je tentai alors de me lever pour aller me passer de l'eau sur le visage. Mon corps semblait reprendre des forces, je n'avais pas été mordue depuis quelques jours à présent.

J'allai ensuite jusqu'à la salle à manger, tenter d'avaler quelque chose. Le silence régnait à table, alors que d'habitude j'entendais quelques effusions joyeuses. Enfin, c'était le cas lorsque Rhin était ici. Elle semblait avoir embarqué leur bonne humeur.

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang